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Article Historique

Melbourne 2003 : le parfait remède à la saison 2002

Formule 1 - Il y a 3 mois - 5 min de lecture - Par Matthieu Mastalerz

Le 9 mars 2003 eut lieu le Grand Prix d'Australie à Melbourne. Le coup d'envoi d'une saison censée renouveler l'intérêt de la discipline, après une année 2002 déprimante à différents points de vue.

La domination écrasante de Ferrari et Michael Schumacher poussa les autorités à revoir en profondeur le règlement sportif, ceci afin de redistribuer les cartes d'un jeu trop souvent gagné d'avance.

Mises aux points

Entre autres, le barème de points récompensant jusqu'alors six pilotes s'élargit à huit, avec un écart moindre séparant le vainqueur de son poursuivant direct. Les consignes d'équipe ayant terni l'image de la Scuderia en Autriche devinrent interdites, officiellement du moins. Aussi, le format des qualifications fut bouleversé avec un seul tour lancé admis, à tour de rôle sur deux séances séparées, la première déterminant l'ordre de passage de la seconde. Le Sprint d'aujourd'hui n'a rien inventé.

La photo officielle de la saison F1 de 2023

© Scuderia Ferrari / Melbourne 2003

Cependant, le samedi soir, la résignation était de mise dans le paddock. Tous ces changements aboutirent au sempiternel résultat constaté en 2002, à savoir les Ferrari en tête de file, le champion en titre Schumacher devant son lieutenant Rubens Barrichello. Pire encore : la Scuderia n'avait pas encore dévoilé sa monoplace de 2003 et continuait d'aligner le modèle de 2002.

Les changements de hiérarchie touchèrent plutôt la suite du classement, avec les Sauber-Petronas de Heinz-Harald Frentzen et Nick Heidfeld quatrième et septième, et les BAR-Honda de Jacques Villeneuve et Jenson Button sixième et huitième. Des résultats qui furent pris avec les pincettes d'usage en raison d'une autre règle, moins saluée : les pilotes devaient embarquer l'essence prévue pour leur premier relais de course. Ce qui diminuait l'impact du résultat puisque dépendant en partie du poids de chaque monoplace, selon la stratégie opérée par chaque équipe.

Ainsi nous retrouvions des Sauber et BAR, deux équipes du midfield, en lieu et place des McLaren, piètres onzième et quinzième. Kimi Räikkönen illustra malgré lui l'intérêt du tour unique lorsqu'une sortie large lui coûta un temps précieux et une bonne position sur la grille. A noter que McLaren avait engagé comme Ferrari un modèle 2002 amélioré, préparant une monoplace révolutionnaire pour la suite de la saison. Une monoplace qui ne fut jamais alignée en course...

Enfin les Minardi, habituées du fond de classement, ne dérogèrent pas à leur tradition, mais pas de la manière escomptée. En effet les deux monoplaces noires ne bouclèrent pas leur tour chronométré, à dessein : le règlement stipulait une interdiction de modifier les monoplaces entre le samedi et le dimanche, celles-ci étant garées dans le fameux « parc fermé ».

Mais ce même règlement autorisait ces changements en cas d'absence de chrono. Les Minardi exploitèrent donc cette faille, considérant que leurs performances aboutiraient au même résultat après avoir à peine tourné durant l'hiver. La FIA corrigera cette erreur dès l'épreuve suivante.

Après la pluie... la belle course

Dimanche, un autre élément vint bouleverser les stratégies bien établies et les pronostiques d'usage : la météo. Il plut toute la matinée sur l'Albert Park et la piste à l'heure du départ ne donnait lieu à aucun consensus quant à la gomme à choisir.

C'était l'époque de l'opposition pneumatique, où Michelin pouvait se confronter à Bridgestone, d'où de fortes disparités de performances selon les conditions. Une course animée était donc envisageable. La majorité des équipes en Michelin comme Williams ou Toyota tentèrent le pari des secs, là où le clan Bridgestone incluant BAR ou Sauber privilégia les pneus pluie.

Les deux Ferrari s'échappent en tête lors des premiers tours du GP d'Australie 2003

© Scuderia Ferrari / Melbourne 2003

En tête, les Ferrari optèrent également pour cette gomme et bien leur en prit dans un premier temps : sept secondes d'avance au bout du premier tour, onze à la fin du deuxième ! Mais l'enthousiasme fut de courte durée, la piste sécha plus vite qu'escompté et leur avantage fondit tout aussi rapidement. De plus Barrichello avait visiblement anticipé le départ.

Il eut à peine le temps d'être notifié d'une pénalité que le Brésilien sortit de la piste ! Il admettra plus tard avoir été fortement gêné par le HANS, le système de protection du cou nouvellement adopté par la Formule 1. Celui-ci nécessita encore l'un ou l'autre ajustement avant d'être pleinement intégré à son sport.

Les arrêts aux stands pour chausser les gommes sèches commencèrent à l'entame du troisième tour avec David Coulthard. Son équipier Räikkönen avait fait le switch à la fin de son tour de formation, l'obligeant à partir des stands. Dans le peloton, Juan-Pablo Montoya déborda les Sauber et devint la principale menace de Ferrari. Les Renault, bien équipées depuis le départ, firent de même avec les BAR.

Les deux équipes ralenties durent stopper prématurément, perdant ainsi un temps précieux. Idem pour le leader Schumacher, sauf que dans le cas de l'Allemand, une roue arrière-gauche s'avère délicate à serrer, renforçant son handicap.

Une Ferrari aux stands à Melbourne 2003

© Scuderia Ferrari / Melbourne 2003

Une Safety Car peut en cacher une autre

Premier tournant de la course… suivi d’un autre : la voiture de sécurité. Les débutants Ralph Firman (Jordan) et Cristiano Da Matta (Toyota) étaient tous deux sortis de piste sur différents secteurs. Le caractère non permanent de la piste poussait à régulièrement neutraliser l’épreuve en cas d’incident. Si des pilotes comme Olivier Panis (Toyota) en profitèrent pour s’arrêter directement, ce ne fut pas le cas de Fernando Alonso qui effectua son pit-stop deux tours plus tard, le reléguant en fin de classement.

Au restart, on retrouva donc Montoya devant Jarno Trulli et son équipier Ralf Schumacher, tous trois chaussés de slicks depuis le départ. La Jaguar de Mark Webber suivit sur la même stratégie, devant Räikkönen, pourtant parti des stands, et Schumacher. Ces deux derniers se débarrassèrent de Webber, désireux de répéter l’exploit de ses débuts douze mois plus tôt. Hélas pour lui, une rupture de suspension arrière-droite ramena Mark à la réalité… et la Safety Car sur la piste. Nouvelle redistribution des cartes.

Ralf Schumacher en tête du GP d'Australie 2002

© BMW AG / BMW.Williams FW25 – Ralf Schumacher en tête du GP d’Australie

Aussitôt, les trois premiers prirent la voie des stands pour leur ravitaillement. Une situation qui tourna au cauchemar pour Ralf Schumacher : il dut patienter derrière Montoya, subit un problème d’écrou de roue qui allongea son pitstop, et partit en tête-à-queue en sortant de la voie des stands ! Ralf repartit dernier, derrière Alonso. Plus tard, il manqua de peu de heurter Nick Heidfeld en perdition, l’Allemand avait lui aussi cassé sa suspension.

Cette fois, c’est McLaren qui se retrouva à son avantage, avec Räikkönen en tête et Coulthard troisième, encadrant le favori Schumacher. Montoya ressortit septième mais pas pour longtemps. Devant lui Panis écopa d’une pénalité pour avoir franchi la ligne blanche de sortie des stands, et sa pression d’essence céda peu après.

Pour BAR ce fut plus gênant : Villeneuve anticipa son arrêt à l’insu de son team et son équipier, ce dernier se retrouvant bloqué derrière le canadien ! Jacques évoqua un problème de radio, mais Jenson suspecta un coup tordu du Canadien, désireux de marquer son territoire.

« Ca n’arrête pas de rebondir, c’est fou ! »

Mais le gros du spectacle provint de la lutte Räikkönen-Schumacher. Déjà connu pour son caractère imperturbable, le Finlandais fit preuve d’un sang-froid remarquable et parvint à contenir le champion du Monde en titre pendant de nombreux tours, notamment après leur ravitaillement respectif. Schumacher tenta l’extérieur au premier virage mais Räikkönen conserva sa ligne et la Ferrari dut mordre dans l’herbe.

Hélas Kimi fut sanctionné à son tour. Non pas pour ne pas avoir laissé assez de place à son rival comme ce serait le cas de nos jours, mais pour un excès de vitesse dans les stands… de 1 km/h. Il fallut attendre encore un Grand Prix pour la première victoire d’Iceman. Nouveau tournant.

Le dernier ravitaillement de Montoya laissa le leadership à Schumacher. Tout ce chamboulement pour une nouvelle victoire Ferrari ? Que nenni ! En raison de ses deux passages au large, Schumacher vit ses déflecteurs latéraux se détacher, la Ferrari trainant ces éléments sur la piste pendant quelques boucles. Le drapeau noir et orange lui fut adressé, signal d’arrêt obligatoire pour raison de sécurité. Et nouveau tournant.

Montoya devançant une Renault au GP d'Australie 2003

© BMW AG / BMW.Williams FW25 – Juan Pablo Montoya

Montoya hérita donc de la tête… avant son tête-à-queue ! Le Colombien perdit l’arrière en sortant du premier virage, et eut le temps de voir Coulthard prendre les devants. Et nouveau tournant ! L’Ecossais qui pointait dernier au troisième tour après son arrêt anticipé et n’effectua presque aucun dépassement se retrouvait leader, devant les trois favoris déchus de cette course. Montoya, Räikkönen et Schumacher étaient même roue dans roue, laissant l’ordre du podium indécis jusqu’au bout.

Cinquante-trois podiums d’affilée !

Au final, Coulthard remporta la première manche de 2003, sa treizième et dernière victoire en carrière. Montoya contint Räikkönen et Schumacher qui finit quatrième. Non seulement ce fut le premier podium 100% Michelin depuis le retour de la marque en 2001, mais ce Top 3 marqua la fin de deux séries records : 53 podiums consécutifs pour Ferrari (soit trois saisons complètes !) et 19 pour Schumacher qui ne l’a pas quitté de toute la saison 2002. Ces distinctions sont encore hors d’atteinte en 2023 : Mercedes et Hamilton se sont arrêtés respectivement à 28 et 16 en 2015.

Renault effectua un bon tir groupé derrière avec la cinquième place de Trulli et la septième d’Alonso qui marquait ses premiers points. Frentzen se classait entre eux et Ralf Schumacher décrocha le point restant. Une superbe course d’ouverture pour une saison qui tint ses promesses, à savoir redonner envie au public de regarder la Formule 1.

Et l’épreuve suivante laissa aussi son emprunte, à sa manière

David Coulthard, vainqueur du GP d'Australie 2003

© McLaren Racing / David Coulthard

Matthieu Mastalerz

Angry Formula One Nerd depuis 1997, je suis captivé par l'histoire de ce sport et j'espère pouvoir partager ma passion avec le plus grand nombre !

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