Une nouvelle affaire pourrait secouer le paddock de la F1 dans les prochains jours concernant le moteur 2019 de la Scuderia Ferrari. La presse italienne évoque de l'espionnage pour justifier la dénonciation dudit moteur.

Rappel des faits : le moteur Ferrari était sous les feux des projecteurs l'an passé car on suspectait l'écurie de contourner le règlement technique, notamment sur le débitmètre du carburant pour obtenir plus de puissance. Si aucune autre écurie n'a déposé de plainte en ce sens, la FIA s'était saisie de l'affaire et avait donné une circulaire pour rappeler les points du règlement technique à ne pas enfreindre. Étonnamment après quoi, la Scuderia Ferrari avait un peu perdu de sa superbe.

De l'espionnage à l'origine de l'affaire Ferrari ?

Le journal La Corriere della Sera dit avoir des informations sur le moteur Ferrari 2019. Le média italien pense qu'il y a eu de l'espionnage dans l'équipe de Maranello, sinon il n'y aurait pas eu suffisamment de preuves pour faire une réclamation. Il est suggéré que les informations concernant l'affaire Ferrari n'ont pas été collectées de manière totalement légale.

La baisse de rythme de la Ferrari constaté pour la fin de la saison 2019 et ce catastrophique début de saison 2020 pour les rouges, pourrait s'expliquer par un concept qui n'aurait pas été au terme de son développement à cause d'éléments non introduits sur la SF1000, car faisant partie de documents volés. Le concept de la SF1000 ne serait pas mauvais... mais plutôt inachevé !

C'est le journaliste italien freelance, Giorgio Terruzzi, qui rapporte ça dans les colonnes de La Corriere della Sera : "Il y a une histoire d'espionnage derrière les problèmes chez Ferrari en ce moment. L'automne dernier, une opération chirurgicale d'espionnage industriel a pris forme, déclenchée par une équipe concurrente avec la complicité de quelqu'un qui connaît les aspects les plus secrets de Ferrari. Peu après la victoire de Charles Leclerc à Monza, la FIA s'est penchée sur le cas de Ferrari sans aucune réclamation formelle d'une autre écurie."

"C'est un technicien de la Fédération internationale (FIA) qui souhaite garder l'anonymat et qui raconte comment l'enquête sur l'instigation de Ferrari a commencé, avec quelques contradictions puisque la manière d'obtenir ces informations était illégale."

La FIA est consciente que toutes les équipes et les motoristes jouent avec les limites du règlement et les zones grises de celui-ci. Si Ferrari n'a pas été sanctionnée l'an passé sur l'utilisation douteuse de son moteur, c'est qu'il n'y avait pas de preuves et que l'exploitation de ces zones grises ne sont pas répréhensibles. Néanmoins, cela a débouché sur un accord secret entre la FIA et la Scuderia Ferrari, de quoi semer le doute sur l'enquête.

Un effet domino à craindre ?

Dans tous les cas, les informations transmises aux techniciens fédéraux ont été utilisées pour imposer un compromis «secret» à Maranello, avec l'élimination conséquente d'une série de développements, jugés irréguliers par ceux qui avaient fourni les informations «volées». Les problèmes aérodynamiques que les rouges subissent maintenant sont le résultat de cet accord.

En pratique, la perte d'une dizaine de chevaux (on a entendu environ 60 ch) qui rendrait inadéquat la conception d'une voiture conçue pour un moteur plus puissant. Ce qui a contraint les techniciens de Maranello à une refonte du concept qui n'allait pas dans leur sens, combiné à l'utilisation d'un moteur, désormais, "légal".

Le contexte de cette histoire montre à quel point il est impossible pour la Fédération de vérifier en profondeur ce qui se passe dans les ateliers. Désormais, il est certain que les blocs Ferrari sont dans la légalité, mais ils pourraient être les seuls.
En effet, il est aussi suspecté que les moteurs Mercedes soient trop puissants et au-delà de la réglementation en vigueur, mais "des preuves sont nécessaires pour déterminer une telle infraction. Et ces preuves ne peuvent émerger que si quelqu'un espionne ou avoue..." explique Giorgio Terruzzi. Le journaliste évoque en parallèle l'autre affaire qui secoue actuellement le paddock, la copie conforme de la Racing Point sur la Mercedes de 2019.

"Nous n'en sommes encore qu'à de simples soupçons, la FIA admettant une certaine superficialité dans les analyses, consciente du malaise que pourrait générer une telle charge de transfert de données, destinée à impliquer également l'équipe championne du monde. D'un autre côté, si le principe devait passer, il y a un risque qu'en 2022 toutes les équipes liées à Mercedes puissent prendre la piste avec des voitures identiques et très rapides. McLaren, Williams, ainsi que Racing Point."

"L'enjeu est la crédibilité de l'ensemble de la F1" poursuit Giorgio Terruzzi. "A présent Ferrari fait face à des difficultés et paye seule les frais de cette histoire (présumée) d'espionnage, mais pour qu'il y ait une "vengeance", il faudrait qu'il y ait une autre taupe" conclut-il !

Si cette affaire d'espionnage s'avère exacte (elle ne serait pas la première en F1 -Stepneygate de 2007-), cela pourrait expliquer l'accord secret entre la FIA et la Scuderia Ferrari. Le moteur 2019 de la Ferrari a été dénoncé par espionnage et s'avérait bien dans l'illégalité, mais la FIA ne pouvant pas clairement révéler au grand jour l'histoire sous-jacente.

GP UNGHERIA F1/2020 - VENERDÌ 17/07/2020
credit: @Scuderia Ferrari Press Office