L'interview a été réalisée juste après la journée d'essais libres. Durant le week-end, Tom Dillmann a fini à la 4e place de la course 1 et à la 6e place de la course 2.

Revenons un peu sur le début de ce week-end. Comment se sont passées ces deux premières séances d'essais libres ?
Bien parce que je n'ai jamais roulé sur ce circuit, sur le grand circuit, avec une monoplace. J'ai fait une course en Porsche seulement sur le petit. En premier séance, j'ai appris le circuit, ça se fait vite. Après on a peaufiné les réglages pour demain. On n’est jamais premier en libres cette année, de toute façon, ça ne compte pas. C'est un peu différent ce week-end parce qu'on roule avec le BlancPain qui est en gomme Pirelli alors la piste évolue différemment des week-ends normaux pour nous. Donc ça va jouer.

Depuis le début de la saison, tu enchaînes les podiums, tu as même raté la victoire à deux reprises à Spa. D'où te vient cette grande forme du moment ? Est-ce que tu te sens bien avec la voiture, avec l'équipe ?
Dès que je suis monté dans la voiture d'AVF aux essais hivernaux, j'étais vite. Je me sens beaucoup mieux dans la voiture, elle est mieux que celle que j'avais l'année dernière. Je pense que si j'avais eu cette voiture l'année dernière j'aurais pu me battre beaucoup plus devant. Je l'ai cette année, ça se passe bien. On a manqué quelques victoires, mais il y a des fois, si tu joues le championnat, tu ne peux pas prendre ce petit risque de plus qui peut te faire gagner. [Egor] Orudzhev fait plusieurs fois 0, une victoire, et 0, il vaut mieux assurer les gros points.

Tu es donc plus dans cette optique ?
Non, on va en qualif pour faire la pole, après si je mène au premier virage et que c'est bon, il ne faut pas faire de boulettes et gagner. Je ne vais pas tenter un dépassement suicide ou être à fond si j'ai de l'aquaplaning et que je risque de me mettre dehors.

Tu as une grande carrière malgré ton jeune âge. Tu as roulé dans beaucoup de séries comme l'EuroCup, la F3, GP2, GP3, Prosche Cup, ADAC GT... D'où te vient cette envie de vouloir tester un peu tout ?
C'est aussi les opportunités que j'ai. Je ne suis pas un pilote qui peut emmener du budget pour rouler donc je roule chaque fois où je peux rouler. Et si l'opportunité est bonne pour moi, pour ma carrière pour arriver à rebondir à chaque fois, je la prends. Par exemple, avec Alpine en LMP2 où ça s'est super bien passé l'année dernière. Ça a un peu sauvé ma saison parce qu'avec Carlin, ça ne marchait pas très fort en 3.5. La première course que j'ai fait en LMP2 on a gagné, après on fait la pole à Bahreïn, donc c'était bien de rentrer en endurance comme ça.

Tu as couru en GP2 et GP3, est-ce que tu sais ce qui aurait pu te manquer, hormis le budget, pour passer en Formule 1 ?
Il faut toujours être au bon endroit au bon moment. Il faut être dans la bonne équipe. Je pense que j'aurais pu rouler dans des équipes comme DAMS en GP2 mais si tu n'as pas le budget tu ne peux pas. Donc j'ai toujours roulé dans des équipes qui avaient un sponsor principal. Avec Russian Time, ça s'est super bien passé mais c'était la première année de l'équipe donc on n’a pas joué le titre. Mais c'est toujours comme ça, si tu as le budget et que tu peux te permettre de choisir l'équipe où tu veux aller, tu peux être au bon endroit au bon moment.

Est-ce que le décès prématuré du fondateur de Russian Time t'a un peu « grillé les ailes » ?
J'étais parti pour faire deux ans avec eux, une année pour apprendre et une année pour gagner. Avec l'équipe on se connait bien. C'est l'équipe Motopark, je fais du coaching pour eux. J'aurais pu faire deux ans dans la même équipe, ce qui ne m'est jamais arrivé dans ma carrière. On aurait pu avoir la continuité et clairement on aurait été, le team et moi, un candidat au titre. C'est sur que c'était un coup dur, mais il y en a eu beaucoup et il y en aura d'autres. Il faut rebondir. Il faut se battre, faire avec ce qu'on a.

Justement, tu es coach pour l'équipe Motopark actuellement en F3, on a pu te voir sur certains des meetings. En quoi consiste ce rôle exactement ?
Au niveau du pilotage, j'ai plus de compétences pour aider les pilotes sur les datas et les vidéos. Après au niveau des courses, j'ai aussi de l'expérience, je sais où il faut, où il ne faut pas doubler, où il faut se mettre au départ, où ne pas se mettre. Des petits détails qui peuvent donner un bon résultat.

Pour 2017, tu as déjà une piste sur ce que tu pourrais faire ?
Non, il faut que je gagne le championnat 3.5 déjà. Mais en sport auto, je pourrais gagner le championnat et ne rien avoir l'année prochaine. Tout est tellement dirigé par le budget, et de plus en plus, que c'est compliqué.

Tu aurais une préférence, monoplace ou endurance ?
J'aimerais bien rester en monoplace mais accéder à l'Indycar sans budget c'est impossible. La SuperFormula au Japon, ça me plairait bien. Ou l'endurance, LMP2, LMP1 pourquoi pas.