L’histoire entre la F1 et les Etats-Unis ne remontent pas à hier. Longtemps, la discipline reine de la monoplace a cherché à s’installer sur le territoire de l’Oncle Sam, cherchant à concurrencer autrefois le CART ou l’IndyCar de nos jours. Mais la F1 n’a jamais réussi à s’imposer, même en posant ses bagages sur le plus mythique des circuits US, à savoir Indianapolis.
Si aujourd’hui la course se fait sur le Circuit of the Americas, surnommé COTA, ce dernier a connu un hiver rude avec de nombreux problèmes financiers (non-paiement des frais d’hébergement de la course, contribution de l’Etat du Texas en baisse…) Assuré d’être présent au calendrier cette saison avec en bonus un show de la star pop-country Taylor Swift, le circuit a dû user de stratagèmes pour se sortir de la crise.
Le 27 juillet 2010, Tavo Hellmund annonce la construction d’un circuit sur un terrain non aménagé de 3,6 kilomètres carré dans le sud du comté de Travis, au Texas. Le projet se veut pharamineux tant par la taille que par le coût. La piste de 5,513 kilomètres et ses aménagements ont coûté une somme comprise entre 160 millions et 210 millions d’euros, la piste seule ayant coûté entre 40 et 60 millions. Mais nous le savons, rien n’est trop beau pour accueillir la F1 aux States.
Comme rien n’est trop beau, l’Etat du Texas s’engage à verser sur les dix premières années où la course de F1 a lieu une subvention de 20 millions d’euros, visant à payer les frais d’hébergement de la course dont le montant avoisine les 30 millions d’euros pour l ‘édition 2015 (le contrat initial était d’environ 22 millions d’euros avec une augmentation proche des 10% par saison). Seulement, cette subvention est conditionnée. L’Etat du Texas se réserve le droit de diminuer cette somme si l’impact économique de la course et les recettes fiscales du COTA sont en deçà des objectifs. Ces données seront mesurées par deux études : une réalisée par une agence de la F1 et une autre commandé par Austin's Circuit Events Local Organizing Committee.
L’édition 2013 du Grand Prix de F1, année du dernier rapport disponible, a généré un impact économique total de 400 millions d’euros. Sur la période octobre 2013 – septembre 2014, l’impact économique total (comprenant la F1, la MotoGP et divers évènements) a été de 716 millions d’euros. Selon ce même rapport, depuis 2011, le circuit a généré un impact économique de 2,25 millions d’euros.
Cependant, l’Etat a décidé en 2015 de ne donner plus que 17,7 millions d’euros au circuit. En cause, un rapport de John Keel qui estime que l’Etat du Texas a surévalué l’impact fiscal des Grands Prix courus de 2012 à 2014 de 17 millions d’euros.
Difficile alors pour le circuit et ses organisateurs d’assumer les frais liés à un tel événement. Même si la vente des billets a permis de faire rentrer plus de 20 millions d’euros dans les caisses du circuit, les autres recettes n’apportent que 3 millions au circuit. Le total des dépenses, hors frais d’hébergement payés à la FOM, représente la somme de 15 millions d’euros. Si on regarde l’équilibre des comptes, on remarque que le circuit perd de l’argent. La perte est aux alentours de 5 millions d’euros. Mais, à cette somme, il faut rajouter les impôts.
En 2013, le circuit du COTA a une valeur de 202 millions d’euros et en 2014, une valeur de 216 millions. L’impôt foncier pour les deux années approche les 11,5 millions d’euros. Seulement, le circuit n’a payé que 4 millions, contestant les 10 autres millions demandés par le Travis County Appraisal District devant la Cour de Justice
L’année passée, il est évalué à 250 millions d’euros. Le montant de l’impôt devrait approcher des 8 millions d’euros.
En février dernier, la juge du District Amy Clark Meacham statue pour un accord entre le circuit et le Travis County Appraisal District. Ce dernier doit réévaluer le circuit et les parcelles alentours à la baisse sur les trois dernières années, ce qui permettrait au COTA de faire une économie de 12 millions d’euros. Ainsi, la valeur du circuit est de 76 millions en 2013, 68 millions en 2014 et 83 millions en 2015 (105 millions si on rajoute les parcelles sous la propriété du COTA).
Si le Circuit des Amériques a réussi à se sauver financièrement grâce à une bataille judiciaire ardue, Il ne peut rien faire contre l’arrivée du Grand Prix du Mexique la saison passée et la situation météorologique connue cette même saison. L’édition 2016 vise à renverser la tendance, notamment avec la présence la veille de la chanteuse américaine Taylor Swift visant à ramener 100 000 nouveaux fans selon les organisateurs, dont le cachet reste inconnu. L’idée de faire un grand show comme peut le faire le SuperBowl à sa mi-temps montre « l’American Touch » que veulent apporter les organisateurs à la F1. Mais cela suffira-t-il à sauver la course pour les années à venir ?