Le Grand Prix du Mexique a lieu sur le tracé Autódromo Hermanos Rodríguez, un circuit déjà considéré comme le Monza de l'Amérique du Sud. C'est une course qui se déroule dans un cadre exceptionnel à Mexico, des destinations de rêve comme en compte beaucoup la Formule 1. Que nous réserve cette course du Mexique où les enjeux pour le titre mondial sont plus que jamais le seul centre d'intérêt.

C'est un accueil chaleureux qui attend le paddock de la F1 ici à Mexico. Entre les Mariachi et les héros de la Lucha Libre (la lutte libre) c'est un décorum absolument magnifique qui s'attele parfaitement à l'objet télévisuel qu'est la Formule 1.

Le tracé se constitue d’une longue ligne droite (départ/arrivée) de 1200m, soit la plus longue du championnat, précédée d’un virage épousant l’ancien ovale à la sortie du stadium. Ainsi, les pilotes les plus rapides atteignent la vitesse vertigineuse de 365 km/h. Autant dire que le freinage est l’un des plus exigeant, mettant à mal les écopes de freins, le refroidissement des éléments mécaniques étant la problématique ici, dû à l’altitude de la ville de México (2400m). Les ouïes des capots moteurs ont été agrandies, ainsi que pour les freins. Le premier secteur est constitué de deux longues lignes droites, faisant la part belles aux vitesses de pointe, le second secteur est une enfilade de virages rapides en appui avec des changements de caps abruptes, la configuration aérodynamique est un équilibre difficile à mettre au point.
Quant au dernier secteur, la petite ligne droite amène les pilotes dans le stadium, pour une portion très lente, avant la dernière courbe qui conditionne la remise en vitesse pour la ligne droite de départ/arrivée.

La configuration de la monoplace est un véritable casse-tête pour les ingénieurs et les pilotes. Le bitume neuf de ce tracé occasionne des problématique de mise en température pour les gommes, particulièrement pour l'adhérence, complexe à trouver ! Le tarmac est glissant, la pression atmosphérique moindre ce qui influe sur l'appui aérodynamique des monoplaces, voilà qui va être intéressant pour les stratégies de course de chacun.

Les Qualifications

L'épreuve du samedi après-midi a une nouvelle fois été survolée par les Mercedes, mais avec un jeu quelque peu chahuté par les Red Bull. Il ne fallait pas jouer les épicuriens, car les hommes de Milton Keynes ont essayé de placer une de leurs monoplaces en première ligne, et ils ont presque réussi leur pari. Si Lewis Hamilton a dominé les débats, il a établi le chronomètre de référence dans sa première tentative en Q3, et ne parviendra pas à l'améliorer, les conditions de piste changeantes l'ont en empêché.

Les Red Bull se sont donc intercalées entre les Mercedes lors de leur première tentative, Nico Rosberg n'a pas effectué un bon tour. Max Verstappen s'est hissé devant Daniel Ricciardo. Les Ferrari sont timides, surtout Sebastian Vettel qui s'est fait surprendre. Lors de la seconde salve de tours rapides, Lewis Hamilton ne parvient pas a améliorer la référence, les Red Bull font mieux de quelques centièmes de secondes, et Nico Rosberg parvient à gagner deux places, et se hisser en première ligne. Les Mercedes s'élanceront avec les gommes Soft, alors que les Red Bull derrière partiront en pneus SuperSoft, plus véloces. Le départ à nouveau sera crucial !

© Formula1.com - grille départ Mexique

© Formula1.com - grille départ Mexique

La course

Au moment de prendre ce départ, les conditions météorologiques devraient être optimales, les risques de pluie étant écartés. L'air ambiant est de 18°C, le tarmac, lui affiche un 46°C, voilà de quoi susciter la vigilance des ingénieurs pour parfaire la stratégie de course.

A l'extinction des feux rouges, 900m de piste se présente devant les pilotes avant le premier virage, déterminant pour la suite de la course. C'est Lewis Hamilton qui réalise un bon envol, suivi de Nico Rosberg et Max Verstappen à l'aspiration de ce dernier. Lewis Hamilton se rate au premier virage, en sur-vitesse il bloque ses roues et coupe le virage et fait un passage dans l'herbe. Derrière c'est Max Verstappen qui s'infiltre à l'intérieur face à Nico Rosberg et tasse ce dernier au contact. Derrière, Estéban Gutiérrez harponne le train arrière de Pascal Wehrlein qui l'envoie dans la Sauber de Marcus Ericsson, le pilote Manor est contrant à l'abandon.

La voiture de sécurité virtuelle est déployée pour un instant, avant que la réelle voiture de sécurité n'entre en piste. Daniel Ricciardo en profite pour effectuer un passage aux stands, il troque ses pneus SuperSoft pour des Medium, un pari sur un seul arrêt certainement.

Le classement au tour 2 : Hamilton, Rosberg, Verstappen, Hülkenberg, Räikkönen, Massa, Vettel, Bottas, Pérez et Sainz pour le top 10.

Le Mexique, qui s'y frotte...

A l'entame du neuvième tour, on observe la tenue des gommes SuperSoft montées sur la Red Bull de Verstappen, sur la Force India de Hülkenberg et les deux Williams. Les Ferrari et les Mercedes disposent de gommes plus dures, les Soft, et normalement plus endurantes.
Lewis Hamilton en tête de la course compte désormais près de trois secondes sur son coéquipier, plus de cinq sur Max Verstappen, la première Ferrari est à dix secondes ! Ce premier relais d'observation déterminera la stratégie à adopter pour la suite de la course, et permet déjà de jauger des forces en présence. Si rien de viendra perturber la marche en avant des Mercedes, tout est à décider pour la dernière place sur le podium.

C'est dans le tour 12 que Max Verstappen rentre aux stands, il se débarrasse de ses gommes SuperSoft avec lesquelles il était en difficulté, il opte pour le même choix que Daniel Ricciardo, les pneus Medium. Le pilote néerlandais ressort en onzième position.
Nico Hülkenberg alors en troisième position rentre aux stands au tour 14, tout comme Felipe Massa, les deux choisissent les pneus Medium, le pilote allemand ressort en dixième place, le Brésilien en douzième.

Le leader de la course rentre aux stands dans le tour 17. Les gommes Medium sont privilégiées, il ressort en quatrième place. On s'attendait à ce que son coéquipier l'imite et protège sa position comme à l'accoutumé, mais il continue le pilote allemand, comme les Ferrari.

Le classement au tour 19 : Rosberg, Räikkönen, Vettel, Hamilton, Pérez, Verstappen, Hülkenberg, Massa et Bottas pour le top 10.

Ferrari et la stratégie du bluff

C'est dans le tour 20 que le leader Nico Rosberg rentre aux stands, accompagné par Kimi Räikkönen et Sergio Pérez pour monter des gommes Medium. Sebastian Vettel prend les commandes de la course, pour un seul tour ou plusieurs, mais le pilote allemand devra rapidement effectuer son passage aux stands.

Dans cet échange des arrêts aux stands, Nico Rosberg n'a perdu que très peu de temps sur Lewis Hamilton, néanmoins le leader du championnat a effectué trois tours de plus avec son premier train de pneus. Pendant ce temps-là, Sebastian Vettel prouve que les pneus Soft pouvaient aller encore plus loin, ving-sept tours de couverts et un rythme de course intéressant, le pilote Ferrari peut-il accéder au podium, voire mieux, viser la victoire ?

Les ingénieurs Ferrari nous rejouent même le coup de bluff de sortir avec les pneus sous les bras, des gommes Medium, avant de se raviser. Sebastian Vettel continue en piste lors de ce tour 30. Les écarts sont stables avec la Ferrari et la Mercedes de Lewis Hamilton.
Enfin, au tour 32, la Ferrari entre aux stands, les pneus Medium sont installés, le pilote allemand ressort en piste derrière Räikkönen en sixième position.

Le classement au tour 33 : Hamilton, Rosberg, Verstappen, Ricciardo, Räikkönen, Vettel, Hülkenberg, Bottas, Massa et Pérez pour le top 10.

La course au podium

Pour Max Verstappen qui n'a que faire de la lutte entre les pilotes Mercedes, il va essayer de se payer le scalp de Nico Rosberg. La Red Bull est à moins d'une seconde et demie derrière la flèche d'argent, son prédécesseur essaie sans doute de conserver son capital de gommes Medium pour la fin de course.

La mi-course sonnée, si aucun incident ne vient perturber cette course, les positions dans les points seront acquises par les deux Mercedes, Red Bull, Ferrari, Force India et les Williams. Presque comme à la parade, seules les Force India prennent les Williams en tenaille, il s'agit également d'une lutte à distance pour le classement constructeurs entre les deux formations.

Il y a une lutte entre Nico Rosberg et Max Verstappen, les deux hommes sont distancés d'une grosse seconde. Le trafic permet de retarder l'échéance de la Mercedes, le pilote allemand ne peut se permettre de risquer gros, il lui faut un maximum de points, sans pour autant se risquer à un abandon. Le leader de la course doit aussi composer avec le trafic, ainsi l'écart entre les Mercedes se stabilise.
Kimi Räikkönen est le premier à s'immobiliser une seconde fois à son stand, il choisit à nouveau les gommes Medium au tour 45, il reprend la piste en septième position. Au tour 50, Max Verstappen est dans la zone de DRS, il peut se rapprocher de la Mercedes de Nico Rosberg. Ce dernier allume les gommes au premier freinage, la Red Bull est proche, il va disposer à nouveau du DRS dans la seconde zone, une Toro Rosso est devant les deux comparses. Max Verstappen tente sa chance, prend l'intérieur, mais se rate au freinage. Les positions sont inchangées. Daniel Ricciardo, lui est rentré aux stands, il a chaussé les pneus Soft, il ressort devant Kimi Räikkönen en cinquième position.

Le classement au tour 52 : Hamilton, Rosberg, Verstappen, Vettel, Ricciardo, Hülkenberg, Räikkönen, Bottas, Massa et Pérez pour le top 10.

Red Bull se brise les ailes

Moins d'une quinzaine de tours pour avoir le dénouement de cette course, les Mercedes sont distancées de sept secondes, le podium semble figé. Seul la Ferrari de Kimi Räikkönen peut espérer récupérer une position face à Nico Hülkenberg, tout dépendra de la bonne tenue des pneus Medium. A dix tours du drapeau à damiers, seuls les dix premiers pilotes sont dans le même tour que le leader.
A noter la bonne prestation de Marcus Ericsson sur la Sauber qui est en onzième position et treize secondes devant Jenson Button. Le pilote suédois réalise une course de choix à quelques semaines de pouvoir signer un contrat dans une écurie, la sienne, ou ailleurs si une opportunité se présente.

Le podium final pourrait être différent de celui qui semblait figé, car Sebastian Vettel dispose d'un meilleur rythme de course que Max Verstappen, l'écart fond tour après tour ! Au tour 64, la Ferrari n'est plus qu'à une seconde et demie de la Red Bull, le pilote néerlandais va devoir défendre sa position.
Un autre se mêle à la lutte à distance, Daniel Ricciardo est à moins de trois secondes, avec un écart qui diminue à chaque passage sur la ligne de chronométrage ! Il est encore indécis ce podium !

A l'entamer du tour 68, Sebastian Vettel est proche de Max Verstappen, qui rate son freinage, passe par l'herbe au premier virage. Il conserve l'avantage et ne rend pas la place à Sebastian Vettel. Le pilote néerlandais a gagné un avantage en coupant à travers le virage. Son staff lui urge rapidement à la radio de rendre la place au pilote allemand, mais ce dernier n'obtempère pas !

Une Red Bull prend le large, une seconde se trouve menace pour la Ferrari de Sebastian Vettel. Le pilote australien active par deux fois son DRS, et dans la seconde zone, se porte à la hauteur de la Ferrari, il est en passe de prendre l'intérieur. Les deux monoplaces en bloquent leurs roues, c'est proche, ça se touche, il n'y a pas de casse, mais les deux abordent le virage ensemble, jumelés, et c'est la Ferrari qui en conserve l'avantage.

C'est ainsi fait, les positions ne changeront pas jusqu'au drapeau à damiers. Sebastian Vettel est furieux de l'attitude, et s'empresse d'aller le signifier au pilote néerlandais de la Red Bull, en faisant des signes négatifs à sa hauteur qu'il ne mérite pas sa troisième place.
En effet, les officiels enquêtent sur les incidents, et alors que les pilotes, Lewis Hamilton, Nico Rosberg et Max Verstappen sont dans la pièce d'avant cérémonie du podium, on signifie au jeune pilote Red Bull qu'il est pénalité de cinq secondes. Il est ainsi rétrogradé à la cinquième place du Grand Prix, c'est Sebastian Vettel qui est appelé sur le podium. Surréaliste ! Ce dernier est aussi pénalisé quelques minutes plus tard, offrant la troisième place à Daniel Ricciardo.

Résultat de la course

01. L. Hamilton (Mercedes) Vainqueur des 71 tours (305.354 Km) en 1h40'31"402 (moyenne : 182,26 km/h)
02. N. Rosberg (Mercedes) +8"354
03. D. Ricciardo (Red Bull) +20"858
04. M. Verstappen (Red Bull) +21"323
05. S. Vettel (Ferrari) +27"313
06. K. Räikkönen (Ferrari) +49"376
07. N. Hülkenberg (Force India) +58"891
08. V. Bottas (Williams) +65"612
09. F. Massa (Williams) +76"206
10. S. Pérez (Force India) +76"798
11. M. Ericsson (Sauber) +1 tour
12. J. Button (McLaren) +1 tour
13. F. Alonso (McLaren) +1 tour
14. J. Palmer (Renault) +1 tour
15. F. Nasr (Sauber) +1 tour
16. C. Sainz (Toro Rosso) +1 tour
17. K. Magnussen (Renault) +1 tour
18. D. Kvyat (Toro Rosso) +1 tour
19. E. Gutiérrez (Haas) +1 tour
20. R. Grosjean (Haas) +1 tour
21. E. Ocon (Manor) +1 tour
P. Wehrlein (Manor) abandon

Meilleur tour : D. Ricciardo (Red Bull) 1'21"134 (tour 53) (moyenne : 190,97 km/h)