L'équipe de France Monoplaces a pu rencontrer pour une entrevue Louis Delétraz pilote suisse de l'équipe Fortec Motorsport en Formula V8 3.5 lors du week end au Castellet le 24 juin 2016.  L'interview a été réalisée après la première séance d'essais libres.

Comment s'est passé la première séance d'essais libres ?
Elle s'est passée très bien. On a commencé avec des pneus un peu usés. C'est la première fois que je roule sur cette piste avec cette voiture donc ce n'est pas forcément facile. On s'est concentré plutôt sur les longs run pour la course et à la fin, on a fait des run de performance. Je n'ai pas passé de pneus neufs, je fais 2e à 2 dixième et devant moi ils sont en pneus neufs donc c'est plutôt positif.

Tu connais bien cette piste, tu y as roulé en Eurocup. Est-ce que tu t'es servi de ton expérience en Eurocup pour bien préparer ce meeting ?
C'est sur que d'avoir déjà roulé sur cette piste ça aide. C'est l'une des courses que je connais le moins du calendrier. J'ai fait une course mais on m'avait invité et ça s'est mal passé très sincèrement, sans que ce soit vraiment de ma faute. C'est donc une des pistes que je connais moins bien mais il est clair que l'expérience, ça se prend. De connaître le circuit, savoir où ça va aller sur les vibreurs, les petites choses comme ça, ça fait la différence.

Ton père est un ancien pilote de F1 et des 24h du Mans. Est-ce que tu as utilisé son expérience pour pouvoir faire ton propre parcours ? Est-ce que tu lui demandes conseil pour tes choix ?
Il m'a beaucoup beaucoup aidé depuis que je suis tout petit. J'ai commencé en karting, toujours aimé le sport auto grâce à lui car je suis né sur un circuit quasiment. Après, on a commencé à monter les échelons dans le championnat suisse et là ça a commencé à être un peu plus sérieux. J'ai profité de son expérience et évité les pièges. Je pense que sans lui je ne serais pas là. Aujourd'hui, on est toujours ensemble mais il a pris un peu plus de recul, parce que c'est très professionnel. J'ai Renault derrière moi, j'ai tous les gens autour de moi qui font leur travail. Si j'ai un doute je sais que je peux aller parler avec lui et trouver une solution.

Il a vraiment pris le parti de te laisser voler de tes propres ailes et laisser ton management faire ?
J'ai une équipe Fortec qui est une très bonne équipe, j'ai des mécaniciens, des ingénieurs il y a tout ce qu'il faut autour de moi, des gens qui ont de l'expérience. Donc il est là mais il y a beaucoup de gens qui ont pris le dessus. Je parle plus avec l'ingénieur qui s'occupe de ma voiture qu'avec mon père parce que mon ingénieur sera plus au point sur ça je dirais. Mais si j'ai un moment difficile je peux en parler avec lui, on est toujours entrain de se concerter pour l'avenir, savoir ce que je vais faire. C'est mon père mais c'est aussi quelqu'un de très proche qui m'aide beaucoup dans le sport auto.

Une sorte de mentor ?
Voilà !

Comment s'est passé le contact avec Fortec pour cette saison ?
L'année dernière, j'ai fait l'Eurocup, ça s'est plutôt bien passé. J'ai fait des 17 poles et 12 victoires donc ça attire toujours un peu l'attention des équipes au-dessus. Très vite, on est rentré en contact parce que Fortec était en tête du championnat 3.5. Donc on a très vite signé pour faire tous les essais d'hiver ensemble. Ça s'est très bien passé donc on a décidé de faire toute la saison. Je n'ai pas voulu aller à droite et à gauche voir d'autres équipes. Je suis très content d'avoir signé avec Fortec. Ce sont des gens très bien.

As-tu eu d'autres contacts avec d'autres équipes ?
Il y a toujours beaucoup de demandes après il faut toujours réfléchir mais quand on a l'opportunité de rejoindre une équipe comme ça faut pas la refuser.

Photo: France Monoplaces

Photo: France Monoplaces

En complément de cette saison, tu as participé à l'ADAC GT Masters, pourquoi as-tu choisi de courir dans cette série ?
Déjà, c'est une chance. Je suis chez Renault F1 dans l'équipe junior et je fais aussi parti de BMW Motorsport donc c'est eux qui me financent cette saison. En gros je suis pilote officiel, pilote d'usine pour BMW et je cours en ADAC GT Master pour eux. C'est super bien de faire de la monoplace et du GT. Ce sont deux voitures très différentes, c'est de l'expérience en plus et il y aussi du futur dans le GT je pense.

Est-ce que tu envisages à l'avenir de participer à une course d'endurance, comme les 24h du Mans en GT ?
Ça reste un rêve, une course mythique à gagner donc ça serait sympa de réitérer la chose. Mais pour le moment, le principal, c'est la monoplace, c'est Renault qui peut m'amener en Formule 1 et ça a toujours été mon objectif. Et après en complément faire du GT pourquoi pas mais la monoplace c'est le principal pour le moment.

Tu es entré dans la Renault Sport Academy cette année. Qu'est-ce que t'apporte concrètement Renault dans ta carrière que ce soit pour le financement ou pour la préparation ?
Déjà Renault F1 a une belle histoire avec les pilotes juniors. Ils ont soutenu Alain Prost à ses débuts. Déjà rien que de pouvoir côtoyer ces personnes, c'est quelque chose d'important. Et en plus je suis intégré à l'équipe de F1 donc on voit déjà comment travaille une équipe. C'est un autre monde, il y a des milliers d'employés pour deux voitures, ça change d'ici. Ici, c'est comme une famille on ne peut pas connaître tout le monde chez Renault F1.
Renault m'aide beaucoup au niveau du sportif. A Enstone, il y a un centre d'entrainement avec des entraineurs donc je passe beaucoup de temps là bas pour être prêt physiquement parce que ça n'en a pas vraiment l'air mais ces voitures sont très dures à conduire. En plus de ça; Renault participe au niveau du budget.

Est-ce qu'il est prévu que tu fasses une séance d'essais libres ou d'essais privés F1 ?
C'est un peu compliqué parce que les essais en F1 sont contrôlés. Quand il y a 5 ou 6 jours, il vaut mieux les donner aux pilotes titulaires. Chaque kilomètre dans la voiture, c'est un bonus. C'est pas comme-ci il pouvait mettre tous les jours quelqu'un dans la voiture. Donc je pense cette année c'est un peu tôt [pour en parler]. Il faut voir si je continue à gagner des courses et à être devant.

En fin de saison ?
Je ne pense pas cette année parce que l'objectif pour moi, l'année prochaine, serait d'aller en GP2 ou de rester en 3.5 suivant l'évolution du championnat. Donc je pense que c'est un petit peu tôt mais on ne sait jamais.
Moi je ne dois pas penser à ça, il faut que je continue de gagner des courses et après, si on m'appelle, je répondrais.

Photo: France Monoplaces

Photo: France Monoplaces

Donc GP2 pour 2017 ?
Ce n'est pas sur du tout, vraiment, tout est encore très ouvert. Tout dépend de ce qu'il va se passer, ce que Renault peut me proposer. Parce que si la 3.5 devient un très gros championnat avec un constructeur, pourquoi pas rester. Mais vraiment, c'est très ouvert pour le moment.

Il y a des discussions concrètes ?
Il y a toujours des discussion mais pas encore de confirmation je dirais. Il est clair que si je pense que la 3.5 est au même niveau, le GP2 utilise des Pirelli et ça peut être une bonne option. Donc il y a des chances que j'aille là bas. Mais rien n'est signé !

Mais il y a des contacts ?
Oui il y a toujours des contacts pour les deux mais je côtoie la F1 avec Renault, le GP2 avec mon ingénieur qui travaille chez ART aussi. La plupart des ingénieurs qui travaillent en GP2 travaillaient en 3.5. Ce sont des gens que je connais déjà donc il y a toujours des contacts mais pas de confirmations.