Subaru n’est pas la marque la plus connue en France. Le constructeur du conglomérat Fuji Heavy Industry est arrivé tardivement sur notre marché en 1992, année où les quotas protectionnistes sur les voitures japonaises prenaient fin sous la pression de l’UE.
Avant les Legacy, Impreza et Forester, la voiture phare de la gamme Subaru était la Leone. Il s’agit d’une paisible berline vendue à partir de 1971 sous de multiples carrosserie : berline 2/5 portes, coupé hardtop, break et pick-up afin de satisfaire toutes les demandes. Cette stratégie d'éviter de produire des modèles spécifiques, Subaru restant un petit constructeur avec des moyens de production limités à cette époque.
Les voitures exotiques : Subaru Leone
L'idée de génie
L’idée de la transmission intégrale a été émise en 1970 par… Tohoku Electric Power, le 4e fournisseur d'électricité au Japon qui est surtout présent dans le nord du pays. Quand l’hiver arrive, la neige est bien présente dans cette région et la société n’utilisait que des vieilles Jeep pour se déplacer pour leurs interventions. Très peu pratiques et pas confortables, les dirigeants de Tohoku Electric Power demandent à Subaru de faire un véhicule quatre roues motrices, confortable et pouvant embarquer une bonne quantité de matériel.
Subaru accepte le défi et commence à concevoir cette transmission AWD dès 1971 en se basant sur une Subaru FF-1 1300 Break et en utilisant des différentiels de Datsun 510 ! Très satisfait du résultat, Subaru va fabriquer huit Subaru FF-1 1300G AWD en guise de prototype. Cinq exemplaires seront distribués à Tohoku Electric Power, les trois autres iront dans le petit village de Hakuba, dans la préfecture de Nagano, pour être utilisés dans des champs.
Ce test est un grand succès et la transmission est proposée en option dès 1972 sur la Leone. Il s’agit de la première voiture de grande série à recevoir une transmission AWD, seul Jensen avec l’Interceptor FF avait tenté le coup, sans succès avec seulement 330 exemplaires vendus en raison d’un prix prohibitif. Pour une fois que les anglais innovaient…
Subaru se positionne donc sur un marché inexistant et s’impose rapidement sur certain marché ciblé. Aux USA, les Subaru auront très rapidement du succès dans les régions montagneuses telles que le Colorado ou le Montana. En Europe, c’est naturellement en Suisse que Subaru s'impose sur le marché, beaucoup de Suisses remplacent leurs 4x4 peu confortables et peu maniables par une Subaru nettement plus polyvalente et utilisable sur route, sans être non plus une référence dans le domaine.
C’est en 1984 que la Leone de troisième génération est dévoilée au grand public. Les lignes n’ont rien d’exceptionnelle mais elles sont dans l’air du temps et même plutôt sportives pour la version Turbo avec l’ajout d’un splitter avant et d’un becquet à l’arrière en plus d’autocollant « TURBO AWD » très années 80. L’avant est très bas avec une calandre très fine contrairement à la concurrence qui arbore une face avant plus ostentatoire.
Sous le capot, on retrouve une multitude de moteurs, la plupart tous nouveaux. En entrée de gamme, un petit 1.3 de 65 ch peu diffusé et non compatible avec la transmission AWD, un 1.6 qui produit 87 ch, un nouveau moteur 1.8 avec plusieurs niveaux de puissance : 90 ch pour la version à carburateur, 98 ch ou 105 ch pour la version à injection et 120 ch pour la version Turbo. Le moteur 1.6 de 71 ch, repris de la précédente génération fut dans un premier temps offert en Amérique du nord mais il fut rapidement éjecté de la gamme à cause du manque de puissance.
En 1987, Subaru propose une version sportive pour le coupé mais aussi pour la berline et le break. Le moteur 1.8 Turbo est boosté à 136 ch, offrant des performances très intéressantes avec 0 à 100 km/h inférieur à 9 secondes pour un poids de 1 145 kg pour le coupé, 1 165 kg pour la berline et 1 190 kg pour le break.
Par contre, la version US est nettement moins puissante puisqu’elle ne produit que 112 ch avec des performances en nette baisse (10"5 pour le 0-100). A noter d’ailleurs que la Leone s’appelle GL pour les versions berline/Break et Hatchback RX pour le coupé. Ce sont des modèles distincts dans la gamme Subaru en Amerique du Nord alors que les modèles n'ont qu'un seul nom ailleurs. Avant 1989, les noms des modèles Subaru aux USA n’avaient pas beaucoup de logique.
Avec sa motricité à tout épreuve, c’est la fiabilité qui sera l’autre gros point fort de la Leone grâce à la simplicité de sa mécanique et à l'expérience des ingénieurs moteurs dans d’autres domaines comme le spatial, l'aéronautique ou l’industrie navales avec la fabrication d’énorme porte-conteneur. L’intérieur est très bien construit et il est possible d’opter pour un tableau de bord digital digne de K2000.
Sur les autres aspects, la Leone est une voiture plutôt basique avec un comportement routiers quelconque (sauf pour la Turbo qui a subi des améliorations aux niveaux des suspensions), un confort moyen et une insonorisation à revoir.
Subaru est conscient que pour pouvoir toucher la clientèle des Honda Accord / Toyota Camry / Mazda 626, il faut mettre les bouchées doubles pour proposer une berline cumulant les qualités de la Leone et les qualités de la concurrence. Cela sera fait en 1989 avec l’arrivée de la Legacy qui fera le bonheur des nombreux propriétaires (dont moi) à travers sept générations mais ceci est une autre histoire…
En compétition
Dans un même temps, Subaru passe à l’offensive au niveau sportif avec un engagement en WRC pour se faire connaître dans le monde entier alors que la marque n’était un succès que sur certains marchés spécifiques comme la Suisse et les zones montagneuses des USA.
L’arrivée de Subaru s’est faite de manière très discrète en 1980 avec la 2e génération de Leone dans sa version hatchback. C'est lors du Safari Rally 1982 que Subaru fait sa première apparition en WRC avec une 7e place au général à... 7h15 du leader.
Pourquoi le Safari Rally ? Parce que c'est sur les terres Kenyanes que les Japonais se sont fait un nom en rallye avec de très nombreuses victoires de Toyota, Datsun ou Mitsubishi durant les années 70, 80 et 90. Ce rally étant le plus exigeant de la saison, les Japonais n'hésitaient pas à faire de nombreuses publicités en ventant la solidité et la fiabilité de leurs voitures avec des images du Safari Rally.
La première victoire aura lieu lors du DCC Winter Rally au Japon lors du mois de Fevrier 1982 avec Junichiro Kato. En 1984, Subaru World Rally team utilise la Leone III coupé et berline pour sa nouvelle voiture. N’ayant pas les moyens de proposer une Groupe B, Subaru s’inscrit dans la catégorie Groupe A. Le moteur Turbo 1.8 est lourdement modifié pour qu’il puisse atteindre les 180 ch ce qui était assez faible comparé à la concurrence dans la catégorie.
Coup de chance pour Subaru, le Groupe B s’arrête en 1986 et la catégorie Groupe A prend le relais ce qui donne une plus grande médiatisation pour Subaru même si les résultats ne sont pas à la hauteur avec un seul podium, lors du rallye de Nouvelle-Zélande 1987 avec le local Possum Bourne. Ce n’est que le début de l’aventure puisqu’en 1990, Subaru développera avec Prodrive la nouvelle Legacy Groupe A pour le WRC qui fera passer Subaru à un autre niveau dans l'échelon mondial
Qu'en a pensé la presse ?
Voici l'avis du Guide de l'Auto 1989 concernant la GL et la Hatchback RX.
Malgré tout l'éclat, sinon le clinquant des Subaru XT et RX apparues ces dernières années, ce sont toujours les berlines et familiales GL qui sont au cœur de la gamme de ce constructeur. Ce sont elles qui récoltent de loin le plus gros des ventes pour la marque, surtout la familiale, son best-seller, dont la popularité est toujours en hausse. [...]
L'excellente fiabilité de ses modèles d'il y a quelques années, qui a connu quelques ratés depuis, y était évidemment pour beaucoup auprès d'acheteurs qui priviégient ces qualités avant toute chose y compris l'agrément de conduite. Il faut dire effectivement qu'en dépit de leurs indéniables qualités pratiques, les Subaru de la famille GL ne sont pas les plus rigolotes à conduire.