L´éco-raid le plus long du monde est arrivé à sa fin, en Argentine, après 5000 km de périple dans des conditions extrêmes et sans aucune borne de recharge pré-existante. Placé sous les hauts patronages des ministères de l'écologie français et argentins, ce qui semblait irréalisable s'est révélé un franc succès.
Trois catégories de véhicules électriques (voitures, motos, vélos) ont finalement réussi à traverser les 20 étapes de la mythique « route 40 », entre le 9 et le 28 avril, malgré les adversités rencontrées (longues distances, variations de températures, vent, géographie accidentée et difficultés techniques).
Sur le plan technique, on retient que :
- Les véhicules ont tous tenu une moyenne journalière de 250 km d´autonomie grâce à l'engagement des municipalités, à la collaboration et la créativité de certains électriciens locaux, et aux bornes de recharge portables NomadEV et Scame. À deux reprises, ils ont pu charger directement dans des parcs solaires de l´entreprise partenaire 360 Energy (Cañada Honda et Nonogasta).
- La Tesla Sojasun a surpris par sa relative aisance sur les pistes de la Ruta 40 malgré sa faible garde au sol (environ 15 cm).
- Les pilotes des 2 Renault Zoé ont pu, avec une éco-conduite adaptée, effectuer des trajets de près de 280 km en moyenne, sans avoir à réaliser de recharge partielle malgré des conditions inhabituelles d'utilisation. Avec une vitesse moyenne de 70 à 80 km/H, la consommation moyenne a oscillé entre 12 et 14 kWh/100km. Le fort dénivelé n'a finalement pas impacté énormément l'autonomie, de même que les pistes, tant que les pilotes savaient adapter leur conduite (vitesse, freinage - récupération, etc.). Analyse complète de Marks Nitters, ingénieur électrique, à disposition.
- La moto de Bastien Hieyte (4 titres de champions de France de trial électrique et 3e au championnat du monde en 2017) a enregistré une moyenne de 40 Wh/km au compteur, pour consommer raisonnablement. Dans les fortes pentes ou par vent soutenu, le pilote conseille de ne pas dépasser les 50 à 60 Wh/km, de sorte à récupérer la consommation dans la descente qui suit. Sur les pistes de graviers ou de sable, mieux vaut rouler au minimum entre 80 et 100 km/H pour rester en surface. Côté équipement, privilégier les pneus avec de bonnes rainures, une gomme assez ferme, une bonne selle et un Quick charger. Témoignage complet de Bastien Hieyte à disposition.
- Le team "Les Athlètes du Bien-être - Matra" (2 vélos - 4 coureurs au total) a tenu une moyenne de 38,5 km/h avec un maximum de 110 km/h en descente, sur ses vélos àassistance électrique Matra I-step Tour XTS.
Un accueil incroyable tout au long du parcours
Mais c'est surtout sur le plan humain que l'expérience a été très forte :
- Parce c'était un raid à part entière, avec son lot de péripéties inhérentes aux chemins, voire aux pistes, empruntés, qui a su en quelques jours créer un esprit de groupe solide.
- Parce que la vingtaine de municipalités traversée par les équipages de la Green Expedition, leur a toutes réservés un accueil des plus incroyables avec un véritable échange avec le public.
- Parce que les courses entre véhicules thermiques et électriques, ainsi que les shows de moto trial électrique ont passionné la population. À Chos Malal, ces démonstrations ont tellement interpellé le public et les autorités locales que les participants de la Green Expedition sont devenus les invités d'honneur du plus grand rassemblement annuel local de véhicules thermiques qui se déroulait justement le jour de leur passage.
- Parce que les enfants, rencontrés dans les écoles, se sont montrés particulièrement curieux, intéressés et réceptifs aux messages sur la préservation de notre planète, divulgués notamment par le parrain engagé de l'aventure, Eric Loizeau. Les images de centaines d'enfants tous vêtus de leurs blouses blanches, courant derrière les vélos électriques, resteront gravés dans les mémoires des compétiteurs.
- Parce que l'aventure a été riche en rencontres insolites, comme celle des cyclistes du team des Athlètes du bien-être avec un jeune couple qui parcourt le monde en vélo depuis presque 5 ans. Le récit de leur histoire les a tellement touchés que le team a décidé de leur offrir des roues neuves et un chargeur téléphonique solaire pour continuer leur périple.
- Enfin, pour l'organisateur qui, même s'il est rôdé dans la mise en place de grands raids (Paris-Pékin, etc.) avait subi la foudre des sceptiques quant à l'intérêt d'une telle aventure. Face aux eux, il avait néanmoins reçu le soutien précoce de plusieurs institutions de poids, notamment le Ministère de l'environnement argentin.
« Cette première édition de la Green Expédition a été incroyable. À chaque étape, elle a reçu un excellent accueil par les autorités locales, la presse et le public en général. L'aventure a éveillé l'intérêt pour l'électrique. Elle a permis de mieux comprendre cette technologie et la conduite associée, tout en se posant de nombreuses autres questions. Je donne rendez-vous à tous pour la prochaine édition en 2020, avec l'ambition de plus de participants. D'ici là, nous allons travailler d'arrache-pied pour faire en sorte que certaines villes étapes soient équipées de bornes de recharge avant notre prochain passage. L'objectif à terme est de rendre la Route 40 électrique, ce qui serait une première mondiale pour une route mythique » résume Bruno Ricordeau, organisateur de The Green Expedition.
Les performances des Renault Zoé et la question des recharges électriques...
analyse de Marks Nitters, ingénieur - membre du staff, qui a largement contribué au succès de l'aventure grâce à son ingéniosité pour assurer les recharges électriques :
« La première journée a été une bonne entrée en matière. Sur la deuxième partie de l'étape (190 km), les Renault Zoe sont arrivées presque à sec (environ20km d'autonomie restant). Il faut dire que, tout au long de l'étape, la montée était douce mais permanente et que le vent soufflait fortement de face et de côté. Les pilotes ont saisi les premiers rudiments de l'éco-conduite, dont la limitation de la vitesse pour tenir la charge.
Mais ils ont vite appris et sur la totalité du trajet, les Zoe ont en réalité fait preuve d'une autonomie entre 280 et 300 km, avec une vitesse moyenne de 70 à80 km/h et une consommation entre 12 et 14 kWh/100km.
J'ai été impressionné sur les étapes de fort dénivelé. Celui-ci n'a finalement pas impacté énormément l'autonomie tant que les pilotes savaient ne pastrop pousser dans les montées, récupérer sur les longues descentes et gagner de la vitesse sur les courtes pentes suivi par des montées.
Sur piste, les Zoé n'ont pas non plus perdu beaucoup d'autonomie, comparé au goudron. Peut être parce qu'elles ont su rouler un peu plus doucement...A noter que le confort des Zoé était appréciable sur ces chemins.
Pour les recharges, nous avons tout eu : le plus souvent en triphasé sur les bornes NomadEV (16A à 32A), parfois la nuit sur une borne Scame en mono-phasé 32A. Le problème principal en Patagonie est de trouver ou de pouvoir installer une prise de terre. Souvent, nous avons du mettre la terre au neutre et créer une barrière autour des voitures dans ce cas. En revanche, peu de problème d'harmonique à signaler, si ce n'est quand nous avons rechargé sur une centrale solaire. Mais au final, la recharge s'est effectuée correctement.
Enfin, une anecdote marquante confirme qu'il ne faut pas faire confiance aux installations inconnues. La recharge dans une station d'essence avec un tableau électrique apparemment bien fait et puissant (gros câble d'arrivée, fusibles de 100A et 60A, disjoncteurs pour puissances importantes, relais d'in-balance, etc.) a failli virer au cauchemar. Alors que nous pensions être raccordés au câble, un flash du à un court-circuit nous a rappelé à l'ordre : nous étions en réalité raccordés à un câble 4x10mm2, installé par le propriétaire directement au poteau, sans passer par le compteur... »
Pour rappel :
L´éco-raid le plus long du monde est arrivé à sa fin, en Argentine, après 5000 km de périple dans des conditions extrêmes et sans aucune borne de recharge pré-existante. Placé sous les hauts patronages des ministères de l'écologie français et argentins, ce qui semblait irréalisable s'est révélé un franc succès.
Trois catégories de véhicules électriques (voitures, motos, vélos) ont finalement réussi à traverser les 20 étapes de la mythique « route 40 », entre le 9 et le 28 avril, malgré les adversités rencontrées (longues distances, variations de températures, vent, géographie accidentée et difficultés techniques).
D'après le Communiqué de Presse rédigé sur place de de Sylvie Le Roux
ATO / The Green Expedition
5 rue de Mayenne
72140 Sillé le Guillaume
www.thegreenexpedition.com