En 2009, le Dakar déménage en Amérique du Sud et voit Volkswagen remporter trois titres consécutifs à l'issue d'une domination sans partage. Pendant trois années consécutives, le Race Touareg du constructeur Allemand marque de son empreinte les premiers pas de la nouvelle ère du Dakar et fait rentrer Volkswagen dans la grande Histoire de la course, tout comme certains de ses pilotes…
Le mois dernier, le Championnat du Monde des Rallyes Raid clôturait la troisième manche de sa saison 2024 au Portugal et marque en ce moment même une longue pause de deux mois avant son retour en juin pour la quatrième manche en Argentine. Une longue pause bien méritée pour les équipages après trois mois de compétition intense et pour nous, l'occasion de faire un saut dans le passé pour replonger dans l'Histoire du rallye raid. Retour donc un peu plus 10 ans en arrière, lors des premières éditions du Dakar en Amérique du Sud, pour se pencher sur la domination sans partage de Volkswagen entre 2009 et 2011. Trois années consécutives qui auront fait rentrer le constructeur Allemand dans l'Histoire de la course et dont l'objet principal de cette domination, à savoir le Race Touareg de VW, aura marqué la génération qui a grandi avec le Dakar version Amérique du Sud. Trois années qui marquent aussi les premiers sacres de grands noms de la discipline…
2009-2011 : Quand Volkswagen dominait le Dakar
Samedi 3 janvier 2009, Buenos Aires, Argentine.
Pour la première fois depuis sa création 30 auparavant, le Dakar, anciennement Paris-Dakar, s'apprête à vivre la plus grande révolution de son Histoire. Après 28 années passées à arpenter les dunes de l'Afrique du Nord, la course doit quitter sa terre natale de force, la faute à une menace terroriste devenue bien trop élevée dans la région et qui avait notamment contraint l'organisation à annuler l'édition 2008. En cette année 2009, le Dakar pose donc ses valises en Amérique du Sud pour ce qui s'annonce être une nouvelle ère. Au programme des années à venir, nouveau terrain de jeu, nouveaux paysages, nouveaux défis, météo capricieuse, altitudes à (littéralement) couper le souffle, un public passionné et la traversée d'un total de cinq pays en 10 éditions avec l'Argentine, le Chili, le Pérou, la Bolivie et le Paraguay. Ce samedi 3 janvier 2009, le coup d'envoi du tout premier Dakar en Amérique du Sud est donné. Sur la ligne de départ, un constructeur Allemand s'apprête à marquer au fer rouge les trois éditions à venir : Volkswagen. Trois années consécutives durant lesquelles le Race Touareg et ses équipages vont écraser la concurrence.
En 2009, Volkswagen entame déjà sa cinquième année de présence au Dakar puisque le constructeur Allemand avait engagé la première version de son Race Touareg lors de l'édition 2004. En activité pendant deux années, il sera remplacé par une deuxième évolution en 2006 avec le Race Touareg 2. Si depuis 2004 le constructeur Allemand prouve sa valeur en remportant des victoires d'étapes et des victoires sur d'autres rallyes raids à travers le monde, le Race Touareg, qui fait notamment le pari d'utiliser le fameux moteur diesel "TDI" du groupe VW (tout comme Audi aux 24 heures du Mans), se voit pourtant refuser la victoire au Dakar, malgré plusieurs podiums et autres arrivées dans le top 5.
2009 : De Villiers et Miller signent un doublé incontestable
En 2009, le Dakar débarque donc en Amérique du Sud pour le début d'une toute nouvelle ère dans l'Histoire de la course. Au programme de cette première édition Sud-Américaine, une course de 13 étapes au départ de Buenos Aires en Argentine, avec un passage par le Chili avant de retrouver la capitale Argentine pour l'arrivée. Pour cette 31ᵉ édition, le plateau en autos est plutôt chargé et c'est une bataille à trois qui s'annonce pour la victoire entre BMW, Mitsubishi et Volkswagen. Pour le constructeur Bavarois, c'est un line-up notamment composé de Nasser Al-Attiyah, Guerlain Chicherit et Luc Alphand qui se présente en Argentine. Pour Mitsubishi, Stéphane Peterhansel et Nani Roma sont les têtes d'affiche du constructeur Japonais. Enfin, c'est un trio Sainz – De Villiers – Miller qui se chargera de porter les couleurs de Volkswagen. Au départ de Buenos Aires, difficile de prédire un vainqueur, chaque constructeur possédant à la fois les équipages et la voiture pour gagner. Pourtant, au moment de s'élancer sur la première étape, Volkswagen s'apprête à entamer une domination outrageuse. Du 2 au 16 janvier, Carlos Sainz, Giniel de Villiers et Mark Miller ne laisseront que des miettes à leurs concurrents.
Après une victoire de Nasser Al-Attiyah sur la première étape, Carlos Sainz s'impose le deuxième jour et prend les commandes du classement général. Impérial, l'Espagnol file tout droit vers une première victoire au Dakar et emmène avec lui ses deux coéquipiers. Pourtant, alors que Carlos Sainz semblait avoir course gagnée, l'aventure Sud-Américaine de l'Espagnol bascule lors de l'avant-dernière étape. Au détour d'un virage piégeur car précédent un ravin suffisamment profond pour endommager les voitures en cas de chute, Carlos Sainz ne peut s'arrêter à temps et envoie sa voiture sur le toit quelques mètres en contrebas. C'est devant un Touareg détruit et aux côtés de son copilote Michel Perrin, blessé à l'épaule, que Carlos Sainz laisse filer ses espoirs de victoire. Alors deuxième du général à ce moment-là, Giniel de Villiers bascule en tête de la course, suivi de près par Mark Miller. Malgré un écart de seulement quelques minutes, De Villiers tient son coéquipier Américain en respect jusqu'au bout. À Buenos Aires, le Sud-Africain célèbre ce qui sera sa première et seule victoire au Dakar, devant Mark Miller qui assure le doublé pour Volkswagen. Pour la première fois dans l'Histoire de la course, un véhicule à moteur diesel s'impose. Après les 24 heures du Mans, le groupe VW fait triompher son fameux moteur TDI dans les sables de l'Amérique du Sud.
Au terme de cette édition 2009, les chiffres de Volkswagen affolent les compteurs. Sur 13 étapes, le Touareg s'est imposé 10 fois et l'équipe aura su placer au moins une voiture sur le podium d'une spéciale par 12 fois. Enfin, à l'arrivée finale à Buenos Aires, Mark Miller, deuxième à seulement 9 minutes de son coéquipier vainqueur, possède une avance de plus d'une heure et 40 minutes sur le troisième du général, à savoir Robby Gordon et son Hummer. La performance de Volkswagen sur cette édition 2009 est sans appel, avec un Touareg à des années-lumière de la concurrence en termes de performance et de fiabilité et des équipages qui exploitent à 100% le potentiel de la machine. En ce mois de janvier 2009, Volkswagen commence une période de trois ans durant laquelle le constructeur Allemand va dominer sans aucune contestation possible et avec une facilité presque insolente la course la plus exigeante au monde.
2010 : Sainz tient sa victoire, Volkswagen verrouille le podium
En 2010, le Dakar retourne donc en Amérique du Sud pour sa 32ᵉ édition. Au programme de cette année, 14 étapes, soit une de plus que l'année précédente, et toujours un départ de Buenos Aires avec un passage au Chili avant de revenir vers la capitale Argentine. Après le retrait de Mitsubishi, tout le monde s'attend donc à assister à un duel entre BMW et Volkswagen, le premier accueillant dans ses rangs Stéphane Peterhansel et Nani Roma tout droit en provenance de Mitsubishi. Le 1ᵉʳ janvier à Buenos Aires, Volkswagen se présente avec cinq voitures sur la ligne de départ. On retrouve le trio aligné en 2009 avec Sainz, De Villiers et Miller, auquel s'ajoute le Brésilien Mauricio Neves et surtout Nasser Al-Attiyah, le jeune prodige Qatari fraîchement débarqué de chez BMW. Si Al-Attiyah a encore beaucoup de choses à prouver à ce moment-là, il ne fait aucun doute qu'il possède déjà un immense talent.
En ouverture de la course, scénario identique à 2009 puisque c'est une BMW qui s'impose sur la première étape grâce à Nani Roma, avant qu'une Volkswagen prenne les commandes de la course dès la deuxième étape avec Nasser Al-Attiyah. À ce moment-là de la course, le duel tant attendu entre les deux constructeurs Allemands est bien au rendez-vous car sur la troisième étape, c'est à nouveau une BMW qui prend la tête de la course, cette fois-ci grâce à Stéphane Peterhansel. Malheureusement, ce duel ne s'éternisera pas puisque dès la cinquième étape, Carlos Sainz bascule en tête de la course et cette fois-ci, l'Espagnol ne lâchera pas sa position. Si Stéphane Peterhansel parviendra à enregistrer quelques victoires d'étapes par la suite, il ne remontera jamais au classement général, la faute à des soucis mécaniques trop importants qui lui feront perdre beaucoup de temps. De la 5ᵉ à la 14ᵉ et dernière étape, Volkswagen verrouille complètement le podium. À l'arrivée à Buenos Aires, Carlos Sainz peut enfin savourer sa première victoire sur le Dakar au terme d'une course pleine de maîtrise. Deuxième à seulement deux minutes de son coéquipier Espagnol, Nasser Al-Attiyah, suivi par Mark Miller qui remonte sur le podium pour la deuxième fois consécutive. Vainqueur l'année précédente, Giniel De Villiers passe complètement à côté de sa course et termine 7ᵉ avec plus de cinq heures de retard sur Sainz. Une nouvelle fois, c'est une véritable démonstration de force proposée par Volkswagen.
Comme en 2009, les chiffres du constructeur Allemand sur cette édition 2010 sont également affolants. Sur 14 étapes, cinq sont remportés par un Touareg et jamais une étape ne sera terminée sans au moins un équipage Volkswagen dans le top 3. Par-dessus tout, c'est le classement final qui témoigne le plus de la domination de Volkswagen. En plus d'entièrement verrouiller le podium dès la cinquième étape, c'est un écart de plus d'une heure et demie qui sépare Mark Miller, troisième, et Stéphane Peterhansel, quatrième. Comme en 2009, les Touareg semblent presque disputer une autre course, leur seule concurrence étant eux-mêmes, puisque c'est une bataille interne entre Sainz et Al-Attiyah qui aura rythmé les deux semaines de courses de cette édition 2010.
2011 : le show Al-Attiyah
En janvier 2011, le Dakar s'apprête à lancer sa 33ᵉ édition, la troisième en Amérique du Sud. Pour Volkswagen ce sera en revanche la dernière, puisque le constructeur Allemand se retirera de la course après cette édition 2011 afin de s'en aller vers d'autres horizons, à savoir la mise en place du programme en WRC et le développement de la Polo R. Après 7 ans de bons et loyaux services, le Race Touareg prendra sa retraite en cette année 2011. Pour sa dernière participation, Volkswagen fait évoluer une dernière fois sa machine. Dernière évolution du modèle lancé en 2004, le Race Touareg 3 gagne encore un peu plus en performance pour atteindre les 310 chevaux. Au volant pas de changement puisque c'est toujours le quatuor Sainz – Miller – De Villiers – Al-Attiyah qui défendra les couleurs de Volkswagen sur cette édition 2011. Si BMW et Stéphane Peterhansel tentent une nouvelle fois de tenir tête à Volkswagen, plus personne ne s'y trompe, le vainqueur de l'édition 2011 se trouve probablement dans un des quatre Touareg. Après une édition 2010 marquée par la bataille Sainz - Al-Attiyah, tout le monde s'attend à ce que la rivalité entre les deux coéquipiers fasse à nouveau des étincelles. Pas de changement au niveau du parcours, 13 étapes au programme de cette 33ᵉ édition avec un départ depuis Buenos Aires, un passage par le Chili et une arrivée dans la capitale Argentine.
Dès la première étape, Carlos Sainz prend les commandes du classement général devant Peterhansel et Al-Attiyah. Vainqueur en titre, l'Espagnol favori compte bien aller glaner une seconde victoire consécutive. Vainqueur de quatre étapes sur la première semaine, Sainz mène la course avec seulement quelques minutes d'avance sur Peterhansel et Al-Attiyah. Au soir de la huitième étape, le Qatari déloge son coéquipier Espagnol de la première place. En deuxième semaine, Volkswagen monopolise le podium et c'est une bataille à trois pour la victoire entre Al-Attiyah, De Villiers et Sainz. Battu pour quelques minutes l'année précédente, le Qatari prendra cette fois-ci la course à son compte en tenant en respect ses deux coéquipiers. Flamboyant sur toute la deuxième semaine, Al-Attiyah s'offre trois victoires d'étapes et gère son avance sur ses deux coéquipiers. À l'arrivée à Buenos Aires, Nasser Al-Attiyah célèbre sa première victoire au Dakar et Volkswagen signe un nouveau triplé grâce à De Villiers et Sainz qui complètent le podium derrière le nouveau prodige du Dakar.
Au terme de cette édition 2011, le constat est le même que lors des deux éditions précédentes puisque personne ne pouvait s'opposer à Volkswagen qui signe là sa meilleure course avec 12 étapes sur 13 remportées et une domination évidente au classement général. Le constructeur Allemand quitte le Dakar la tête haute, avec trois victoires consécutives et une domination sans partage qui aura marqué les premiers pas de l'épreuve en Amérique du Sud. Le bilan de ces trois éditions est énorme pour Volkswagen avec des chiffres qui affolent les compteurs : sur un total de 40 étapes en 3 éditions, le Race Touareg s'est imposé à 27 reprises. On ne compte qu'une seule étape sans apparition d'un Touareg dans le top 3 et ce dernier aura passé un total de 36 étapes en tête du classement général pour un total de trois victoires en trois éditions dans lesquelles on compte un doublé en 2009 et deux triplés en 2010 et 2011.
Une domination iconique
Si la domination de Volkswagen au Dakar est peut-être un peu moins connue que d'autres dans l'Histoire du sport automobile, elle n'en reste pas moins iconique que celle de Ferrari et Schumacher en Formule 1, celle de Loeb et Citroën en WRC ou encore celle d'Audi aux 24 heures du Mans. Les succès de Volkswagen au Dakar entre 2009 et 2011 avaient tout pour entrer dans l'Histoire de la course à tout jamais. Au-delà d'être fortement associées aux débuts du Dakar en Amérique du Sud, Volkswagen avait tous les ingrédients nécessaires pour marquer toute une génération de fan : des résultats qui laissent tout le monde sans voix, des pilotes marquants pour leurs palmarès, leurs noms et leurs talents, une impression de facilité déconcertante et surtout, une voiture iconique, le Race Touareg et sa livrée Red Bull qui aura marqué toute une génération de passionné/es, moi y compris.
Enfin, à la question "comment expliquer une telle domination ?", il n'y pas de secret. Comme pour toutes les autres dominations dans l'Histoire du sport automobile, il y a l'association d'une voiture irréprochable sur la fiabilité comme sur la performance, des pilotes talentueux sachant exploiter à merveille la machine entre leurs mains et enfin une équipe au travail sérieux, même lorsque que la victoire semble acquise.
Crédits photo de couverture: Volkswagen Motorsport / Red Bull Content Pool.