L'Alésien Romain Dumas revient affronter le Dakar, avec Ford et son très prometteur Raptor T1+.

C'est un vrai armada que Ford Racing emmène au Dakar dès 2026, la firme à l'ovale bleu veut s'imposer sur la classique en Arabie saoudite qui ouvre l'année calendaire, l'épreuve si redoutée au travers des dunes de sable. Et le voilà, à 47 ans, prêt à retrouver les grands déserts du monde. D’abord la Baja 1000 au Mexique, en novembre prochain, puis le Dakar 2026, toujours avec Ford.

Dumas avec Ford pour le Dakar

Né à Alès, au pied des Cévennes, Romain Dumas grandit dans une région où conduire est presque un instinct. Enfant, il s’élance en karting. Adolescent, il découvre la monoplace. Puis l’endurance devient son territoire. Il s’y impose, de Spa à Sebring, du Nürburgring à La Sarthe. Et puis, un jour, la montagne l’appelle. En 2014, il attaque pour la première fois la redoutable montée de Pikes Peak. Vingt kilomètres, 156 virages, une route qui grimpe vers le ciel. Il gagne. En 2018, il s’empare du record absolu et toujours invaincu aujourd’hui.

Depuis, il y retourne, chaque fois plus fort. Trois victoires de catégorie avec Ford, au volant de la SuperVan 4.2, du F-150 Lightning SuperTruck, puis de la Mustang Mach-E Super. Trois machines futuristes, trois chapitres d’une même histoire. Il a battu des records sur tous les continents : à Goodwood, dans les Andes, jusqu’aux plus hautes altitudes jamais atteintes par un véhicule terrestre. Ford ne pouvait rêver meilleur ambassadeur pour incarner sa vision : relier la piste, la route et l’avenir par la même passion.

Pourtant, après tant d’exploits, Dumas cherche toujours. Il ne s’arrête jamais. « Le Dakar, c’est un défi personnel », confie-t-il. « Chaque année, j’y retourne pour apprendre, pour progresser. Je deviens plus rapide, plus précis. »

Cet hiver marquera sa neuvième participation au Dakar. Une statistique impressionnante, mais il avoue que la course dans le sable reste celle où il se sent le plus étranger. « Pour être honnête, le tout-terrain est ce qui est le plus loin de moi », sourit-il. « C’est comme si, d’habitude, je jouais au tennis, au ping-pong et au badminton… et que là, soudain, on me demandait de faire du golf. »

L’image amuse, mais le constat intrigue. Car Dumas a apprivoisé les machines les plus extrêmes : des prototypes filant à plus de 320 km/h au Mans, des fusées électriques grimpant les cimes de Pikes Peak. Et pourtant, face à un Ford Ranger Raptor, véhicule de série musclé mais civilisé, il se sent redevenir un débutant. « Je me sens à nouveau comme un rookie », dit-il avec un éclat de joie dans la voix.

Le Baja, encore une autre discipline découverte

Son retour à la Baja s’est décidé sur un coup de fil, tardif et spontané. « C’est un engagement de dernière minute », raconte-t-il en riant. « On a décidé ça en septembre. » Dans le monde du sport automobile d’élite, c’est une folie. Pour lui, c’est une excitation.

Il s’alignera au départ de la Baja 1000 dans une Ford Ranger Raptor, la version de course du pick-up que l’on croise sur nos routes. Il disputera le premier relais avant de passer le volant à ses coéquipiers. Un seul test, avec Brad Lovell, a suffi. « Mon objectif est simple : faire un travail propre », explique-t-il.

Mais la Baja n’est qu’une étape. Au Maroc, Dumas se prépare déjà pour le Dakar, cette fois au volant du Raptor T1+, un monstre V8 conçu pour le désert. Là où le Ranger évoque l’endurance, le T1+ symbolise la démesure. « L’un est bâti sur un châssis de série, l’autre est un pur prototype », dit-il. « Impossible de leur donner la même intensité. » Il en parle comme un musicien évoquerait deux instruments : le premier demande de la retenue, le second réclame de la virtuosité dans le chaos. Et les deux nécessitent quelque chose qu’il connaît peu : un copilote.

L’endurance est une aventure partagée, certes, mais Pikes Peak est un tête-à-tête avec soi-même. Le rallye-raid, lui, impose la confiance absolue. À côté du pilote, il y a cette voix qui guide, qui dicte la route invisible, celle que seul le désert connaît. Pour la Baja, Dumas a voulu un copilote américain, enraciné dans cette culture, connaissant le terrain et son langage. « Je voulais quelqu’un du coin, qui me donne le rythme à suivre », dit-il. Une humilité rare chez un triple vainqueur du Mans. Mais chez lui, elle n’est pas feinte. Le champion écoute, apprend, se remet en danger.