En 2022, l'équipe Aston Martin a vu l'arrivée d'un nouveau sponsor-titre, le géant pétrolier saoudien Aramco. Mais avant elle, l'équipe Williams fut aussi sponsorisée par une société saoudienne à la fin des années 70.
Alors que les premiers pas de Williams en F1 furent assez chaotiques, Frank Williams dut même se résoudre à céder une première fois son équipe... pour mieux revenir avec Williams Grand Prix Engineering.
Williams, le premier pas de l'Arabie saoudite en F1
Williams repartit donc de zéro. Sans les dettes d'autrefois certes mais la vente de ses parts ne suffisait pas à financer une nouvelle équipe. Remotivé par son ami Dave Brodie, il entra en contact avec le pilote Patrick Neve. Le Belge comptait divers soutiens, dont les brasseries Belle-Vue et la compagnie aérienne saoudienne Saudia Airlines, aboutissant à un financement de 185 000 livres. Suffisant pour acheter une ancienne March 761 à Max Mosley... qui était en vérité un plus ancien modèle que l'on avait repeint et réparé au fil des ans !
Qu'importe, au moins on retrouvait le nom Williams Grand Prix Engineering dans le paddock, avec donc Patrick Head dans ses rangs. Il rappela d'autres ingénieurs qui avaient traîné avec Wolf tels que Frank Dernie et un certain Ross Brawn.
Si Neve et Belle-Vue quittèrent l'équipe en fin d'année, Saudia Airlines accrut son apport financier, d'où l'arrivée de la fameuse livrée blanche et verte. Cette connexion avec le Moyen-Orient amena TAG (Technologies d'Avant-Garde), entreprise de la famille Ojjeh qui avait aussi quelques billets à placer. Ce n'était pas la seule famille du coin à s'inviter sur la carrosserie par ailleurs...
... la famille Ben Laden en F1 !
À la fin des années 70, l'équipe Williams a des problèmes financiers. L'équipe était à court de fonds et n'avait pas de succès significatifs. Frank Williams devait se trouver de nouveaux sponsors. Pendant ce temps, à la fin de la saison 1977, l'équipe essayait de s'en sortir le moins cher possible, obligeant les mécaniciens à manger au buffet qui était destiné aux invités et aux hommes d'affaires.
Pendant qu'ils étaient au buffet, Frank Williams courait des marathons pour récolter des fonds. Mais cela n'a aidé que dans une certaine mesure. Avec le directeur technique Patrick Head, il décide de s'envoler pour l'Arabie saoudite, où les rues sont pavées d'or. Après quelques conversations fructueuses avec d'importants entrepreneurs saoudiens, Williams et Head sont rentrés dans le Oxfordshire avec Saudi Airlines et Albilad-hotels comme nouveaux sponsors principaux.
Même si ces sponsors ont apporté avec eux une énorme somme d'argent, un nom contestable a fait son apparition sur la livrée de la Williams FW07 de 1979 : Ben Laden. Le patriarche fondateur d'Albilad, Mohamed Ben Laden, était le père de nul autre qu'Oussama Ben Laden. Mohamed lui-même étant décédé en 1967, quelques frères d'Oussama ont poursuivi l'entreprise familiale.
La principale entreprise, Saudi-Binladen, était une société de construction et d'ingénierie responsable d'un grand nombre d'infrastructures en Arabie saoudite. L'écurie Williams a par la suite connu le succès, remportant le titre de champion du monde des pilotes en 1980 grâce à Alan Jones, qui a mené la "Williams Albilad" à un total de cinq victoires en Grand Prix.
Est-ce que ce sponsoring était-il vraiment contestable ? Pas tant que ça. Mohammed Ben Laden a eu 56 enfants (de 22 femmes). Oussama a été évincé par sa famille en raison de sa radicalisation, tandis que la plupart des membres de la famille Ben Laden ont émigré aux États-Unis et en Europe, poursuivant leurs affaires florissantes. Cette partie de la famille Ben Laden n'a jamais été accusée d'avoir des liens avec l'Al Qaeda d'Oussama.
Saudia sur la Williams championne du monde
Saudi Arabian Airlines a vu le jour en 1945 lorsque le président américain Franklin D. Roosevelt a offert au roi Abdul Aziz d'Arabie saoudite un Dakota DC3 bimoteur. Le roi a décidé d'acheter deux autres avions et les vols ont commencé entre Riyad, Jeddah et Dhahran. L'année suivante, la compagnie est créée en tant que filiale du ministère de la Défense du pays.
La compagnie s'est développée à l'international à la fin des années 1940 et dans les années 1950 et a élargi sa flotte d'avions. En 1962, elle est devenue la première compagnie aérienne du Moyen-Orient à exploiter des avions à réaction commerciaux. En 1963, Saudi Arabian Airlines devient une société indépendante, propriété de la famille royale saoudienne. En 1967, elle devient membre de l'Association internationale du transport aérien (IATA) et commence à desservir des destinations européennes, notamment Genève, Francfort et Londres.
La compagnie décide de changer son nom en Saudia en 1972, date à laquelle elle dessert 49 destinations. En 1977, la compagnie peut acheter ses premiers Boeing 747. À la recherche d'une image plus visible, la compagnie conclut un accord en 1978 avec l'écurie de F1, Williams. Grâce à ce parrainage, l'équipe peut concevoir le châssis FW07, qui remporte un énorme succès et permet à Alan Jones de remporter le championnat du monde en 1980.
Le parrainage de Saudia s'est poursuivi jusqu'en 1985, bien que l'argent provienne de plus en plus d'autres sociétés arabes qui ont été présentées à Williams par Saudia. Parmi elles, TAG et Albilad. Le parrainage de Saudia est un grand succès et l'expansion se poursuit dans le monde entier avec l'ouverture de l'aéroport international King Khaled de Riyad en 1983.
Le début d'une autre forme de sponsoring
Lorsque la saison 1980 de Formule 1 s'achève à Watkins Glen, au nord de l'État de New York, l'équipe éponyme de Sir Frank Williams, nouvellement couronnée championne des constructeurs, célèbre l'événement en déployant deux drapeaux dans son garage : celui de la Grande-Bretagne et celui de l'Arabie saoudite.
C'est un grand moment pour le sport automobile dans le monde arabe, mais aussi un doux succès pour le directeur de l'équipe, qui avait auparavant lutté pour maintenir la présence de l'équipe sur la piste aux côtés de constructeurs très en vue comme Ferrari. Et Frank Williams n'hésita pas à changer le nom de son équipe en y intégrant le patronyme de ses soutiens, ce que l'on appelle aujourd'hui les sponsors-titres.
"Je suis allé en Arabie saoudite pour la première fois à la fin de l'année 1977 pour essayer de trouver des sponsors", avait déclaré Frank Williams, en marge du Grand Prix d'Abu Dhabi 2011. "Cela a pris du temps, mais j'ai obtenu un accord avec Saudia, qui est apparu sur les voitures en 78. C'était très important pour nous."
Williams a déclaré avoir eu la "chance" de parvenir à un accord (par l'intermédiaire d'un tiers) avec le prince Muhammad bin Fahd, dont le père était alors le prince héritier. Contrairement aux temps modernes, où des compagnies aériennes telles que Etihad et Qantas sponsorisaient les Grands Prix, les compagnies aériennes d'il y a quarante ans ne souhaitaient pas s'associer à un sport qui faisait autant parler de lui pour ses accidents mortels que pour ses exploits.
Ainsi, on verra en 78 Alan Jones être aligné sur une Albilad-Saudia Racing Team, en 1979 l'Australien aura sa monoplace rebadgée Albilad-Williams Racing Team (et Albilad-Saudia Racing Team pour Clay Regazzoni), en 1981 cela évoluera vers TAG Williams Racing Team.
En 2022, Aston Martin Aramco Cognizant Formula One Team
En prenant la succession de Racing Point F1 Team, Lawrence Stroll a fait revenir le nom d'Aston Martin en F1 en 2021. L'écurie avait comme sponsor-titre Cognizant, avec ce nouveau partenariat stratégique avec Aramco, l'écurie britannique rallonge encore son patronyme !
Le partenariat signé favorisera le développement des moteurs à combustion interne hautement efficience, des carburants durables à haute performance, de lubrifiants avancés et le déploiement de matériaux non métalliques dans les véhicules.
En 2020, Aramco a choisi la Formule 1 comme sa première plate-forme de parrainage mondiale qu'offre la discipline en termes d'attrait mondial afin d'étendre sa notoriété. Le géant pétrolier saoudien est un partenaire pour la F1 en sponsorisant des Grands Prix et affichant ses couleurs sur les circuits et sur les Aston Martin.