Après une réponse de la FIA à sa dernière lettre ouverte, David Richards sort l'artillerie lourde cette fois-ci sur l'instance dirigeante du sport automobile.

Au début du mois de mars, David Richard avait adressé une lettre ouverte à la FIA concernant les pratiques de cette dernière qu'il considérait comme violant ses propres statuts après qu'il ait été exclu d'une réunion du Conseil Mondial lors des essais hivernaux pour avoir refusé de signer un accord de confidentialité.

La FIA répond à Richards, celui-ci les allume sans détour

Pour rappel des faits, il faut revenir à la lettre ouverte de David Richards adressée à la FIA le 5 mars 2025, qui est expliquée ici. A la suite de cette dernière, il faudra attendre le 7 avril pour avoir une réponse de la FIA, dont le contenu est le suivant :

Suite à votre lettre ouverte du 5 mars 2025 adressée aux membres de Motorsport UK, publiée sur son site internet et relayée par les médias, dans laquelle vous exprimez vos opinions sur le premier mandat du Président de la FIA depuis 2021, il m’a semblé important de répondre à vos commentaires et de clarifier les mesures importantes prises par la FIA [...]. [...] la FIA dispose de procédures pour protéger les informations confidentielles, y compris à travers des accords de confidentialité. La divulgation non autorisée d’informations nuit non seulement à la FIA [...]. Il n’est donc pas surprenant que les mesures prises par la FIA pour garantir la confidentialité aient été massivement soutenues par une large majorité des membres du Conseil Mondial du Sport Automobile.

En tant que membre responsable du Conseil, agissant avec intégrité, il me semble que vous ne pouvez raisonnablement vous opposer à un accord qui ne fait que renforcer les obligations existantes en matière de confidentialité [...]. Durant ce premier mandat, la FIA a accompli des progrès remarquables dans l’amélioration de sa situation financière [...]. Des décisions d’investissement clés ont été prises sous sa direction, comme la reprise des opérations du Championnat du Monde FIA de Rallycross. Son ambition d’ajouter une onzième équipe à la grille de Formule 1 témoigne de notre volonté de renforcer l’engagement des fans, d’élever la visibilité mondiale de notre sport, et d’en garantir l’avenir. Tout au long de son mandat, le Président a montré un engagement constant envers la diversité, l’inclusion et l’accessibilité, comme en témoignent les nombreuses initiatives mises en place.

[...] Sous l’impulsion du Président, la FIA construit l’avenir du sport automobile et de la mobilité avec comme piliers : l’innovation, l’inclusion et la durabilité. Nous sommes tous, à la FIA, très fiers de ce qui a été accompli durant ce premier mandat présidentiel. [...] Nous vous demandons que cette réponse soit partagée avec les membres de Motorsport UK et publiée dans son intégralité sur son site internet.

Une réponse à laquelle, à son tour, David Richards se permet d'apporter d'autres précisions, dans une lettre qu'il a donc publiée sur le site de Motorsport UK :

Le 7 avril 2025, j’ai reçu une lettre du Directeur Général de la FIA, Alberto Villareal, que, conformément à sa demande, nous avons publiée [...]. Nous encourageons un dialogue ouvert et transparent sur la performance de la FIA, comme cela devrait être le cas pour toute organisation appartenant à ses membres. Je tiens à préciser que j’ai le plus grand respect pour l’équipe de la FIA [...]. Elle continue de maintenir les normes les plus élevées en matière de sécurité et d’excellence réglementaire, comme on l’attend de l’instance dirigeante mondiale du sport automobile, ce point n’a jamais été une source d’inquiétude pour moi.

Ce qui est regrettable dans la lettre d’Alberto, c’est le mépris pour les préoccupations réelles exprimées, non seulement par moi-même, mais aussi par un nombre croissant de personnes, concernant une gouvernance et une organisation constitutionnelle de plus en plus opaques, concentrant le pouvoir entre les mains du seul Président. [...].

Le point de désaccord actuel concerne l’obligation de signer un accord de confidentialité modifié, qui ne prévoit ni procédure claire pour évaluer une violation, ni processus indépendant en cas de litige. Je maintiens que cela équivaut à une « clause de bâillon ». Pourtant, ces points sont simplement écartés par Alberto, le Directeur Général de la FIA. De plus, la décision ultérieure de m’exclure de la réunion du WMSC est contraire aux Statuts de la FIA et illégale au regard du droit français.

J’espère sincèrement que, malgré la lettre d’Alberto, qui écarte ces questions de fond, nous pourrons encore engager une discussion constructive avec le service juridique de la FIA afin de résoudre ces problèmes. Ils ne sont pas insurmontables, mais dans leur forme actuelle, ils sont totalement inadaptés. À tel point que plusieurs autres parties ont exprimé les mêmes préoccupations, ce qui a conduit à des adaptations des accords qu’elles ont signés. Cette possibilité ne m’a toutefois pas été offerte.

En conclusion, il y a de nombreuses raisons d’être fier du travail accompli par l’équipe de la FIA à Genève ces trois dernières années. Mais nous ne pouvons pas accepter un glissement du cap moral de notre direction, qui consisterait à rejeter toute demande de transparence ou de débat ouvert. Je suis actuellement au Moyen-Orient pour la semaine, et j’espère pouvoir rencontrer le Président de la FIA afin de lui faire part de mes vues en personne et convenir d’une solution acceptable.

Les semaines à venir risquent d'être mouvementées pour la FIA, d'autant qu'en coulisses d'autres personnalités sont prêtes à démissionner, dénonçant un système opaque sous cette présidence de Mohammed Ben Sulayem.