Le 30 septembre dernier, la FIA publie un calendrier provisoire pour la prochaine saison de F1 2016. Cette ébauche débutant le 18 mars en Australie et finissant le 27 novembre à Abu Dhabi, visitant vingt-et-une destinations, n’est qu’une feuille de route souhaitée si l'on en croit Bernie Ecclestone, qui déclarait à Austin ne pas vouloir en enlever ni même en rajouter une.
Mais outre les week-ends de Grand Prix, il ne faut pas oublier les séances d’essais privés avant, pendant et après la saison. Pour l'exercice 2015, les équipes ont été 14 jours en essais et 57 jours en course, sans compter les jours de voyages, d’installations et de remballage du matériel, alors qu’il n’y a que 19 Grands Prix. Une surcharge de travail importante pour une équipe et son personnel.
Déjà en 2013, Martin Whitmarsh, alors à la tête de l’équipe McLaren, alarmait la FOM et la FIA sur la « limite » à ne pas franchir sur un calendrier de F1. « Je sais qu'il y a toujours la recherche de l'argent, mais vingt Grands Prix, c'est beaucoup, et nous sommes maintenant à la limite. Je pense que nous pourrons faire face au prochain calendrier, mais ce sera difficile car une fois que la saison sera terminée et que l'équipe reviendra du Brésil, nous serons presqu'en décembre. En janvier, nos employés construiront la voiture, et ils la testeront en février, et ils se déplaceront ensuite à nouveau autour du monde. C'est un travail extrêmement difficile et exigeant pour les mécaniciens, les techniciens et les ingénieurs », déclarait-il à la BBC.
Un calendrier à rallonge pour la F1
Pourtant, le calendrier a tenté de s’adapter à l’Homme. Malgré l’introduction en 2009 d’une trêve estivale avec obligation de fermer l’usine pendant deux semaines, ce premier n’a fait que s’allonger en durée, se déroulant de mi mars à fin novembre. Il est donc difficilement envisageable d’augmenter le nombre de courses au nom de l’argent dans un premier temps et du spectacle dans un second temps.
Regardons de plus près le calendrier 2016. Les premiers essais d’hiver auront lieu le 22 février pour une durée de quatre jours sur le circuit de Barcelone. Une seconde séance est prévue le 1er mars pour la même durée sur le même circuit.
Puis les équipes partiront pour l’Australie où le premier Grand Prix débutera officiellement le vendredi 18 mars, soit deux semaines tout juste après la fin des essais hivernaux. Mais les équipes partiront plus tôt pour l’Australie, en général un peu plus d’une semaine avant. Et là commence un grand voyage de plusieurs mois…
20 mars : Australie
3 avril : Bahreïn
17 avril : Chine
1er mai : Russie
15 mai : Espagne
29 mai : Monaco
12 juin : Canada
19 juin : Azerbaïdjan
3 juillet : Autriche
10 juillet : Angleterre
24 juillet : Hongrie
31 juillet : Allemagne
28 août : Belgique
4 septembre : Italie
18 septembre : Singapour
2 octobre : Malaisie
9 octobre : Japon
23 octobre : USA
6 novembre : Mexique
13 novembre : Brésil
27 novembre : Abu Dhabi
Si l'on y regarde de plus près, on peut estimer que les ingénieurs ne vont pas rentrer chez eux de fin février à mai environ, où peut-être le personnel des équipes sera autorisé à faire une halte entre la Russie et l’Espagne. Par la suite ce sont trois doubles week-ends qui s'enchaîneront, avant la fameuse trêve. De retour le 26 août en piste pour un double week-end (Belgique / Italie) avant de partir pour la tournée asiatico-américaine, soit un peu moins de trois mois loin de leur domicile.
Si l'on additionne le tout, on peut estimer qu’un membre d’une équipe de F1 passe en moyenne entre 230 et 260 jours loin de chez eux. Si les instances décident de rajouter une course, cela augmenterait le chiffre de 10 jours minimum.
Même si le personnel d'une écurie de F1 est absorbé par sa passion, cet éloignement de 60% de l’année à travers le monde n’est pas la meilleure des choses pour un équilibre personnel, ce qui impacte indirectement la performance de chacun, et donc, celle du collectif.
Outre le nombre de jours hors de chez eux, le personnel présent sur les circuits travaillent parfois jusqu’à 16 heures par jour, ce qui peut faire jusqu’à 60 heures en quelques jours. Malgré un rythme de travail important, les salaires semblent être juste.
Salaire net moyen annuel selon le journal Marca :
Ingénieur : 110 000 euros
Chef de département conception : 80 000 euros
Analyste télémétrie : 70 000 euros
Ingénieur junior : 50 000 euros
Technicien en conception : 50 000 euros
Chef mécanicien : 60 000 euros
Mécanicien numéro 1 : 50 000 euros
Autres mécaniciens : 45 000 euros
Responsable du transport : 45 000 euros
Chauffeurs : 45 000 euros
Chargé de publicité et de partenariats : 70 000 euros
Assistant de marketing : 24 000 euros
Secrétaire : 24 000 euros
Travailler en F1 reste le rêve de nombreuses personnes, il ne peut se faire aux dépens de la décision d’une fédération qui a tendance à oublier l’Homme dans ses décisions. Un calendrier de 21 ou 22 courses reste une hérésie et va obliger les équipes à trouver des solutions, la plus évidente étant de faire deux équipes de course, ce qui augmentera sensiblement la masse salariale de l’équipe. Plutôt risible à une époque où la tendance de la F1 vise à dépenser moins. Il faut se tenir aux premiers accords, ceux pour lesquels les équipes ont signé, à savoir un calendrier de 20 courses et tenter de les répartir « intelligemment » en regroupant les manches asiatiques ensemble, les manches américaines aussi. Mais cette utopie ne restera qu’au stade de proposition…