Que se trame-t-il en coulisses entre Ron Dennis, grand patron de l’équipe McLaren, et son motoriste Honda ? A quel jeu joue l’homme qui a amené les succès comme les défaites de ses 36 dernières années ? Autant de questions qu’on peut se poser en regardant l’actualité de ces derniers jours. En l’espace d’une semaine, trois déclarations, allant de la fourniture possible d’une autre équipe à un rétropédalage.
Tout commence le week-end du 8 mai. Yusuke Hasegawa, directeur de Honda F1, déclare que le motoriste pourrait être prêt à fournir une autre équipe en 2017, même s’il n’a reçu aucune offre à ce jour. "Nous avons déjà promis à la FIA que nous aurions la possibilité de fournir une deuxième ou troisième équipes, donc nous nous préparons, mais il n'y a pas de plans concrets », déclare-t-il avant de rajouter que "Quand Honda est arrivée en F1, en principe nous devions dire qu'on devait fournir trois équipe, mais, parce que c'était nouveau, la première année nous avons dit fournir une seule équipe, la deuxième année deux équipes et trois équipes la troisième année. Les personnes avec qui j'ai un contrat, le contrat stipule que Honda ne peut fournir que cette équipe et personne d'autre, donc la décision appartient à Honda ».
McLaren a donc une exclusivité avec Honda, contraignant le motoriste à ne se développer qu'avec une seule équipe, chose que ne fait pas Renault, motoriste de sa propre équipe et de Red Bull, ou encore Ferrari et Mercedes, fournissant le reste du plateau. On peut penser qu'il s'agit d'une grave erreur stratégique pour Honda, qui se retrouve à développer son moteur autour d’un châssis qui possiblement ne lui correspond pas ou pis, d'une erreur marketing pour la marque qui est sujet à des performances en dents de scie.
La chose se confirme encore plus à la veille du Grand Prix d’Espagne. Dans une entrevue accordée au magazine F1Racing, Ron Dennis est clair : il n’autorisera pas Honda à fournir une autre équipe en 2017. Il y a une raison à cela, une raison qu’on pourrait définir comme stratégique. Comme il le dit clairement, pour gagner des championnats, il faut que le motoriste se concentre à 100% sur l’équipe qu’il fournit et une fois les succès venant, il pourra envisager la fourniture d’une autre équipe. Pour faire plus simple et plus dans l’esprit "Ron Dennis », "lorsque nous gagnerons le championnat, nous penserons à ce sujet », voilà ce que déclare l’homme à la tête de McLaren.
Une chose à laquelle répond Yusuke Hasegawa durant le vendredi espagnol. Selon ce dernier, Honda n’est pas prêt à motoriser une autre équipe. "Nous ne sommes pas assez solides pour motoriser une deuxième équipe », déclare-t-il.
Voilà les faits exposés. Une chose est certaine, McLaren et Honda sont liés par un contrat bétonné à l’avantage de l’équipe. Cependant Ron Dennis oublie un détail, une nouvelle règle qui entrera en vigueur dès la saison prochaine. Souvenons-nous du cas Red Bull, sans motoriste après un refus de Mercedes et Ferrari de fournir l’équipe. Ce genre de cas ne sera plus possible. La FIA peut imposer aux motoristes fournissant le moins d’équipes d’approvisionner celle qui se retrouve sans moteur. Une règle à laquelle ne coupera pas Honda, qui ne fournit à ce jour que McLaren.
Mais est-ce que cela aura une réelle importance aux yeux de Ron Dennis ? Possible que non. En effet, au début de la saison, on apprend que Toro Rosso vise un contrat de trois saisons avec Honda sur la période 2017-2020. Au vu des dernières déclarations, on sait que l’équipe devra se contenter à nouveau d’un moteur Ferrari passé d’une saison. Cette exclusivité est un problème pour Bernie Ecclestone. "L'année dernière, comme Honda était nouveau, nous avons dit qu'ils ne pouvaient fournir qu'une seule équipe, mais selon les règles, les fabricants doivent avoir la capacité de fournir plus d'équipes. Leur problème (à Honda) a été l'accord exclusif avec McLaren », déclare l’argentier de la F1.
On ne voit pas comment le motoriste arrivera à faire évoluer son moteur à l’avenir, ne devant compter que sur les données et datas récoltés par une seule équipe. D’autant que le châssis de cette dernière a été le fruit de critiques au cours de la saison passée. Si l’ensemble aérodynamique semble bien meilleur que celui de l’an passé, les performances sont loin d’être celles espérées, celles qui pourraient offrir un podium, une victoire voire un titre à l’équipe McLaren. Mais dans la durée, un tel accord est-il viable en F1 ?