L'équipe Mercedes semble adopter un programme de développement très agressif dès le deuxième jour de ces essais hivernaux.
Finis les phases d'observations de la mécanique qui s'étalaient sur la première session annuelle de tests hivernaux, la fiabilité des moteurs et de leurs systèmes hybrides étant avérée,les équipes suivent des programmes de développement très tôt.
Pour preuve, les temps au tour enregistrés hier et aujourd'hui sont en nette progression face à l'an dernier, au point d'être plus rapides que la pole position du grand prix d'Espagne de juin 2015. Les pneus Pirelli ont probablement une grande responsabilité sur ce gain de performance, mais les équipes n'avancent plus sur des œufs comme lors des deux saisons précédentes.
Les nouveaux déflecteurs latéraux apparus ce matin chez Mercedes sont surprenants. Non pas par leur technicité, car on se doutait que l'équipe allait dégainer des innovations pour conserver son avance. Mais rarement les équipes ont dévoilé des innovations aussi tôt dans leurs programmes de test. Habituellement, ces innovations restent cachées, pour conserver les plus longtemps possible l'exclusivité de ces solutions. Cette année, dans la suite du faux S-Duct vu en fin de saison dernière Mercedes semble vouloir taper un grand coup et assommer la concurrence d'entrée de jeu.
Le message semble clair : « nous travaillons dur pour obtenir des titres mérités, si nos concurrents veulent gagner, ils devront travailler eux aussi très dur, nous ne leur laisserons pas la victoire »
A propos des déflecteurs montés dès ce mardi sur les voitures grises, on retrouve des déflecteurs auxquels la Formule 1 était habituée dans les années 90 et 2000 avant qu'ils soient bannis.
Par rapport à leurs prédécesseurs, la position est reculé au plus près des pontons car c'est la seule position maintenant autorisée par le règlement. Le principe de fonctionnement s'approche de celui des ailerons avant. En divisant le déflecteur en de multiples volets, les ingénieurs ont souhaité diminuer la traînée aérodynamique du dispositif sans en réduire l'efficacité.
Il faut savoir que cette zone possède une importance primordiale, car le fond plat sous l'entrée des pontons associé au « splitter » sous les jambes du pilote assurent la moitié de l'effet de sol qui plaque la monoplace sur la piste, à égalité avec le diffuseur à l'arrière. A l'image de Lotus et sa R31 de 2011 dotée de sorties frontales d'échappements qui soufflaient les gaz chauds sous le bord d'attaque des pontons, Mercedes envoie plus d'air sous les pontons grâce à une série de 9 lamelles incurvées, 6 d'entre elles portant les éléments du déflecteur. Le tout formant l'ensemble nommé par les observateurs "Shark Bargeboard".
Les concurrents de Mercedes sont prévenus, l'équipe répondra au coup par coup. La bataille avec Ferrari s'annonce somptueuse si l'équipe Italienne confirme la progression qu'elle a laissé entrevoir.
Par Patrice Véronel responsable technique pour FranceRacing.fr