Pour parler des femmes dans le sport automobile, rien de mieux que de demander aux intéressées de s’exprimer.
En collaboration avec Formula Rapida, nous avons réuni trois de nos rédactrices et actrices du sport automobile lors d’une conférence sur ce sujet. Ainsi, Nina Rochette, rédactrice sur Formula Rapida ; Dorothée Julien, rédactrice sur France Racing et Chloé Hamon, également rédactrice pour France Racing, se sont exprimés sur divers sujets.
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Parlons aussi des femmes dans le milieu du journalisme. On voit que dans le domaine du sport automobile, les femmes commencent à se faire une place. Vous en êtes l’exemple. On voit que les femmes sur les chaines de télévision restent en retrait, que ce soit en France ou en Angleterre. Donne-t-on la possibilité aux femmes journalistes de montrer ce qu’elles valent et ce qu’elles savent ? Nina, comment perçoit-on la femme journaliste dans un paddock, toi qui a fréquenté ceux du GP2/GP3 ?
(Nina) Dans un premier temps, il est important de dire qu’on n’est pas nombreux à être accrédités GP2. On est pas mal de filles à être reléguées au GP2 et au GP3. On est perçu comme journaliste, il y a une méfiance qui se met en place. J’étais présente à Abu Dhabi et avec les essais après la saison, il y avait une certaine méfiance qui s’établit entre les équipes et le journaliste de base. Le fait qu’on soit une fille, on se prend des remarques par les membres des équipes, notamment les mécaniciens.
Il y a réellement une approche « sexiste » venant des membres des équipes ?
(Nina) Les mécaniciens, lorsqu’ils te voient passer, ils te font des remarques, surtout lorsqu’il fait chaud et qu’on est en débardeur. Après, je sais comment cela se passe dans une équipe pour y être dans une. Je sais que les mécaniciens sont assez jeunes dans ces séries.
Chloé, sur les quelques events que tu fais avec ta société, comment te perçoit-on ?
(Chloé) On me perçoit différemment mais les questions qu’on va me poser ne seront pas les mêmes qu’à un homme qui a la même tenue que moi. Par exemple, on va me demander des goodies alors qu’on va demander à un de mes collègues une question plus technique. Dans la tête des gens, une fille est associée à la communication alors que j’aurais pu apporter une expertise à cette question.
En fait, il y a un préjugé dès le départ…
(Chloé) Oui, à chaque fois. Je ne sais pas si c’est le milieu qui fait ça vu que c’est plus en rallye ces derniers temps mais oui, il y en a un.
Nina, tu as été à Hockenheim avec l’équipe Van Amersfoort, donc avec quelque chose qui t’identifiait à l’équipe. Toi aussi, as-tu eu le même cas que Chloé ?
(Nina) A Hockenheim, pour la dernière manche, on ne pose pas des questions techniques aux écuries. On n’est pas là pour nous poser des questions. Je sais que cette différence de traitement existe mais je n’ai pas eu ce sentiment là à Hockenheim.
Dorothée, tu as fait deux meetings au Castellet cette saison. Comment t’es-tu sentie ?
(Dorothée) Je suis plutôt discrète donc je passe inaperçue. Je ne suis pas sûre qu’on me prendrait au sérieux si je venais à faire des interviews, pour demander des informations puisque j’étais en binôme. Le jour où je serai confrontée à ces missions, ce sera compliqué parce que je suis discrète alors il me faudra m’imposer et il est difficile pour nous d’exister professionnellement.
Pourtant, il y a 15 ans, lorsque la presse écrite avait de l’importance, on avait au sein de l’Equipe Anne Giuntini. On a des femmes journalistes qui sont réputées mais pas forcément très appréciées. Depuis qu’il y a moins de presses écrites, l’image prend le dessus, du coup, la femme a du mal professionnellement. Pourtant, ça devrait être l’inverse mais ça reste compliqué.