La fin du programme F1 de Viry-Châtillon est acté pour la fin de saison 2025. L'écurie devrait passer au moteur Mercedes pour 2026. Mais cette décision fait grincer des dents, chez les politiques, mais aussi les employés.

A ce jour, Alpine F1 Team n'a pas encore publié un communiqué officiel pour annoncer la fin de l'exploitation moteur de Viry-Châtillon dès 2026. Pourtant la décision a bien été prise en interne, les employés en ont été informés. Un vrai coup de canif porté au projet F1 côté français, puisque les moteurs Renault sont présents dans la discipline depuis 1977.

Viry-Châtillon écarté, les politiques demandent des comptes

La décision est actée en interne, et il n'y a aucune chance de revenir en arrière. Alpine qui se veut être le "Ferrari à la française", va rouler à nouveau avec des moteurs germaniques dès 2026. En effet, Enstone a déjà utilisé le V6 Mercedes lors de la saison 2015 avant que Renault ne reprenne officiellement l'écurie Lotus laissée en faillite par Gérard Lopez.

Et bien, il ne va pas rester un grand héritage de notre savoir-faire à la française dans la nouvelle règlementation moteur de 2026. L'ensemble des employés de Viry-Châtillon ont néanmoins travaillé sur le futur V6 qui utilisera un carburant 100 % renouvelable, mais il ne servira pas pour la F1. Face à ce gâchis industriel, les politiques s'en mêlent, et les employés pourraient aussi faire une action commune, comme un mouvement de grève.

Claire Lejeune, la députée de la 7ème Circonscription de l'Essonne a publié un communiqué du Nouveau Front Populaire pour exprimer son soutien aux employés de Viry-Châtillon. Elle indique avoir rencontré les salariés et leurs représentants du site Alpine Racing, qui ont tous exprimé leur inquiétude quant à leur avenir professionnel, même si une solution de reconversion ou de formation est proposée à tous les salariés.

Par le présent communiqué, la députée interpelle le ministre de l'industrie et le ministre de l'économie face à cette décision du groupe Renault. Il est rappelé que l'État est actionnaire à hauteur de 15 % au sein de Renault, une situation de sauvegarde des emplois est souhaitée, mais le mal est déjà fait, Renault a avoué un désintérêt total dans la fabrication de son propre moteur F1, au profit de la location de celui de Mercedes. Ainsi, Renault ne permet plus à ses ingénieurs de talent d'exceller au plus au niveau de la discipline reine des monoplaces, la F1.

Un mouvement de grève à venir ?

Si Alpine n'a rien annoncé pour l'heure, Bruno Famin a expliqué la raison : "En France, nous avons des syndicats et un processus social très strict. Et nous ne pouvons prendre aucune décision avant d'avoir atteint la fin de ce processus. Nous discutons avec certains constructeurs de moteurs, mais nous ne pouvons rien signer tant que ce processus n'est pas terminé."

Il insiste sur le fait que les 350 employés de Viry-Châtillon seront tous transférés vers d'autres emplois, mais cela ne veut pas dire que ceux qui travaillent sur le programme de moteur bientôt disparu ne sont pas furieux. "Nous n'avons rien vu venir", a déclaré à L'Equipe, Karine Dubreucq, déléguée syndicale à Viry-Châtillon. "C'est un coup de poignard dans le dos, une trahison pure et simple."

"Nous avons développé ici des moteurs qui étaient suffisamment bons pour devenir champions du monde à plusieurs reprises, et maintenant ce n'est plus possible ?" a-t-elle ajouté. "Ils n'ont même pas attendu le banc d'essai."

Lors du Grand Prix de Belgique, un autre membre de l'équipe déclarait que les premiers retours laissaient croire qu'ils étaient l'égale de Mercedes. "Dans le pire des cas, il y aurait une différence de 15 chevaux. Nous avons tout revu au niveau du turbo" a-t-il ajouté.

Quant à la représentante syndicale Dubreucq, elle pense que l'agitation à Viry-Châtillon pourrait avoir des conséquences pour l'équipe Alpine bien plus tôt que prévu. "Il y a déjà des personnes qui se déclarent malades", dit-elle. "Cela va causer des dégâts."

Un autre employé de l'usine met même en garde contre la possibilité de grèves du personnel. "Nous pourrions très bien ne pas faire démarrer les voitures", aurait prévenu cette source. "Si nous arrêtons maintenant le programme à Viry-Châtillon, il n'y aura plus jamais de moteur Renault en F1."