C'est donc Rosberg qui s'impose pour la première fois de sa carrière, ici à Abu Dhabi, c'est sa troisième victoire de rang après le Mexique et le Brésil. Un regain de performances et de moral pour le pilote allemand, qui lui permet d'entrevoir de meilleurs lendemain pour débuter la nouvelle saison, toujours au sein de l'écurie allemande, AMG-Mercedes F1.
Bienvenue à Abu Dhabi, le second tracé sorti des sables des Émirats Arabes Unis, l'un des joyaux de l'ingénieur Hermann Tilke, qui n'a comme seul intérêt un début de course au crépuscule pour se terminer sous les feux d'artifices au moment de franchir le drapeau à damiers. Nous le savons depuis la veille, c'est le pilote allemand qui a réalisé le meilleur tour de la séance qualificative, il s'élancera en première position avec son coéquipier à ses côtés. C'est sa sixième pole consécutive, un mini championnat pour le pilote allemand qui a redoré son blason au sein de la structure allemande, dont hélas plus aucun enjeu ne viendra pimenter cette dernière épreuve.
Ferrari ayant échoué sur le cas Vettel lors de la première session Q1 du samedi, il devra se contenter de la quinzième place de la grille de départ (initialement qualifié seizième, il profite de la pénalité de 5 places de Grosjean), c'est Räikkönen qui endossera le rôle des chasseurs de Mercedes, si tant est que la Rossa puisse calquer le rythme des flèches d'argent. La Force India de Pérez, qui réalise une saison appliquée, jouera les bouchons mobiles avec les miraculées Williams et Red Bull en embuscade, qui n'ont que partiellement fait évoluer leur monoplace ces derniers temps.
Cette course a la particularité d'avoir une température d'asphalte qui ne cesse de régresser tout au long de la course, les pilotes devront s'en accommoder, tout comme le fait d'adapter leur acuité visuelle avec une luminosité naturelle remplacée par celle artificielle des projecteurs. La piste n'offrant que peu de dénivelés, les difficultés du pilotages se reportent uniquement sur la concentration du pilote a appréhender les nombreux points de freinage en appui, pour négocier idéalement la remise en vitesse de la monoplace.
La course :
Il n'y aura aucune perturbations météorologiques ici à Abu Dhabi (Abou Dabi, en français dans le texte), cette région du globe étant quasi-épargnée des averses tropicales ou subéquatoriales. Fort heureusement, les pilotes ne pâtiront pas de chaleur excessive, en dehors de celles déjà subies par l'intérieur de leur cockpit (pourtant ouverts) où les 60°C sont allègrement atteints. Les pilotes ont à disposition les pneus les plus tendres de la gamme Pirelli, à savoir les Soft (bande jaune) et les SuperSoft (bande rouge), les meilleurs tours effectués en Q2 le samedi définissent les choix pneumatiques pour le début de la course pour les dix premiers seulement, le choix est libre pour les suivants. Ainsi, Vettel, Grosjean, Ericsson et Mehri ayant choisi les Soft (bande jaune) plus endurants pour débuter la course et leur offrant une opportunité d'aller plus loin, pour stopper après les leaders.
A l'extinction des feux rouges, Rosberg en verve ces temps-ci, réussit parfaitement à dompter sa Mercedes et prend un excellent envol, à la différence de son coéquipier sur la grille qui peine à trouver du grip mécanique, pour sa défense il se situe sur le coté sale de la piste. La Ferrari du Finlandais Räikkönen faisant fît de vouloir s'immiscer entre les Mercedes, sans pouvoir prétendre mieux car le premier virage se profile déjà.
A l'arrière du peloton, les velléités des premiers tours frappent déjà après quelques hectomètres, Alonso et Nasr se frottent copieusement, la McLaren de l'Espagnol en sur-vitesse ira harponner la Lotus de Maldonado, bien mauvaise victime collatérale dans cette histoire. Vettel au premier plan a échappé à cette déconvenue. La Lotus est au tapis avec une suspension arrière cassée, la McLaren reprendra son baroud de tourisme avec néanmoins à la clé une pénalité de passage au stand pour Alonso.
Les virages qui suivent nous prouveront encore que les chiens fous du peloton n'ont rien perdu de leur savoir-vivre. Les coups de volants, roues contre roues envoyant leurs adversaires au-delà des limites du tracé ne seront pas inquiétés une seule fois lors de ces premières boucles du tracé d'Abu Dhabi. Ce qui n'est pas puni, et donc de facto ultérieurement toléré, et bien assimilé par les pilotes, il ne faudra donc pas s'émouvoir lorsque certains illuminés prendront des risques sur des tracés à la sûreté et sécurité surannées...
Les quelques Toro Rosso, Red Bull ou autres Williams ayant égaillé quelques zones de dégagements du tracé, il est déjà temps pour certains de procéder à l'habituel et sempiternel round des tours de procession, le schéma galvaudé par l'absence de stratégies efficaces ou courageuses. Nonobstant le piège ici des deux lignes droites affectées à l'activation de l'aileron mobile DRS, c'est chaque année la même ritournelle d'entêtement où les pilotes croient pouvoir prendre l'avantage sur leur adversaire direct dans la première zone, avant que ces derniers ne bénéficient de l'activation dans la seconde ligne. Ce faisant, ces secondes perdues par poignées anéantissent les espoirs des hébétés, mais également leurs poursuivants, qui ne seraient pas à l'abri de détruire leur gommes à l'avant de la course, en se voyant trop exceller, par exemple.
Ainsi, le classement au tour 2 est le suivant : Rosberg, Hamilton, Räikkönen, Pérez, Hülkenberg, Ricciardo, Sainz, Massa, Kvyat et Bottas.
Les premiers arrêts précoces sont amorcés par Kvyat à bord de la Red Bull à la fin du tour 5, qui a bien du mal à se sentir à son aise sur ce tracé faisant la part belle à la puissance moteur, et au grip mécanique, ce qu'il manque précisément à la dernière née de Milton Keynes. Il sera imité une boucle plus tard par Pérez, Ricciardo et Massa. C'est tout naturellement que chacun troque les pneus SuperSoft (bande rouge) pour les pneus plus endurants Soft (bande jaune). Bottas, Verstappen et Button en font tout autant à la fin du tour 8. Les hommes en blanc et bleu de Grove relâchent précipitamment le Finlandais Bottas qui ira casser sa moustache avant sur le pneu arrière droit de Button, qui était en train de s'immobiliser à son stand.
La sanction sera immédiate, le pilote finlandais sera condamné a effectuer un tour à vitesse modérée, et devra regagner son garage pour remplacer son aileron avant. Aucun dommage pour la McLaren de Button qui évoluait proche de la zone des points, sans pour autant pouvoir y prétendre. C'est une énième péripétie des hommes de chez Williams dans les stands, à croire qu'ils essaient de repousser les limites de l'entendement. Les stratégies sont foireuses, les arrêts aux stands sont pires ! Bottas sera pénalisé de cinq secondes sur son prochain arrêt !
Le leader de la course, Rosberg, a la primeur du choix de la stratégie, il rentrera à la fin du tour 10, tout comme Räikkönen. Hamilton décidera de laisser les commandes de la course deux tours plus tard. Vettel est déjà revenu aux avant-postes, mais profite de l'endurance de ses gommes Soft, il est sur une stratégie décalée. Cette première salve d'arrêts aux stands a permis de réordonner la hiérarchie, les écarts se sont même creusés en tête de course, où Rosberg a doublé son avantage face à Hamilton.
Un phénomène déjà constaté l'an passé (et régulièrement sur ces pistes récentes) les déchets de gommes (appelés "marbles" par nos amis britanniques) s'amoncellent en abondance en dehors de la trajectoire. C'est un des maux de la F1 qui résume bien la situation de l'exagération de gestion des gommes par les pilotes au détriment de phases d'attaque sur un circuit tel que celui-ci. Certes la F1 est un compétition où la gestion et le maintien en vie des organes est primordial pour la régularité et la mise en œuvre des stratégies, mais face à de telles carences, les courses terminent bien souvent (trop souvent) comme elles ont commencé !
Le crépuscule déjà bien installé a désormais laissé place aux projecteurs, qui vont peu à peu plonger le circuit sous une lumière artificielle. En piste, quelques pilotes se font surprendre par l'évolution de la piste et leur volonté de donner le maximum pour terminer en apothéose leur saison, comme Verstappen qui use et abuse des freins Carbone. Les Pirelli n'apprécient guère un tel traitement, le pilote néerlandais demande un arrêt aux stands pour se débarrasser de ses pneus endommagés, ce qui lui sera accordé à la fin du tour 20.
C'est enfin à la fin du tour 23 que Vettel arrive avec sa Ferrari au niveau de ses mécaniciens pour changer sa monte pneumatique. Le pilote allemande décide de conserver les mêmes spécifications, à savoir les gommes Soft (bande jaune). Le règlement impose aux pilotes d'user des deux spécifications, il faudra donc au pilote Ferrari effectuer un nouvel arrêt pour utiliser les pneus SuperSoft (bande rouge).
Désormais, le trio de tête caracole devant avec une bonne vingtaine de secondes d'avance sur le reste du peloton, qui soigne son aspect ralentisseur. Les pilotes Force India devançant chacun une Red Bull, avec en arbitre de choix Grosjean sur la Lotus séparant les deux couples ! Tout ce beau monde roule une bonne seconde pleine plus lent que les pilotes Mercedes. Ces mêmes pilotes étoilés qui sont désormais réunit en piste par moins de deux secondes, le pilote anglais ayant enchaîné quelques tours rapides pour s'octroyer une chance de déloger de sa première place, le choyé du moment de Mercedes !
Le classement au tour 30 : Rosberg, Hamilton, Räikkönen, Vettel, Pérez, Ricciardo, Grosjean, Hülkenberg, Kvyat et Massa.
Il est temps pour Rosberg de repasser par la voie des stands pour le second arrêt, il repart avec les gommes Soft à la fin du tour 31, Räikkönen l'imitera un tour plus tard, en revanche pas de nouvelles de Hamilton qui continue seul en piste. Aurait-il décider de modifier la stratégie dictée par Mercedes ? Alors que Vettel ne retarde pas son coéquipier en le laissant passé pour conserver les chances de podium de Ferrari. Le quadruple Champion du Monde stoppera à la fin du tour 39 pour équiper enfin sa Ferrari des pneus SuperSoft afin de réaliser un dernier relais agressif !
Hamilton voyant Rosberg revenir sur lui dixième après dixième à chaque tour, décide finalement de stopper au stand Mercedes à la fin du tour 41. L'Anglais semble perturbé par le choix de son écurie, mais force est de constater qu'il n'a pas adopté le bon rythme pour doubler son adversaire. Il ne pouvait prétendre rester en tête de course à quatorze tours du but en n'ayant seulement que neuf secondes d'avance, avec un Rosberg plus rapide que lui de plus d'une seconde ! Fin de non recevoir pour le Champion 2015.
Sauf coup de théâtre le podium semble établi, les derniers rebondissements de la course ne viendront que du peloton. La cause est entendue par Verstappen qui prend malin plaisir à se défaire d'un Button dont les gommes ont déjà plus de quinze tours à leur actif, contre seulement quelques boucles pour le néerlandais (il a stoppé à la fin du tour 38). La Toro Rosso déborde la McLaren par l'intérieur de la chicane terminant la première ligne droite officiant pour le DRS, mais l'Anglais se défend à ses cotés, obligeant son jeune rival à sortir de la trajectoire. Las de cet affront, Verstappen oublie de jouer les victimes et continue son effort au-delà des lignes blanches matérialisant la piste. Ce faisant il décide de jouer les coupables en tirant un avantage certain des limites du tracé, plutôt que mimant une remise en trajectoire immédiate en remettant la faute sur Button. Le manque d'expérience du pilote Toro Rosso et son pilotage volage lui vaudra une enquête des commissaires qui se traduira par une pénalité de cinq secondes sur son chronométrage final.
Le classement au tour 50 : Rosberg, Hamilton, Räikkönen, Vettel, Pérez, Ricciardo, Hülkenberg, Massa, Kvyat et Sainz.
Grosjean à bord de la Lotus aimerait célébrer son ultime Grand Prix au sein de la structure d'Enstone en inscrivant quelques points, il s'y emploie en revenant sur ses adversaires devant lui. Le pilote français est équipé des pneus les plus véloces, les SuperSoft depuis la fin du tour 43, contre des gommes Soft pour Sainz (depuis la fin du tour 28) et Kvyat qui les a chaussé à la fin du tour 25. Ce n'est qu'un formalité pour la Lotus sous l'effet du DRS qui doublera Sainz dans le tour 53, puis Kvyat le tour suivant, le bloc Mercedes aidant la manœuvre face aux quelques équidés manquant dans le bloc moteur Renault.
Pas de retournement malheureuse en tête de course, Rosberg franchit la ligne en vainqueur, devant son coéquipier Hamilton et Räikkönen sur la Ferrari. Vettel se positionne en quatrième position, il s'élançait depuis la quinzième. Les Force India de Pérez et Hülkenberg terminent la saison en trombe, une cinquième et une septième place finale, Ricciardo est esseulé entre les deux comparses. Massa termine huitième, il signait une seconde place ici l'an passé, il est le rescapé des ses mécaniciens chez Williams qui font tout pour pimenter la course en s'auto-neutralisant !
Grosjean termine donc neuvième pour son chapitre Lotus, il devance Kvyat sur l'autre Red Bull, le Russe conclut une belle saison en terminant devant son coéquipier australien au classement général !
Le classement de la course :
- Rosberg (Mercedes) Vainqueur des 55 tours en 1h38'30"175 (moyenne : 185,99 km/h)
- Hamilton (Mercedes) +8"271
- Räikkönen (Ferrari) +19"430
- Vettel (Ferrari) +43"735
- Pérez (Force India) +63"952
- Ricciardo (Red Bull) +65"010
- Hülkenberg (Force India) +93"618
- Massa (Williams) +97"751
- Grosjean (Lotus) +98"201
- Kvyat (Red Bull) +102"371
- Sainz (Toro Rosso) +103"525
- Button (McLaren) +1 tour
- Bottas (Williams) +1 tour
- Ericsson (Sauber) +1 tour
- Nasr (Sauber) +1 tour
- Verstappen (Toro Rosso) +1 tour*
- Alonso (McLaren) +2 tours
- Stevens (Manor) +2 tours
- Mehri (Manor) +3 tours
Maldonado (Lotus) AbandonVerstappen *5" pénalité pour limites du circuit + 20" pénalité pour drive through ajouté au temps finalMeilleur tour : Hamilton (Mercedes) 1'44"517 Tour 44