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GP de Grande-Bretagne 2015 : Hamilton s'impose sur le gazon anglais.

La neuvième étape du championnat du monde de F1 fait escale au Royaume-Uni, terres hautement symboliques pour la discipline reine, puisque c'est ici que le tout premier Grand Prix de l'histoire de la Formule 1 s'est déroulé en 1950.

Aucun autre pays ne peut donc s'octroyer la genèse de ce sport mécanique envié de tous, regardé et supporté de tous, en accumulant de fait, ses adorateurs, comme ses détracteurs.

Après un Grand Prix bucolique bordé d'Edelweiss et de champs d'Alpine au Tyrol sur les montagnes autrichiennes, c'est un marécage anglais qui nous accueille ici, avec toute la ferveur des aficionados du Tea-Time !
Ce n'est qu'à l'évocation des noms célèbres comme Woodcote, Copse, le trio infernal Maggotts, Becketts et Chapel ainsi que Stowe, qu'on ne peut que définir l'ancien aérodrome militaire officiant dorénavant le circuit de Silverstone !

Rares sont les destinations du calendrier à présent où le nom des virages interpellent le spectateur, synonyme de souvenirs d'antan, évoquant un glorieux passé et préfigurant d'une exaltante course à venir.

Peu de coups d'éclats lors des qualifications du samedi, les flèches d'argent ont verrouillé la première ligne, le pilote local devant son équipier. La surprise viendra de Williams qui aura su tenir son rang de meilleure écurie cliente équipée d'un bloc Mercedes, Massa devant Bottas. Même constant en troisième ligne pour les Rouges de Maranello, où le pilote leader, Vettel, se fait devancer par Räikkönen.

La piste étant peu abrasive et les gommes choisies étant les plus endurantes (Medium et Hard), la stratégie la plus probable semble être celle à un seul arrêt. Le temps en ce dimanche est partiellement nuageux, les conditions climatiques évoluent rapidement en Grande-Bretagne, les risques d'averses sont de 30%. L'air ambiant n'est pas caniculaire, seulement 19°C, l'asphalte est à 32°C.
Pendant son tour de mise en grille, Nasr à bord de la Sauber est victime d'une avarie technique, il rentre à son stand, il n'en sortira plus. Ils ne seront que dix-neuf à s'élancer en course.

Récemment échaudé par son coéquipier allemand, Hamilton va essayer d'inverser la tendance et de concrétiser ses pole-positions. Mis à mal par des réglages de transmission qui ne le convenait pas, il a fait part à son écurie qu'il ferait ses propres choix sur la grille pour prendre le meilleur départ, et ainsi effacer sa bévue de l'Autriche.

A l'extinction des feux rouges, les Mercedes ne s'élancent pas de la meilleure des façons, Massa effectue un départ canon, il double les deux monoplaces grises, et vire en tête au premier virage, Bottas lui emboite le pas.
C'est bien la première fois de la saison que les Mercedes sont en si mauvaise posture, les choix d'Hamilton sur la procédure de départ seront un sujet de discussion rapidement au sein de la structure de Brackley. Hamilton réussit à reprendre une place face à Bottas à Brooklands.

Les Ferrari ne font guère mieux, dépassées par la Force India de Hülkenberg pour Räikkönen, Pérez sur la Force India passera également devant la Ferrari quelques hectomètres plus loin.

Dans ce premier tour, et dans le virage 3 appelé l'Arena c'est un jeu de quille qui s'effondre à l'arrière du peloton. Ricciardo à bord de la Red Bull ayant perdu quelques positions (treizième), se retrouvent englué dans le paquet face à Ericsson d'abord, mais percuté par les pilotes Lotus derrière. Les deux comparses d'ailleurs s'accrochent et c'est la Lotus de Maldonado qui effectuera le meilleure envol, littéralement, puisque la monoplace décollera les quatre roues avant l'abandon. Même sort pour Grosjean qui pose déjà le pied à terre. Cet engrenage causera la perte de Button, le maudit du tracé anglais, qui a été percuté par Alonso en dérive du train arrière dans ce virage 3. Le pilote espagnol rentrera à la fin du tour pour remplacer son aileron avant endommagé.

La voiture de sécurité fait son entrée en piste pour évacuer les monoplaces meurtries.

Le classement pour le top 10 est le suivant : Massa, Hamilton, Bottas, Rosberg, Hülkenberg, Räikkönen, Kvyat, Vettel, Pérez et Sainz.

A la fin du tour 3, la voiture de sécurité s'efface pour relancer la meute, Hamilton alors second, espère profiter de la ligne de course (définie par la rentrée aux stands de la voiture de sécurité) pour prendre le meilleur sur Massa. Peine perdue, le voilà en difficulté au freinage, empruntant la dernière échappatoire avant la ligne de chronométrage, sa remise en vitesse est perturbée, Bottas en troisième position prend l'ascendant. Rosberg, lui, n'y parvient pas.

Alors qu'il était le seul à s'élancer en pneus les plus durs (Hard), Verstappen perd sa monoplace dans Abbey par un coup de raquette du train arrière, dommage le Tournoi de Winbledon est à quelques kilomètres de là. Il ne pourra pas repartir, la course est écourtée pour le turbulent adolescent !
Un autre pilote turbulent dans le peloton, mais désormais loin de la puberté, fait encore des siennes, Vettel essaie de sauver son week-end poussif en tassant copieusement Kvyat sur le vibreur de Woodcote. Ce qui le sanctionnera d'une perte de place par la Force India de Pérez.

Le classement au tour 5 : Massa, Bottas, Hamilton, Rosberg, Hülkenberg, Räikkönen, Kvyat, Pérez, Vettel et Sainz.

Devant les leaders sont lancés à un train infernal que la Force India d'Hülkenberg ne peut suivre, au dixième tour, si les quatre premières monoplaces se tiennent en deux secondes seulement, le récent vainqueur du Mans est déjà renvoyé à une dizaine de secondes.

Nous savons que les Williams à la régulière ne peuvent espérer un tel résultat, leurs deux pilotes occupent les deux premières places, comment l'écurie de Grove va gérer la situation ? La meilleure solution étant de sacrifier un pilote pour contenir l'adversaire (Mercedes) pour contrarier leur stratégie pneumatique, ou les forces à les détériorer.
Mais en piste, nous voyons un autre scénario se dessiner, plus dangereux, puisque les deux pilotes sont en confrontation directe, Bottas à l'aspiration de Massa, et ne parvenant pas à prendre le meilleur. Voilà la démonstration de perte de temps en piste, Mercedes est dès lors rassurer, ils ne perdent, eux, pas de temps, ne cherchent pas à user leur gommes et mettre à mal l'aptitude des pilotes à se concentrer sur un éventuel dépassement à opérer.
Non, ils vont se contenter de rester à distance respectable et d'anticiper l'arrêt aux stands.

Les Ferrari agonisantes ce week-end, sont en décalage de leur prestance, mais également de la performance souhaitée, les voilà qu'elles effectuent consécutivement au tour 13 et 14, leur changement de monte pneumatique, Räikkönen, puis Vettel.

A la fin du tour 19, c'est bien Hamilton qui plonge le premier dans la voie des stands. En observant les meilleurs tours effectués par les Ferrari, le pilote anglais a jugé que le timing était parfait. En effet ses adversaires, Massa et Rosberg stopperont un tour plus tard, un tour trop tard…

Voilà la Mercedes de Hamilton qui se retrouve devant, Bottas esseulé devant rentrera à la fin du tour 21, pour ne ressortir qu'entre Massa et Rosberg. Les Williams désormais bloqué dans le sandwich Mercedes, cela leur servira de leçon. La victoire leur échappe, mais également le podium détenu par les deux pilotes, un seul désormais pourra y prétendre.
Chez Williams, plus que l'héritage de famille, c'est l'héritage de la bêtise des stratégies foireuses qui se perpétue, voyons ce que Smedley essaiera de minimiser pour se dédouaner une nouvelle fois.

Déjà mal engagé le week-end de Ricciardo se terminera dans les stands. Le jeune espoir australien doit trouver le temps long. Le temps, une constante en F1 qui n'est maîtrisable de personne, bien que le slogan de sa formation clame qu'elle donne des ailes, nous y voyons au contraire que comme Icare, il y brûlera les siennes !

Le classement au tour 23 : Hamilton, Massa, Bottas, Rosberg, Räikkönen, Vettel, Kvyat, Hülkenberg, Ericsson et Sainz.

La course ne comptant qu'un seul arrêt aux stands, à cet instant il est presque facile de deviner que les positions seront figées si personne ne commet l'irréparable. Les têtes pensantes ayant déjà déserté depuis fort longtemps le paddock, c'est donc la météo qui va décider de redistribuer les bons points.
Tous les ingénieurs des pilotes annoncent tour après tour que la pluie est imminente, voilà de quoi pimenter le déroulé de la course, et d'apprécier la dextérité des jeunes loups.

Au tour 33, Sainz au ralenti sur sa Toro Rosso depuis le début du troisième secteur, ne trouvera rien de mieux que se ranger dans le dégagement à l'arrière de la grille de départ, un virage en appui à droite, bien souvent surestimé de la part des pilotes. Un endroit bien trop dangereux, mais pourquoi donc se résoudre à poursuivre en piste, après l'entrée de la voie des stands ? La constance est l'instauration de la Voiture de Sécurité Virtuelle, une période pendant laquelle les pilotes roulent au pas, sans l'intervention du véritable véhicule de sécurité, cela pour amoindrir les passages rapides en courbe, et pour conserver les écarts entre chaque pilote.

Alors que cette période de ballet d'Opéra se termine à la fin du tour 35, c'est une autre chorégraphie à laquelle on assiste dans les gradins, les parapluies se déploient. La pluie arrive.

Ce n'est plus un jeu de dupes des stratégies auquel on doit s'attendre, mais aux Olympiades de l'équilibrisme, tant ici, une portion du circuit peut être sèche, pendant que d'autres secteurs à l'opposé peuvent être détrempés.

Rosberg donnera les premiers signes de fébrilité dans le second secteur, sur l'ancienne ligne droite des stands, il part au large, mais grâce aux zones asphaltées, il pourra reprendre sa course. A la fin du tour 38, chez Ferrari on tente un pari en sacrifiant Räikkönen, il chausse les pneus intermédiaires verts.

A bord de la Williams, qui n'aime pas l'eau visiblement, Bottas se bat pour rester sur la partie e la piste offrant la meilleure traction, mais il ne peut éviter que Rosberg prenne l'avantage. L'Allemand roule vraiment à un rythme soutenu, il se rapproche à l'entame du tour 40 de Massa, il le doublera un tour plus tard, au freinage du virage. A présent les Mercedes sont en tête, et rétablisse l'ordre de la grille de départ.

Alors que Rosberg réduisait l'écart face à Hamilton, ce dernier choisit la fin du tour 43 pour équiper sa Mercedes des pneus Intermédiaires. Un choix qu'opère Vettel également à la fin de cette même boucle.
Un tour de trop certainement pour Rosberg en tête, qui ne pourra rien, il reprendre la piste en seconde position mais bien plus loin qu'avant son entrée aux stands.

Le deuxième acte de la tragédie anglaise pour Williams se scellera lors de cette salve de ravitaillements où il ne fallait pas sous-estimer les conditions d'adhérence. Vettel récupère une troisième place inespérée sur piste sèche, les pilotes en blanc ne gouteront pas la saveur du Champagne.

Les ultimes tours avant le drapeau à damiers franchi sous une percée du soleil, ne changeront pas la donne, Hamilton s'impose chez lui en ayant brillamment fait le constat auprès de son employeur que ses propres choix et son feeling de la course avant le départ, son bien désastreux. Les réunions à venir seront épiques.
Il devance Rosberg, qui doit se contenter de cette seconde position, s'étant lui aussi fourvoyé au départ de la course.
Vettel récupère un podium inaccessible à la régulière par les performances de la Scuderia, ici à Silverstone, met cela permet de mettre un terme à la disette des podiums des deux dernières courses passées.

Massa et Bottas, muselés par leur contrats, le premier pour espérer faire de la résistance en F1 (le Brésilien a 34 ans), l'autre pour pouvoir compter encore sur Williams s'il ne peut espérer mieux, ne pourront donc jamais pester contre cette formation dénuée de stratèges !

La seule Red Bull rescapée de Kvyat termine sixième à plus d'une minute. Hülkenberg septième devant Räikkönen et Pérez. Le dernier point revient à Alonso sur la McLaren-Honda, le premier du pilote espagnol sous l'ère McLaren-Honda.

Gaël Angleviel.

Classement de la course :

01- L. Hamilton (Mercedes) Vainqueur des 52 tours en 1h31'27"729 (306.198 Kms – moyenne : 200,87 km/h)
02 - N. Rosberg (Mercedes) +10"956

03- S. Vettel (Ferrari) +25"443

04- F. Massa (Williams) +36"839

05- V. Bottas (Williams) +63"194

06- D. Kvyat (Red Bull) +63"955

07- N. Hülkenberg (Force India) +78"744

08- K. Räikkönen (Ferrari) +1 tour

09- S. Pérez (Force India) +1 tour

10- F. Alonso (McLaren) +1 tour

11- M. Ericsson (Sauber) +1 tour

12- R. Merhi (Manor) +3 tours

13- W. Stevens (Manor) +3 tours

Non Classés :

Sainz (Toro Rosso) tour 31

Ricciardo (Red Bull) tour 21

Verstappen (Toro Rosso) tour 3

Grosjean (Lotus) tour 0

Maldonado (Lotus) tour 0

Button (McLaren) tour 0

Nasr (Sauber) tour 0

Gaël Angleviel

Mon aventure avec les sports mécaniques commence au Monte-Carlo 1987. De rédacteur à auteur, l'écriture est le moteur de ma passion.

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