L'été indien est sur la Lombardie et il sera profitable à Hamilton, qui remporte sa quarantième victoire (se reprochant à une seule unité de son "Maître à penser" : Senna).
Il creuse son avance au championnat sur son équipier, par l'abandon de ce dernier (Rosberg), mais également par la charte interne des contrats paraphés chez Mercedes. Au moment du recueillement suite à la disparition de Wilson, Hamilton mimera une désinvolture envers les défunts en peaufinant son nombrilisme !
Cette première messe dominicale de septembre est l'occasion pour les Tifosi de remplir en masse les tribunes, et ce avec une ferveur ininterrompue depuis 1950 (hormis une infidélité en 1980 où il fallut se déplacer à Imola).
S'imposer à Monza est une gageure pour tout pilote voulant démontrer sa pointe de vitesse, mais également un morceau de bravoure de concentration. En effet, ce tracé aux longues lignes droites est l'antagonisme du circuit de Monaco, aux trajectoires étriquées et virages s'enchaînant plus vite que nulle part ailleurs. Les phases de décrispation des muscles n'étant pas l'apanage du tracé italien, les erreurs sont vite commises par les pilotes, tout au long du Grand Prix, surtout en fin de celui-ci, la fatigue aidant.
Durant ce week-end de course, la nouvelle évolution du moteur Mercedes (dont la totalité des jetons de développement ont été consommé) a connu un premier revers de fiabilité lors de l'ultime séance d'essais libres, le samedi matin, sur la monoplace n°6. Ce dernier ne pouvant plus être utilisé, Rosberg sera contraint d'user d'une ancienne version d'un moteur déjà utilisé à cinq reprises en Grand Prix. Une alerte à prendre au sérieux chez Mercedes, si bien que la première ligne en qualifications n'a pas été verrouillée, les Ferrari s'étant intercalées entre les flèches d'agent.
Cette épreuve sera intégralement disputée sur un temps ensoleillé mais avec une pluie de pénalités avant même le début de la course. Effectivement, après les remplacements d'organes déjà maintes fois vécus cette saison, un nouveau pallier est atteint avec un total de 168 places de recul sur la grille de départ. Les pilotes comme Ricciardo, Kvyat, Verstappen, Sainz, Button et Alonso trustent le fond du classement… Verront-ils les feux rouges s'éteindre ?
Avec 53 tours pour une distance de 306,702 Km, les vitesses maximales atteintes évoluent autour des 350 km/h avec l'aileron mobile ouvert (DRS) et souvent à l'aspiration d'un concurrent. Les pneus mis à disposition par Pirelli sont les Medium (à flanc blanc) pour les composés les plus durs, et les Soft (à bande jaune) officiant comme les plus tendres. La durée de course y étant la plus courte du championnat aux alentours de 1 heure et 20 minutes.
A l'extinction des feux rouges, Hamilton s'élance correctement, il a pu se familiariser avec l'approche plus manuelle du réglage d'embrayage. En revanche pour Räikkönen, sa micro-sieste de concentration, a trop duré… Le Finlandais est resté cloué sur la grille de départ, la faute à sons système d'anti-callage, il s'élance alors que le peloton entier vient déjà de le reléguer derrière.
La première chicane se présente déjà, mais elle ne pourra assagir tous les assauts des pilotes en démonstration de force, certains iront chercher une nouvelle trajectoire par-delà les vibreurs, ayant pour conséquence de rattraper un retard rédhibitoire ici à Monza.
Le cas de Räikkönen étant entendu, c'est la stratégie de la Scuderia Ferrari qui s'envole des espoirs de monopoliser le podium, et ainsi contraindre Mercedes à réagir, plutôt que dérouler aux avant-postes telle leur maestria de démonstration habituelle.
Si le pilote des Rouges, dont le contrat fut récemment renouvelé pour l'an prochain, est tombé dans les limbes du classement, il n'en reste pas moins les deux Williams en obstacle à franchir pour Rosberg, désormais esseulé et à l'abri d'un retour des Force India.
Il faudra noter pour la partie burlesque de ce Grand Prix, que les ennuis de la structure d'Enstone ne semblent pas résorbés, loin de là. Si le podium de Grosjean en Belgique était l'arbre qui cachait la forêt de dettes de l'écurie Lotus, c'est un long baroud d'encombres juridiques (non résolues pour l'heure) que l'équipe s'attend à affronter ! Confisquée de quelques moyens techniques (camions, équipements, soutiens des sous-traitants), Lotus a fait le déplacement d'une survie médiatique pour l'éthique en scandant aux journalistes qui voulaient bien l'entendre que le futur était assuré. Dans le paddock, il aura fallu user de la générosité d'autres écuries pour se fournir en couvertures chauffantes !
Finalement, le dénouement de cette crise financière passera par une épreuve raccourcie pour les deux pilotes, pas plus de 2 tours couverts, l'économie des gommes et du carburant est indéniablement une source de satisfaction pour Enstone !!!!
Le premier tiers de la course sonnera la fin du premier relais, le classement pour le top 10 étant le suivant : Hamilton, Vettel, Massa, Bottas, Rosberg, Pérez, Hülkenberg, Ericsson, Räikkönen, Ricciardo.
En observant le rythme de chacun, le déroulé de la course semble donc inévitable, le scénario semble tout dessiné. Hamilton domine son sujet, Vettel est second dans l'attente d'un retour promis de la seconde Mercedes, qui devra se débarrasser des Williams.
A la porte des points, le clan Renault essaie de faire le maximum pour ne pas essuyer un fâcheux revers, avec un meeting déjà surchargé de soucis techniques avec les nombreuses pénalités à la clé. Quelques points amoindriraient ce calvaire italien.
Alors que Rosberg observe son arrêt à la fin du tour 19, c'est encore une fois un manque de discernement de la part de Williams de demander à leur pilote (Massa) de rentrer un tour plus tard. Incapable d'anticiper la fin de ce relais des Mercedes, c'est une évidence que le pilote allemand avait une meilleure cadence, mais incapable d'exceller en vitesse de pointe pour doubler, les deux monoplaces étant aussi véloces l'une que l'autre en ligne droite.
Ainsi, trois boucles plus tard, Williams nous prouve encore son humour déconcertant de la stratégie ratée, ses deux pilotes étant à présent logées derrière la Mercedes de Rosberg, le tout sur une seule phase d'arrêts aux stands ! C'en devient presque trop facile pour la concurrence d'avoir une Williams devant soi lors des premiers relais.
Il y un sérieux problème oculaire du côté des hommes de Grove, cela fait deux meetings consécutifs qu'ils nous gratifient de leur meilleure désinvolture de stratégie. Après le panachage des spécifications de gommes en Belgique, ici les mécaniciens dormaient au moment où les hommes de Mercedes se sont hâtés à sortir des garages pour effectuer l'arrêt Rosberg.
En effet, comment justifier que les ingénieurs sur le muret des stands, ou que les chefs mécaniciens dans les garages n'aient pas vu le manège orchestré par Mercedes ? Certes, les pilotes Williams étaient devant Rosberg, mais à seulement deux secondes, la réaction des mécaniciens des stands était donc fortement logique.
Mais rien, Williams s'englue encore un peu dans son intolérance à la compréhension des stratégies en F1.
Le classement au tour 31 : Hamilton, Vettel, Rosberg, Massa, Bottas, Pérez, Ricciardo, Hülkenberg, Ericsson et Räikkönen.
Alors que Räikkönen poursuit sa remontée pour tenir éveillé quelques commentateurs officiant pour la télévision, et pour amuser les quelques Tifosi ayant fait le déplacement pour voir du rouge à l'écran. Quelques embuches comme les Sauber et autres Force India passées, voilà le pilote-ambassadeur de marque d'alcool qui se rapproche des 6 premières positions, celles qui restent encore pour certains, les seules créditées des points valables (l'extension du barème ayant été décidé par essence pour contenter les grands constructeurs...qui depuis ont déserté la discipline).
Dans les ultimes tours de course, Rosberg entreprend son objectif de dérober la seconde place de Vettel. Il faut se souvenir que ce dernier (Vettel) n'avait su tenir son rang en Belgique, pensant qu'il devait défendre son podium face à Grosjean… alors que le Français n'est clairement pas l'adversaire de Vettel au championnat.
Le pilote Ferrari est bien entendu en lutte contre Rosberg. On connait la suite avec l'usurpation de stratégie pneumatique qui annihilera tout podium du quadruple Champion du monde.
Aujourd'hui donc, Rosberg augmente la cadence jusqu'à ce que son groupe motopropulseur en décide autrement !
A l'entame du tour 51, le pilote allemand se dirige vers la chicane Variante della Roggia, lorsque celui-ci actionne déjà son extincteur, et abandonne sa monoplace dans la chicane. Le panache de fumée blanche, puis les flammes observées par l'échappement ressemble à une casse d'un piston.
Voilà qui donnera à réfléchir à Mercedes d'utiliser un bloc moteur ayant déjà couvert cinq distances d'un Grand Prix, celui-ci aura été de trop pour la fiabilité.
Voilà qui scelle la fin de la course, ainsi que l'attribution de la Couronne mondiale (s'il était encore permis de douter…), Hamilton remporte une course menée de bout en bout.
Vettel accède à un podium qui ravira les Tifosi, accompagné de Massa (un ex-pilote des Rouges). Bottas n'a pu se débarrasser de son coéquipier, les Williams finissent finalement devant Rosberg, à Monza, c'est à qui perd, gagne…
Räikkönen qui a réchappé de sa sieste de mise en grille, termine cinquième, les Force India font un tir groupé, Pérez devant Hülkenberg. Ricciardo qui s'élançait depuis la dix-neuvième place termine huitième, Ericsson et Kvyat bouclent ce top 10.
Le classement :
01. L. Hamilton (Mercedes) Vainqueur des 53 tours, 306.720 Km en 1h18'00"688 (moyenne : 235,90 km/h)
02. S. Vettel (Ferrari) +25"042
03. F. Massa (Williams) +47"635
04. Bottas (Williams) +47"996
05. Räikkönen (Ferrari) +68"860
06. Pérez (Force India) +72"783
07. Hülkenberg (Force India) +1 tour
08. D. Ricciardo (Red Bull) +1 tour
09. M. Ericsson (Sauber) +1 tour
10. D. Kvyat (Red Bull) +1 tour
11. C. Sainz (Toro Rosso) +1 tour
12. M. Verstappen (Toro Rosso) +1 tour
13. F. Nasr (Sauber) +1 tour
14. J. Button (McLaren) +1 tour
15 W. Stevens (Manor) +2 tours
16. R. Merhi (Manor) +2 tours
17. N. Rosberg (Mercedes) Abandon
18. F. Alonso (McLaren) Abandon
NC. R. Grosjean (Lotus) Abandon
NC. P. Maldonado (Lotus) Abandon