Relancé par la sortie du drapeau rouge consécutive à l’effrayante cabriole de Fernando Alonso, Nico Rosberg a remporté le Grand Prix d’Australie, première manche de la saison de Formule 1. Inspiré en montant les pneus mediums lors de la neutralisation, l’Allemand coiffe son quatrième succès consécutif devant l’autre Mercedes de Lewis Hamilton et la Ferrari du trublion Sebastian Vettel.
La Formule 1 est parfois cruelle avec ceux qui tentent, souvent en vain, de bouleverser une hiérarchie solidement préétablie. Auteur d’un envol supersonique, Sebastian Vettel avait mis toutes les cartes dans son jeu pour tenter de terrasser l’ogre Mercedes dès le Grand Prix d’ouverture de la saison en Australie. Impérial en début de course, le natif d’Heppenheim s’était même constitué un solide matelas d’avance sur la première des deux flèches d’argent pilotée par son compatriote Nico Rosberg avant qu’un événement extérieur ne vienne totalement bouleverser le scénario de cette première course du championnat.
À la lutte avec le revenant Esteban Guttierrez en milieu de peloton, Fernando Alonso part dans une cabriole terrifiante au 16ème tour après avoir été piégé par un changement de ligne intempestif du Mexicain sur la zone de freinage. Si tout le monde craint le pire à ce moment là, le « Taureau des Asturies » parvient à s’extraire seul de sa McLaren en lambeau. Les débris étant trop importants en piste, la direction de course choisit d’interrompre le Grand Prix sous drapeau rouge. Vettel l’ignore encore, mais il vient de perdre toutes chances de coiffer une 43ème victoire en carrière. Tirant habillement parti des libertés offertes par la réglementation, Mercedes chausse les pneus mediums sur la monoplace de Rosberg comme elle l’avait fait quelques minutes plus tôt sur la machine de Lewis Hamilton.
La frayeur Alonso
Remonté en deuxième position à la faveur de la première salve des changements de pneus, le natif de Wiesbaden va patiemment attendre le deuxième passage par les stands de Vettel pour s’emparer de la tête du Grand Prix et ne plus la quitter. Opportuniste à défaut d’avoir été brillant, le fils de Keke coiffe à Melbourne sa 15ème victoire en F1, la quatrième consécutive depuis l’an dernier. « La stratégie était cruciale aujourd’hui, reconnaît le pilote flanqué du numéro 6. Je suis vraiment reconnaissant envers l’équipe, car elle a effectué un travail extraordinaire. Il fallait faire un choix lors du drapeau rouge et nous avons pris la bonne option. C’est incroyable de gagner ici, mais nous devrons surveiller les gars en rouge de près cette année. »
Présentés depuis l’hiver comme la principale force d’opposition au rouleau compresseur Mercedes, les hommes de Maranello ont bien failli rejouer le scénario de Budapest 2015. Installé sur la première place de la grille pour la 50ème fois de sa carrière, Lewis Hamilton manque totalement son envol à l’extinction des feux laissant ainsi le champ libre à la Ferrari d’un Vettel autrement mieux parti que lui. Pire, un tassage en bonne et due forme de son voisin de garage, lui aussi crédité d’une mise en action poussive, dans le premier virage fait plonger le triple champion du monde au 6ème rang tandis que la deuxième pilote de la Scuderia Kimi Räikkönen profite des chamailleries entre les deux anciens amis d’enfance pour subtiliser la 2ème place à Rosberg.
Ferrari l’occasion manquée
Les Ferrari semblent alors lancées sur une voie royale tandis que derrière seule Kevin Magnussen, si on excepte l’abandon de Daniil Kvyat avant même le début du Grand Prix suite à un problème d’électricité sur sa Red Bull, a fait les frais d’un départ relativement calme. Rapidement venu à bout de la Williams de Felipe Massa, Hamilton va pourtant éprouver toutes les peines du monde à se défaire de la Toro Rosso de la révélation du dernier exercice Max Verstappen. Quand Daniel Ricciardo enchaîne les dépassements en piste, éliminant tour à tour la Force India de Nico Hulkenberg et la Williams de Felipe Massa, le champion du monde en titre demeure désespérément bloqué derrière le Néerlandais. Inhabituellement inoffensif dans le combat rapproché, le natif de Stevenage devra, lui aussi, son salut à la stratégie inspirée opérée par Mercedes.
Incapable de dépasser de modestes Toro Rosso, il resta également un long moment coincé derrière l’autre pilote de la petite Scuderia Carlos Sainz après le restart, Hamilton profitera des arrêts de ses adversaires pour décrocher une inespérée deuxième place et offrir à Mercedes le 29ème doublé en F1 de son histoire. Si le Britannique peut s’estimer heureux de terminer sur la deuxième marche du podium tant il aura souffert dans les rues de l’Albert Park, Vettel ne peut pas en dire autant de sa troisième place finale. Privé du précieux soutien de l’autre Ferrari de Räikkönen peu après la relance du Grand Prix, « Ice-Man » étant victime de l’embrassement de son V6 turbo, « baby-schumi » a surtout pâti du manque de réactivité des stratèges de la Scuderia.
Grosjean c’est l’Amérique
Resté en pneus tendres quand ses adversaires directs optaient pour les mediums, l’Allemand ne parviendra jamais à se bâtir une avance suffisante sur la flèche d’argent de Rosberg pour espérer ressortir devant son compatriote à la suite de son deuxième passage par les box au 36ème tour. Un arrêt plus que moyen des mécaniciens de Maranello, une roue avant-gauche récalcitrante faisant perdre trois bonnes secondes à l’ancien pilote Red Bull, et une inhabituelle faute de pilotage à deux tours de l’arrivée empêcheront même Vettel d’espérer accrocher une deuxième place sous le drapeau au damier. « Le drapeau rouge ne m’a pas aidé, concède le quadruple champion du monde. Mais Ferrari est au niveau et nous pouvons mettre la pression sur Mercedes. »
Très beau 4ème de son Grand Prix à domicile, Daniel Ricciardo entame sa saison 2016 sur une bonne note et prouve, malgré des qualifications un peu en deçà, que Red Bull a bel et bien franchi un cap pendant l’hiver. Discret, mais toujours aussi constant, Massa empoche une solide 5ème position à l’arrivée devant la sensation de la journée Romain Grosjean. Plombé par le nouveau, et très hasardeux, système de qualification, le Français a effacé tout le handicap de sa 19ème place sur la grille à la faveur d’une stratégie parfaite. Seul pilote à ne pas s’être arrêté avant l’accrochage Alonso-Guttierrez, le natif de Genève a lui aussi pris le pari de ne plus s’arrêter en montant les pneus les plus durs, les mediums en l’occurrence, de la gamme Pirelli. Un choix payant puisque Grosjean décroche en dépit de la pression de Nico Hulkenberg en fin d’épreuve une sensationnelle 6ème, offrant au passage les tous premiers points de la nouvelle écurie Haas en Formule 1.
Résultat de la course : Rosberg (Mercedes) Vainqueur des 57 tours en 1h48’15″565 (moyenne : 167,526 km/h)
2. Hamilton (Mercedes) +8″0
3. Vettel (Ferrari) +9″6
4. Ricciardo (Red Bull) +24″3
5. Massa (Williams) +58″9
6. Grosjean (Haas) +1’12″0
7. Hülkenberg (Force India) +1’14″1
8. Bottas (Williams) +1’15″1
9. Sainz (Toro Rosso) +1’15″6
10. Verstappen (Toro Rosso) +1’16″8
11. Palmer (Renault) +1’23″3
12. Magnussen (Renault) +1’25″6
13. Perez (Force India) +1’31″6
14. Button (McLaren) +1 tour
15. Nasr (Sauber) +1 tour
16. Wehrlein (Manor) +1 tour
Ericsson (Sauber) Abandon
Raikkonen (Ferrari) Abandon
Haryanto (Manor) Abandon
Gutierrez (Haas) (Abandon)
Alonso (McLaren) Abandon