En dépit d'une atmosphère grandement rafraîchie (16° dans l'air, 26° sur la piste) et d'une légère ondée deux heures avant, c'est sur un tracé sec que les pilotes s'apprêtent à prendre le départ. 40% de chances de pluie pour la course sont annoncés.

La majorité des pilotes s'élancent en pneus tendres, exceptions faites de Russell, Albon, Giovinazzi, Kvyat et Kubica en medium. Le Polonais s'élance par ailleurs des stands.

Comme leurs collègues de F3 ce matin, tout le plateau a rendu hommage à Anthoine Hubert via une minute de silence. Bon nombre de monoplaces et casques portent un autocollant pour la circonstance.

Le départ est donné et Charles Leclerc garde l'avantage, Sébastian Vettel perd sa deuxième place face à Lewis Hamilton pour mieux la récupérer avant les Combes. Mais derrière, la Source fait honneur à sa réputation : Max Verstappen force l'ouverture sur Kimi Raikkonen, la Red Bull faisant légèrement décoller l'Alfa Romeo. Le Néerlandais endommage irrémédiablement sa suspension et tire tout droit dans le Raidillon. Et ainsi se conclut sa série de Top 5 consécutifs, au grand dam de son public.

Derrière, Carlos Sainz a calé et Daniel Ricciardo s'est également fait percuter à l'arrière. Raikkonen, Ricciardo, Sainz en sont quittes pour un arrêt aux stands que le Finlandais reproduira le tour d'après. L'Espagnol lui s'immobilisera avant que la course ne reprenne ses droits.

Ainsi, suite à ces incidents, si les Ferrari et Mercedes sont restées à leur place d'origine, c'est Lando Norris qui fait la meilleure opération en ayant fait l'intérieur à tout le monde. L'Anglais, cinquième, devance les deux Haas de Romain Grosjean et Kevin Magnussen, Sergio Perez, Pierre Gasly et Lance Stroll pour le Top 10.

Le restart intervint au cinquième tour et Leclerc prend immédiatement le large. Bottas se montre dans les rétroviseurs de son équipier aux Combes mais sans résultat, les écarts se creusant petit à petit. La principale lutte oppose Kevin Magnussen et Sergio Perez pour la septième place, le Mexicain finissant par prendre l'avantage sur le Danois au dixième tour. Pierre Gasly l'imite au tour suivant, suivi par Stroll. On constate l'habituelle chute de performances des Haas qui, cependant, épargne Grosjean dans un premier temps.

En tête, Leclerc n'est pas tranquille pour autant, n'évitant pas un tout-droit aux Combes. Dans le même ordre d'idées, Hamilton se rapproche de Vettel mais sans directement le menacer.

La vague de changements de pneus commence au douzième tour avec Hulkenberg. L'Allemand choisit, comme les touchés du premier tour, de se débarrasser des tendres pour continuer en medium. Il repart en fond de classement, dans lequel on retrouve la Red Bull de Alex Albon qui, à cet instant, ne parvient pas à remonter. A l'inverse, Daniel Ricciardo se fait plus pressant derrière lui. Ils seront les suivants à assommer un peu plus Magnussen.

Gasly et Stroll sont les prochains pilotes à effectuer le switch tendres-medium  Mais c'est à l'entame du seizième tour qu'un leader entre dans sa fenêtre stratégique, Vettel en l'occurrence. Perez et Grosjean n'attendent pas plus longtemps.

Si le haut de tableau est calme et stable, les mouvements de milieu de plateau sont quasi-ininterrompus. Raikkonen devient une proie facile avec sa monoplace endommagée du départ tandis qu'une chaude lutte s'entame entre Gasly et Magnussen. Le Français la conclut autoritairement en lui fermant la porte aux Combes. Les commissaires lui brandiront en réponse le drapeau noir/blanc, synonyme d'avertissement pour mauvaise conduite.

Devant toute cette agitation, le public parvint à rendre un nouvel hommage à Anthoine Hubert, applaudissant les monoplaces au cours du dix-neuvième tour, référence à son numéro de course.

Tour 19, pour Anthoine Hubert !

Excellent cinquième depuis le départ, Norris s'arrête au vingtième tour et garde l'avantage face à ses rivaux directs, dépassant rapidement les pilotes sans arrêt comme Giovinazzi et Kvyat.  Puis vient celui de Leclerc au vingt-deuxième passage. Bien trop tard face aux meilleurs chronos de son équipier : il repart derrière Vettel ! Hamilton fait son changement au tour suivant, puis Bottas, sans inversement de position chez Mercedes. Albon et Kvyat font de même.

Vettel paiera t-il sa stratégie décalée ? Pas du tout :  Leclerc remonte avec des bottes de sept lieux. Ne voulant prendre aucun risque, Ferrari demande au champion allemand de faciliter la tâche à son équipier, ce qu'il fait. Pire encore, Vettel se retrouve rapidement à la portée des Mercedes, non sans ouvertement douter de la longévité de ses pneumatiques à la radio.

Après une première tentative non probante à la chicane, Hamilton dépasse finalement son vieux rival au trente-deuxième passage. Une bataille qui éclipse presque les combats rapprochés pour les points, l'un d'entre eux impliquant Alex Albon et Pierre Gasly, avantage au nouveau pilote Red Bull. Albon fera ensuite preuve d'une belle agressivité avec d'autres dépassements, dont un sur Ricciardo à l'extérieur du virage neuf, manœuvre assez rare.

La durée de vie mesurée des medium est mise en évidence non seulement par la chute progressive de Grosjean du Top 10 - Magnussen étant plus loin encore - mais aussi par le choix d'un deuxième stop par certaines équipes. Après Hulkenberg, Vettel prend cette décision mais il se retrouve trop loin pour remonter sur le podium. En revanche, Hamilton grappille un peu de temps sur Leclerc.

Le peloton continue de changer ses positions au gré des stratégies décalées. Daniel Ricciardo a tenté de garder les mediums chaussés dès le premier tour. C'est raté puisqu'il se retrouve éjecté à son tour des points, au profit de Kvyat et Giovinazzi qui finissent eux leur course en tendres. Les deux effectuent un bel effort, partant chacun du fond de grille

La lutte en tête, quoique à distance, reste intense car Hamilton se rapproche progressivement de Leclerc, et les retardataires contribuent à cette tension. Le dernier tour s'avère particulièrement copieux en rebondissements : Hulkenberg dépasse Gasly pour la dixième place. Laquelle devient la neuvième quand Giovinazzi par en tête à queue à la sortie de Pouhon... puis huitième avec Norris arrêté dans la ligne droite avant la Source !

Heureusement pour Charles Leclerc, aucun de ces incidents n'entame sa progression. Le Monégasque remporte enfin sa première victoire en carrière, devant Lewis Hamilton et Valtteri Bottas. Sébastian Vettel sauve la quatrième place et le meilleur tour. De justesse, Alex Albon s'empare d'une très belle cinquième position devant Sergio Perez qui n'a pas manqué de le tasser dans la ligne droite de Kemmel, geste que les commissaires étudieront après coup. Daniil Kvyat, Nico Hulkenberg, Pierre Gasly et Lance Stroll complètent le Top 10 d'une course bien animée.

La victoire de Charles Leclerc dédiée le poing levé vers le ciel pour Anthoine Hubert