La treizième manche du championnat de Formule 1 à Spa-Francorchamps, pour le célèbre Grand Prix de Belgique. Le toboggan des Ardennes belges est le théâtre de la seconde moitié du championnat après la trêve estivale des trois semaines du mois d’Août.
Pour ce retour d'un repos forcé, les organismes vont devoir affronter la seconde moitié de la saison. Il y aura neuf Grand Prix a disputer, soit le nombre de courses que comptait les premières saisons de F1 dans les années '50. Si le titre va se jouer entre les pilotes Mercedes, Lewis Hamilton et Nico Rosberg, l'Allemand a dominé le premier quart de la saison, avant que son équipier ne reprenne les commandes du championnat au soir du Grand Prix de Hongrie.
Fiabilité, je t'aime, moi non plus
Les règles en F1 sont ainsi faites ! Les organes mécaniques sont en nombre limité, il faut donc respecter cette condition, sous peine de sanctions. Lewis Hamilton se savait menacé, car la fiabilité lui a fait défaut en début d'année. Il a donc choisi le tracé de Spa-Francorchamps pour écoper des pénalités pour le remplacement de ses unités de puissance. Il les a même cumulées, comme le permet la spécificité du règlement, les pénalités ne sont plus reportées sur les courses à venir. Ainsi, en remplaçant par trois fois son moteur (et donc d'en disposer de deux neufs pour le reste de la saison), c'est un total de 55 places de retrait sur la grille de départ.
Lewis Hamilton n'a pas pris de risques lors de la séance de qualifications, il n'a effectué que la première session Q1. Il s'élancera quoiqu'il arrive en fin de grille, et un nouveau défi l'attend pour limiter la casse et les points à perdre sur son équipier au classement des pilotes. Est-ce que Mercedes aura fait le bon choix de circuit pour appliquer volontairement ce remplacement de moteurs ? Nous le saurons après le drapeau à damiers.
La Belgique, là où l'on doit se montrer
C'est donc Nico Rosberg qui a décroché la pole position, en ayant opté la même stratégie que ses rivaux en Q2, c'est à dire d'utiliser les pneus Soft, tendres, contre les SuperSoft, super tendres. En effet ce sont ces gommes réalisant le meilleur tour dans la seconde session que les pilotes devront utiliser lors du départ de la course. Avec ces fortes chaleurs, la dégradation des pneus SuperSoft à bande rouge est telle que les équipes essaient de les éviter à tout prix.
Avec une Mercedes en moins sur le haut de la feuille des temps, c'est le quasi-local, régional de l'étape qui s'illustre : Max Verstappen. Le pilote de la Red Bull continue son baroud de carrière avec brio en collectionnant les bonnes performances. Les Ferrari occupent la seconde ligne, avec Kimi Räikkönen qui devance Sebastian Vettel. La seconde Red Bull de Daniel Ricciardo devance les deux Force India de Sergio Pérez et Nico Hülkenberg.
A noter que le pilote russe, Daniil Kvyat continue sa longue descente aux enfers, après sa rétrogradation chez Toro Rosso. Il se qualifie seulement 19ème, quand son équipier Carlos Sainz est 14ème, et pour enfoncer le clou, Pierre Gasly dans le programme junior team de Red Bull, gagne la course longue du samedi en GP2. L'art de se montrer au bon moment, sur un monument de circuit comme l'est Spa-Francorchamps.
La nouveauté de la Belgique, c'est les débuts de Esteban Ocon dans le baquet de la Manor, le protégé de Mercedes. Il a remplacé l'Indonésien Rio Haryanto qui est relégué au rang de troisième pilote. Pour sa première séance de qualifications, il s'élancera derrière son équipier Pascal Wehrlein, mais dans un écart tout à fait acceptable d'une demi-seconde.
La course
A l'extinction des feux rouges, c'est Nico Rosberg qui prend le meilleur envol en direction du virage de la Source. Les Ferrari ont oublié la Red Bull de Verstappen, les monoplaces rouges sont devant le Néerlandais. Sebastian Vettel l'a doublé par sa gauche, Kimi Räikkönen par sa droite, Max Verstappen va tenter de prendre l'intérieur du virage. A bord de la Ferrari, Sebastian Vettel à l'extérieur du virage va harponner Kimi Räikkönen et partir en tête-à-queue, ce dernier heurté à son tour par Max Verstappen qui a voulu rattraper sa bévue du départ.
C'est un peu la foire d'empoigne dès ces premiers hectomètres, à l'issue de la longue ligne droite, les monoplaces louvoient au freinage des Combes, Pascal Wehrlein heurte Jenson Button revenu sur la trajectoire extérieure, gêné par une Renault devant lui.
Le classement au tour 2 : Rosberg, Hülkenberg, Ricciardo, Massa, Grosjean, Bottas, Pérez, Palmer, Magnussen et Gutiérrez.
Au second tour, c'est le pneu arrière droit de la Toro Rosso de Carlos Sainz qui met fin à sa course. Une explosion spectaculaire, mais fort heureusement ne l'envoie pas dans les barrières à hautes vitesse, tout juste à l'agonie dans les dégagements d'herbe, témoin d'une sécurité surannée du tracé.
Quand le Toboggan frappe
Alors que Nico Rosberg s'échappe en tête de la course, Hülkenberg ménage ses gommes pour préserver ses chances de bien s'illustrer d'ici à la fin de la course. Daniel Ricciardo est le troisième homme de ce Grand Prix, les ténors Sebastian Vettel et Kimi Räikkönen sont relégués 16 et 20ème du classement.
Après une petite pause sous régime de voiture de sécurité virtuelle afin que les commissaires de piste collectionnent quelques bouts de carbone, les pilotes reprennent les hostilités pour seulement deux boucles. En effet à l'entame du sixième tour, la Renault de Kevin Magnussen (alors dans les points) talonne et se déleste en haut du Raidillon. La sanction est immédiate, la perte de la motricité à près de 300km/h envoie la monoplace jaune en toupie dans les protections de pneus, le choc est encaissé par l'arrière.
C'est un des angles les plus critiques, bien que la monoplace ait une "crash-box" devant comme derrière, les pilotes ont le dos directement exposé aux chocs, et à la forte décélération ! Sous la violence du choc, nous avons pu voir que l'arceau qui entoure le casque du pilote (pour contenir les mouvements de tête) s'est arraché malgré la présence du pilote encore à bord ! Voilà qui donnera du papier à noircir à la FIA, là où Mercedes avait à son tour testé le système Halo en Essais Libres 1 le vendredi matin.
De l'Eau Rouge au Drapeau Rouge
Fort heureusement, les progrès en F1 ces dernières décennies ont permis d'amoindrir les conséquences de tels chocs. Kevin Magnussen sort indemne de cet accident. On apprendra à la fin de la course que le pilote danois souffre de sa cheville. Les drapeaux jaunes dans le secteur 1 donne l'occasion aux officiels d'annoncer la voiture de sécurité, avant que cette dernière ne laisse la place à un Drapeau Rouge après deux tours du circuit et un peloton regroupé. Désormais les protagonistes rejoignent tous la voie de stands, pour s'y immobiliser et descendre de voiture.
La course reprendra ses droits à 14h41 au tour 10, en voici le classement : Rosberg, Ricciardo, Hülkenberg, Alonso, Hamilton, Massa, Pérez, Kvyat, Palmer et Grosjean pour le top 10.
Alors que Lewis Hamilton se défait de Fernando Alonso, derrière c'est à nouveau les retrouvailles entre Kimi Räikkönen et Max Verstappen. Et elles ne vont pas se dérouler correctement. Le premier acte voit la Ferrari déborder la Red Bull dans la ligne droite de Kemmel, placée à l'extérieur du freinage des Combes le Finlandais et tassé et poussé hors du circuit par le Néerlandais un peu trop remonté depuis le début de la course, et ce premier virage.
La récidive viendra un tour plus tard, où ce dernier réitérera ses frasques dangereux en se décalant assez violemment dans la trajectoire que souhaitait prendre la Ferrari, plus rapide avec son DRS ouvert dans la longue ligne droite. Le Champion du Monde 2007 aura le réflexe de freiner violemment pour éviter l'accident, mais les manœuvre de la jeune recrue de Red Bull commencent à inquiéter le paddock.
Pour voyager loin...
...il faut ménager sa stratégie ! Les fortes températures du week-end ont contraint les pilotes a utiliser les gommes les plus dures pour les longs relais et se débarrasser rapidement des pneus super tendres (SuperSoft). Ainsi, les arrêts aux stands, prématurés pour Max Verstappen (à la fin du tour 15, équipés des enveloppes rouges), et aux alentours des tours 22 pour le reste du peloton, nous donneront le ton et les stratégies adoptées.
Ces échanges de bons procédés terminés, au tour 25 nous avons une nouvelle explication entre Sebastian Vettel qui croise la trajectoire à l'épingle de la Source pour prendre le meilleur sur Max Verstappen. Ce dernier reste dans le sillage de la Ferrari et profite de la longue ligne droite de Kemmel, pour le doubler sous régime de DRS et de virer devant avant le virage des Combes. Le leader Nico Rosberg sera le dernier a changer ses pneus pour des Medium, il avait chaussé des Soft suite à l'interruption sous Drapeau Rouge.
Le classement au tour 28 : Rosberg, Ricciardo, Hamilton, Hülkenberg, Alonso, Massa, Pérez, Vettel, Bottas et Räikkönen pour le top 10.
Ferrari voit rouge
Si le caillou dans la chaussure de Ferrari se nomme Max Verstappen depuis quelques courses, par ses agissements en piste peu sportives et appréciables, c'est aussi le manque de résultats significatifs, quelles qu'en soient les situations de course. Lors des trois derniers Grand Prix, pas une seule combinaison rouge sur le podium, et la situation risque de se reproduire à nouveau. Le tout souligné par le fait que Red Bull inscrit significativement plus de points que les hommes de Maranello, devenant ainsi la seconde force du plateau.
Sebastian Vettel entreprend une remontée pour inscrire de gros points, il peut se placer devant la Williams de Felipe Massa, puis ensuite la McLaren de Fernando Alonso. Il tentera un premier essai au freinage des Combes, avant de bloquer ses roues, à cheval sur le vibreur, le Brésilien en profite pour regagner sa position. Bien aidé par les circonstances de course, la remontée de Lewis Hamilton est tout aussi exceptionnelle. Le pilote anglais a observé un nouvel arrêt à la fin du tour 32 pour troquer ses pneus Soft pour des Medium. Il doit à nouveau dépasser Nico Hülkenberg pour être à nouveau sur le podium. C'est ce qu'il fera au tour 34, aidé par ses gommes neuves et le DRS ouvert.
Rosberg file à l'anglaise
La Ferrari du pilote allemand a réussi à venir à bout de la Williams du Brésilien, ainsi que de la McLaren de l'Espagnol. Laissant ces derniers sous la menace de Valtteri Bottas et Kimi Räikkönen. Chez Williams, il y a du avoir une erreur comptable, car le bouchon Felipe Massa pourrait bien coûter une place au classement constructeurs au clan de Grove. En effet les deux pilotes Force India sont aux avants-postes en 4ème et 5ème position quand les pilotes Williams ne peuvent plus jouer le podium à la régulière désormais.
Classement au tour 39 : Rosberg, Ricciardo, Hamilton, Hülkenberg, Pérez, Vettel, Alonso, Massa, Bottas et Räikkönen pour le top 10.
Quelques boucles plus tard, Valtteri Bottas trouve l'ouverture sur Felipe Massa, une manœuvre qui aurait pu être facilité bien plus tôt et aurait pu peut être préserver une position face à la Ferrari de Sebastian Vettel plus tôt dans la course. Williams est dans une course au point pour sauver sa saison et les apparences, mais c'est le cadet des soucis de Kimi Räikkönen qui subtilise une place à Felipe Massa, dernier dans les points attribués.
Rien ne viendra perturber la quiétude des derniers kilomètres, Nico Rosberg remporte une victoire menée de bout en bout sans réelles menaces, c'est sa vingtième en carrière. Il égale le record de Kimi Räikkönen et Mika Häkkinen. Second sur le podium, Daniel Ricciardo assure une performance de choix pour Red Bull et permet aux hommes de Milton Keynes de maintenir son avance sur Ferrari, encore absent du podium. Lewis Hamilton est bien heureux d'une troisième place finale, depuis sa vingt-et-unième position sur la grille de départ.
Classement de la course :
01. N. Rosberg (Mercedes) Vainqueur en 1h44'51"058 des 44 tours (308.052 Km) (moyenne : 176,23 km/h)
02. D. Ricciardo (Red Bull) +14"113
03. L. Hamilton (Mercedes) +27"634
04. N. Hülkenberg (Force India) +35"907
05. S. Pérez (Force India) +40"660
06. S. Vettel (Ferrari) +45"394
07. F. Alonso (McLaren) +59"445
08. V. Bottas (Williams) +60"151
09. K. Räikkönen (Ferrari) +61"109
10. F. Massa (Williams) +65"873
11. M. Verstappen (Red Bull) +71"138
12. E. Gutiérrez (Haas) +73"877
13. R. Grosjean (Haas) +76"474
14. D. Kvyat (Toro Rosso) +87"097
15. J. Palmer (Renault) +90"165
16. E. Ocon (Manor) +1 tour
17. F. Nasr (Sauber) +1 tour
--. K. Magnussen (Renault) abandon au tour 5
--. M. Ericsson (Sauber) abandon au tour 3
--. S. Sainz (Toro Rosso) abandon au tour 1
--. J. Button (McLaren) abandon au tour 1
--. P. Wehrlein (Manor) abandon au tour 1
Meilleur tour : L. Hamilton (Mercedes) 1'51"583 au tour 40 (moyenne : 225,97 km/h)