Depuis 2012 le calendrier de la F1 n'avait plus accueilli un Grand Prix d'Europe (instauré et inauguré en 1983 à Brand Hacth), c'est chose réparée désormais, avec cette région du Caucase, et l'Azerbaïdjan (ex-URSS), qui nous offre ici une tracé urbain et rapide.
C'est donc un nouvel étendard que la FOM nous présente pour cette course du Grand Prix d'Europe, l'Azerbaïdjan, dont certains (voire tous) pilotes ont du fouler le sol pour la première fois. Les rues de la Capitale, Bakoue, ont été transformées en circuit temporaire pour organiser ce qui représente un défi technique et logistique de la grandeur de la F1. Tous les paramètres ne sont pas (ou peu) ajustés, comme la sécurité, ou la communication presque réduite à néant (ou difficilement perceptible) pour un pays à la culture automobile réduite à la portion congrue.
Si le sujet de la sécurité était omniprésent tout au long du meeting, c'est que le circuit arbore une très longue ligne droite, et que très peu de zones de dégagement sont présentes, du à l'engoncement entre les rails. Ce qui engendra à la moindre difficulté, outre les drapeaux jaunes, ou le déploiement de la voiture de sécurité virtuelle (vitesse limitée pour toutes les monoplaces), il y a un fort risque d'interventions de la voiture de sécurité à gyrophares ! Et là, en découle un jeu de dés pipés pour les stratégies des écuries, c'est à qui perd, gagne !
Pour découvrir les caractéristiques du nouveau tracé de Bakou, retrouver la présentation du Grand Prix d'Europe.
Lors des qualifications du samedi, c'est Rosberg qui a évité les pièges de la promiscuité des rails et des murs en béton. Une dextérité que n'aura pas su mettre en pratique Hamilton, qui a tapé les protections à la sortie du virage 9, lors de la phase Q3, et qui le contrait d'abandonner sa monoplace en dixième position sur la grille de départ.
L'exploit viendra des Force India, celle de Pérez, Hülkenberg ayant au toutes les peines du monde à réitérer ses performances des séances libres, le pilote mexicain a signé le second chronomètre de la sesssion. Néanmoins, son accident des Libres 3, l'obligera a changer sa boite de vitesse, et la pénalité qui en découle de 5 places sur la grille de départ.
C'est donc Ricciardo à bord de la Red Bull qui accompagnera Rosberg, devant les deux Ferrari, dont celle de Vettel qui aura à cœur de réitèrer son envol canon du Canada, il peut y avoir de l'animation en début du premier relais pour la course.
La course :
Les feux rouges s'éteignent et laissent éclater la grille de départ, c'est un bon envol du poleman, suivi par Ricciardo qui s'est mieux élancé mais pas assez pour subtiliser la première place. Les Ferrari restent en embuscade. Les coups de roue dans le peloton provoquent quelques drapeaux jaunes, des moustaches et des bouts de carbone ne moins pour les monoplaces qui ont osé se frotté les unes aux autres.
Les Williams disposent rapidement des Red Bull, leur moteur Mercedes les aident pleinement dans cette longue ligne droite, Bottas oublie Verstappen dans une démonstration de VMAX. Devant la Force India de Pérez presse Räikkönen. Les Ferrari ne sont pas à la fête, celle de Vettel montre des signes de déséquilibre au freinage. Hamilton a pris le meilleur sur Verstappen, profitant de la brèche ouverte par Bottas. Vettel vire second de la course face à Ricciardo, grâce à l'usage du DRS, le différentiel de vitesse sur cette ligne droite est telle, que les dépassement se répéteront inlassablement.
Les Red Bull seront les premières a observer leur premier arrêt, Verstappen à la fin du tour 6 pour opter les pneus Soft, imité un tour plus tard par Ricciardo. Chez Ferrari, on envoie Räikkönen dans les stands à la fin du tour 8, un ordre est donné à Vettel pour se protéger du retour de Ricciardo, mais l'Allemand décide de rester en piste. Alors que la valse des vitesse de pointe dans la ligne de départ / arrivée permet d'échanger les positions facilement, Rosberg en tête creuse l'écart sur Vettel, la Mercedes est intouchable et boucle des tours de une seconde à une seconde et demi plus vite.
Alors que Hamilton va passer par la case des stands à la fin du tour 15, Räikkönen sera pénalisé de cinq secondes pour avoir coupé la ligne d'entrée de la voie des stands. Une sanction facilement évitable, à fortiori pour un pilote de son calibre et son expérience.
Le classement au tour 16 : Rosberg, Vettel, Pérez, Bottas, Ricciardo, Räikkönen, Hülkenberg, Massa, Hamilton et Verstappen.
La Ferrari de Vettel stoppera à la fin du tour 21, elle comptait plus de 20 secondes de retard sur le leader, les hommes en rouge visent un podium à la régulière sans espérer mieux ! Rosberg ne prend pas de risque et rentre aux stands à la fin du tour suivant. Alors que Ricciardo perd une place face à Pérez et son moteur Mercedes combiné au DRS ouvert, Hamilton dans le sillage en profite également, le pilote australien vient de perdre deux positions. Les pilotes Red Bull vont observer d'ailleurs leur second arrêt, peut-être le dernier, ils optent pour des pneus Medium afin de rallier l'arrivée sans repasser par les stands.
Alors que Rosberg continue de creuser son avance aux avant-postes, et que les Ferrari passent les ordres à Räikkönen de laisser passer Vettel, nous apercevons déjà que le pilote finlandais ne pourra conserver son podium. En effet, comme il s'est rendu coupable d'avoir coupé la ligne de l'entrée des stands, il écopera d'une pénalité de 5 secondes sur son temps de course final. La Force India de Pérez revient sur ses talons, il évolue à moins de 3 secondes, on ne voit pas comment le pilote Ferrari peut inverser la tendance.
Le classement au tour 35 : Rosberg, Vettel, Räikkönen, Pérez, Hamilton, Bottas, Hülkenberg, Ricciardo, Massa et Verstappen.
Hamilton est remonté dans le peloton à la cinquième position, mais le pilote anglais ne pourra prétendre mieux aujourd'hui. Malgré la puissance de son bloc Mercedes, cela ne sera pas suffisant, le tracé sinueux du circuit est synonyme de pertes de secondes par poignée lorsque vous évoluez dans le sillage direct de vos adversaires. Incapable de prendre l'ascendant, hormis sous l'influence du DRS, il est impossible de suivre le rythme d'une monoplace sans éroder la bande de roulement des pneus du train avant.
Ce tracé d'accélération-freinage, a fait la part belle aux monoplaces dotées d'un châssis permettant de retranscrire la meilleure motricité. Ce fut le cas des Mercedes et des Force India. Les Red Bull dans une moindre mesure, handicapée ici par quelques unités de puissance manquantes. En revanche, les Williams ont brillé par leur sens placide de leur stratégie bancale, encore une fois ! Et leurs concurrents de renvoyer des monoplaces juste derrière le bouchon, formé par Massa !
Deux autres comportements de pilotes sont à signaler : Celui de Räikkönen qui s'est déjà rendu coupable d'avoir coupé la ligne de l'entrée des stands, et de sa sanction finale sur son temps de course, ce qui dans son cas le condamnera à ne pas être sur le podium, et donc signera un échec pour Ferrari. En effet, il ne perd pas une sixième place, mais une troisième. Lorsque son coéquipier est second de la course, et que les prétendants ne répondent pas tous à l'appel (Hamilton est loin derrière), il est quand même de bonne facture que les outsiders que sont Ferrari, de placer ses pilotes sur le podium, surtout lorsque ces derniers ont démontré le potentiel d'y prétendre. Il n'en sera rien, et le pilote finlandais d'enfoncer le clou à vociférant dans sa radio auprès de ses ingénieurs. S'il voulait une bonne raison de mettre un terme à son contrat avec la Scuderia Ferrari, il ne pouvait pas s'y prendre autrement...
Le second pilote qui accumule les bévues ce week-end est Hamilton, dont son erreur en qualifications, le prive d'une course à l'avant du peloton, et donc d'une place finale sur le podium, ou d'une victoire face à son coéquipier ! Ce dernier faisant des caprices à bord de sa voiture, et feintant de ne pas comprendre les ordres reçus par son écurie, arguant qu'il y a trop de combinaisons possibles avec les boutons de son volant, et que ce dernier ne peut pas conduire dans ses conditions. Une bien étrange attitude de la part d'un Champion du Monde.
En piste, Verstappen tente de limiter la casse, tant la Red Bull n'excelle pas sur le tracé de Bakou. Il parvient à se défaire de Massa sur la Williams, c'est dire si les hommes de Grove ont encore une marge de progression au vue de leurs ambitions et du moteur Mercedes, loin de leur faire défaut ! Devant c'est Ricciardo qui parviendra à prendre le meilleur sur la Force India de Hülkenberg, elle aussi disposant d'une cavalerie teutonne, et pourtant le vainqueur de l'édition 2015 des 24 Heures du Mans a encore écopé d'une stratégie de course loin de pouvoir démontrer tout le talent du pilote allemand. Quelques boucles plus tard, c'est Verstappen qui vire devant Hülkenberg.
Dans le dernier tour de course, c'est finalement Pérez qui se hisse en troisième position, devant Räikkönen, pour la forme et la prestance, car il l'aurait récupérée sur tapis vert. Mais, c'est de loin, l'attitude la moins plausible d'un pilote d'un course, d'attendre qu'une place sur le podium lui revienne sans faire l'effort de prouver qu'il l'a eu au mérite. D'autant plus que le pilote mexicain est en reconquête d'un écurie de pointe depuis son passage chez McLaren. Loin d'être anecdotique, son expérience chez McLaren lui servira pour une autre écurie de pointe, tant le pilote a su mettre à mal son coéquipier Button, Champion du Monde de son état, un talent qui n'est pas donné à tout le monde. Un pilote capable de rentrer dans les points régulièrement, et de glaner la victoire le cas échéant, voilà ce qu'il manque à la Ferrari pour seconder leur pilote n°1 : Sebastian Vettel.
C'est donc Rosberg qui s'impose pour la cinquième fois de la saison, la première pour ce Grand Prix d'Europe. Il profite de la cinquième place de son coéquipier Hamilton pour reprendre un peu d'avance au championnat, qui s'était réduite à 9 unités avant cette course, désormais portée à 24 points, presque l'équivalent d'une victoire. A la seconde place, c'est le pugnace Vettel, qui espère toujours hisser sa monoplace sur la plus haute marche du podium, si tant est que son écurie lui en donne les moyens !
Pérez qui entreprend une grand plan de communication pour sa carrière, ne peut s'y prendre autrement pour draguer les patrons d'écurie plus huppée que sa modeste Force India, ce podium mérité est aligné et calqué avec celui acquis de Monaco, preuve que le pilotage technique et les difficultés ne semblent pas attendrir le pilote mexicain.
Räikkönen dont les nerfs auront finalement tenu la distance, finit en quatrième place, alors qu'un podium lui tendait les bras. Hamilton qui s'est débattu avec ses réglages dont il n'a su saisir les réels bienfaits, se hisse en cinquième position. Bottas est presque un miraculé du clan Williams, tant on a l'impression que les ingénieurs donnent de véritables énigmes à leurs pilotes, le pilote finlandais termine sixième. Les Red Bull de Ricciardo et Verstappen terminent septième et huitième devant la seconde Force India de Hülkenberg et la dernière place dans les points revient à Massa à bord de la Williams.
Résultat de la course :
- Rosberg (Mercedes) Vainqueur des 51 tours (306,049 Kms) en 1h32'52"366 (moyenne de 197,72 km/h)
- Vettel (Ferrari) +16"696
- Pérez (Force India) +25"241
- Räikkönen (Ferrari) +33"102 (pénalité de 5")
- Hamilton (Mercedes) +56"335
- Bottas (Williams) +60"886
- Ricciardo (Red Bull) +69"229
- Verstappen (Red Bull) +70"696
- Hülkenberg (Force India) +77"708
- Massa (Williams) +85"375
- Button (McLaren) +104"817
- Nasr (Sauber) +1 tour
- Grosjean (Haas) +1 tour
- Magnussen (Renault) +1 tour
- Palmer (Renault) +1 tour
- Gutiérrez (Haas) +1 tour
- Ericsson (Sauber) +1 tour
- Haryanto (Manor) +2 tours
Alonso (McLaren) abandon tour 42
Werhlein (Manor) abandon tour 39
Sainz (Toro Rosso) abandon tour 31
Kvyat (Toro Rosso) abandon tour 6
Meilleur tour : Rosberg (Mercedes) 1'46"485 au tour 48.