Chaque année, c'est la fête au Parc Jean-Drapeau sur l'île Notre-Dame en plein coeur de Montréal. Présent au calendrier depuis 1978, non visité en 2009 pour des raisons économiques, il a été longtemps le seul rendez-vous de la F1 en Amérique du Nord. Cependant, en coulisses, les choses ne sont pas celles que l'on pense...

A l'occasion de la trentième édition du Grand Prix du Canada courue à Montréal, en 2008, un nuage épais plane au-dessus de l'île Notre-Dame. Les négociations entre Bernie Ecclestone, grand patron de la F1, et les représentants officiels du Grand Prix québécois : à savoir Gérald Tremblay (Maire de Montréal), Raymond Bachand (Ministre du développement économique, de l'innovation et de l'exportation et Ministre du Tourisme) et Michael Fortier (ancien Ministre du commerce international et Ministre responsable de la grande région de Montréal et négociateur en chef bénévole), sont ardues et la finalité est celle que l'on connaît.

"Les demandes excessives de la Formule Un ne correspondent pas à la capacité de payer des contribuables », déclare M. Tremblay au journal Le Devoir. Il faut avouer que négocier avec Ecclestone n'est pas chose aisée. Certains diront que ses demandes sont "irréalistes », d'autres affirment qu'elles sont "déraisonnables ».

Pour le renouvellement du contrat sur la période 2009 - 2013, l'argentier de la F1 demande :
- la totalité des profits générés par la publicité sur le circuit et aux loges de l'île, soit entre 10 et 13 millions.
- une redevance de 113 millions d'euros pour les cinq années de contrat, soit 22,6 millions par année.

© Formula One - Canada Grand Prix

© Formula One - Canada Grand Prix

Pour pouvoir payer la FOM, les différentes administrations ont accepté de mettre la main à la poche. Les gouvernements du Canada et du Québec ainsi que la mairie de Montréal ont accepté de verser un contribution de 71 millions d'euros, auquel s'ajoute un investissement des gouvernements fédéral et provincial, la Ville de Montréal et Tourisme Montréal de 6,5 millions d'euros. Mais voilà, cela ne convient pas à Bernie Ecclestone qui demande en plus de cette dot, une garantie gouvernementale ou bancaire. Différents ajustements sont négociés par la suite, sans réponse favorable de l'argentier de la F1 qui balaye d'un revers le Canada du calendrier.
Ce sont ainsi entre 48 et 51 millions d'euros de retombées économiques qui s'envolent, estime le journal Le Devoir.

Vers une nouvelle négociation...

Si une entente a été trouvée pour un contrat sur la période 2010 - 2015 pour une redevance annuel d'environ 11 millions d'euros, Bernie Ecclestone n'hésite pas à revenir à la charge en 2012, trois ans avant la fin du contrat initial.

"Les modalités financières seraient différentes. Un montant de 11 millions par année qui n'augmente pas, ça n'existe nulle part ailleurs. Tu as trop bien négocié la première fois, ça a posé des problèmes avec les autres Grands Prix », lance l'argentier de la F1 à Michael Fortier, négociateur à nouveau, selon le site LaPresse.ca.

Les nouvelles conditions sont claires : une hausse de 4% de la contribution gouvernementale dès l'édition 2012 et ça, jusqu'en 2015. Mais ce n'est la seule chose amenée dans cette nouvelle entente. De nouveaux garages entrent dans la discussion. Il faut dire que les installations sont quelque peu vétustes. Mais refaire de telles installations a un prix, un prix de 25 millions d'euros.
Mais qui va payer la facture ? Si le promoteur de la course accepte de payer 10% de celle-ci, le Ministre Denis Lebel représentant la voix d'Ottawa ne peut pas financer sa part, d'un montant de 7,7 millions d'euros. Peu importe, un arrangement est trouvé et la ville de Montréal prend en charge la rénovation en échange d'un plus grand revenu sur les billets.
Comme le rappelle le site LaPresse.ca, chacun des acteurs du Grand Prix (Montréal, Ottawa et Québec) s'acquitte d'un tiers des 170 millions d'euros demandés (145 pour la FOM et 25 pour les garages), sachant qu'un nouvel accord allant jusqu'en 2024 a été signé au bout de deux ans de négociations.

Pour faire simple, voici en quelques chiffres les montants de la nouvelle entente entre le Grand Prix du Canada et la FOM :

  • 170 millions d'euros de contributions gouvernementales versées sur la période, soit 49 millions provenant du gouvernement du Canada, 38 millions du gouvernement du Québec, 35 millions de la ville de Montréal, 48 millions du Tourisme Montréal ;
  • la répartition des revenus des billets se fait comme suit : Ville de Montréal : 46,9% ; Tourisme Montréal : 31,3% ; Ottawa : 14,62% ; Québec : 7,95%.
© Formula One - Canada

© Formula One - Canada

Quelles retombées ?

Une question se pose concernant le Grand Prix du Canada : quelles sont les retombées réelles de la course ? Si on regarde le dernier rapport de l'impact économique du Grand Prix sur l'édition 2015, les retombées sont de 30,5 millions d'euros et les revenus fiscaux générés sont de 4,1 millions pour le gouvernement du Québec et 1,7 millions pour le gouvernement fédéral.
Cependant, les chiffres ne se ressemblent pas d'une source à une autre. La ville de Montréal estime à 64 millions d'euros les retombées du Grand Prix de F1, Ottawa à 51 millions d'euros. Autant dire que le delta entre les sommes est assez important, au vu des sommes engagées par les différentes administrations publiques.

D'un point de vue spectateurs, le Grand Prix a enregistré 93 273 personnes durant le week-end, soit 244 374 entrées sur les trois jours de l'évènement. 67,7% des spectateurs ne sont pas des locaux (résidant dans la région de Montréal). Cela signifie que les activités touristiques de la ville et même de la région ont pu profiter de cet évènement, comme peut le faire Monaco.

Si depuis le début de l'année, Bernie Ecclestone est en discussion avec de possibles promoteurs pour remplacer le groupe Octane, l'actuel du Grand Prix du Canada, rien n'empêche que l'évènement est en grande partie financé par les fonds publics et donc le contribuable, comme dans la majorité des cas. Mais est-ce que dépenser autant d'argent vaut le coup quand on sait que Montréal a dépensé 100 000 euros pour les frais de candidature pour accueillir la Formule E dans ses rues et devrait disposer d'un budget compris entre 7 et 10 millions d'euros pour l'organisation de la course ?

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