De retour en compétition en 2016 (sous forme d’écurie officielle), Renault F1 est un des piliers de la Formule 1, nous vous proposons ici de vous faire vivre la genèse de cette formidable aventure, débutée il y a bientôt 40 ans. Un grand merci à Benoît CASAERT qui vous offre ici un extrait de son ouvrage « Renault en Compétition » et vous raconte l’étonnante épopée du constructeur français à travers les âges de la F1.
1981 : Renault-Elf à son zénith (3ème partie).
4 - Une domination trop tardive
À la fin du mois d’août 1981, la RE 30, arrivée à maturité, malgré une magnifique victoire au Grand Prix de France, ne compte qu’une victoire à son actif au bout de six grands prix disputés. Si sa puissance et sa rapidité sont indéniables, c’est sa fiabilité en course qui fait défaut.
L’équipe Renault-Elf ne peut pas non plus risquer de continuer la saison avec seulement trois voitures. Si jamais par malheur, une des trois RE 30 était détruite, comme le premier châssis le 11 juin, dans un accident, la RE 20B devrait reprendre du service au moins en tant que voiture de réserve ; ce que Gérard Larrousse ne peut permettre. Il ne reste plus qu’à Michel Têtu et à son équipe d’ingénieurs de se mettre à l’ouvrage pour construire un nouveau châssis.
Le 25 août 1981, la toute nouvelle RE 34 effectue ses premiers tours sur le circuit de Croix en Ternois dans le Nord de la France, l’équipe Renault-Elf y faisant escale avant de se rendre sur le circuit de Zandvoort pour disputer le Grand Prix de Hollande, prévu pour le dimanche 30 août 1981. La RE 34 marque le début d’une nouvelle génération de RE 30 et sonne hélas le glas de l’ancienne, reconditionnement des châssis oblige. De l’extérieur, ce qui frappe le plus en regardant cette nouvelle RE 30, est l’inversion des couleurs sur la carrosserie qui lui donne une apparence encore plus étincelante ainsi que l’apparition d’un nouvel aileron avant doté de nouvelles dérives aux angles plus pointus et de couleur jaune. Le capot moteur est légèrement réduit sur les côtés, laissant ainsi apparaître au grand jour les sorties des turbos. Le châssis RE 34 est également plus léger que les autres châssis RE 30 utilisés. Il faut ajouter à cela que les flancs des pontons sont désormais réglables ; ce qui permet le meilleur ajustement possible des jupes par rapport au sol. Quant à René Arnoux, il est toujours au volant de la RE 33 d’ancienne génération, configurée de la même façon que pour le grand prix d’Autriche et décorée « à l’ancienne ». Il fera faire à la RE 30 de première génération son dernier grand prix à Zandvoort où va s’effectuer le passage du témoin entre les deux RE 30.
Alain Prost, au volant de la RE 34, signe, grâce à l’efficacité de sa nouvelle RE 30, la deuxième pole position de sa carrière, tandis qu’Arnoux, au volant de sa vieillissante RE 33 qui a encore de beaux restes, réalise le deuxième temps. Pour la quatrième fois consécutive, les RE 30 ont dominé les séances d’essais malgré un tracé cette fois-ci en principe défavorable aux Renault Turbo, de par les nombreux virages qu’il comporte. De ce fait, la première ligne est à nouveau jaune et noire. Mais rien n’est gagné pour autant. En effet les RE 30 tiendront-elles la distance ? En plus d’être puissante et rapide, la RE 34, représentante de la nouvelle génération de RE 30, fera-t-elle preuve enfin de fiabilité ?
Le départ du Grand Prix de Hollande 1981 est sans aucune surprise. En effet, Alain Prost, au volant de sa RE 34, prend d’emblée la tête de la course. René Arnoux le suit de loin, au volant de sa RE 33, en deuxième position. Il essaye tant bien que mal de couvrir son coéquipier en tête ; mais Alan Jones, au volant de sa Williams FW 07C multiplie ses attaques contre lui et le duel tourne court : Jones dépasse Arnoux et peu avant le 20ème tour, il parvient à rejoindre Prost. Un duel très spectaculaire et du même niveau qu’à Hockenheim, s’engage alors. Jones déboîte et parvient à doubler Prost au 22ème tour. Mais ce dernier ne se laisse pas faire, bien au contraire. Malgré la fougue dûe à sa jeunesse, le jeune loup attend patiemment son heure et prend Jones à son propre piège en le dépassant au virage suivant. Au moment où les deux formules 1 descendent la longue ligne droite des stands, la RE 34 d’Alain Prost est blottie derrière la FW 07C d’Alan Jones. Les deux voitures, roues dans roues, fondent littéralement sur la Tyrrell 011 de l’attardé Eddie Cheever, qui n’a d’autre choix que de les laisser passer. Fin calculateur, Jones laisse passer Prost qui déboîte, mais le réattaque de plus belle au virage de Tarzan. Grâce à la forme relevée de l’épingle et à l’aspiration prise sur la RE 34 de Prost, Jones vire à l’extérieur. La Williams Cosworth et la Renault-Elf Turbo négocient le virage côte à côte. En sortie de virage, la RE 34, opérationnelle et par conséquent, plus rapide que la FW 07C, permet à Prost de reprendre le commandement avec autorité. Le grand Alan Jones, champion du monde en titre est vaincu par le jeune Français qui, faisant preuve d’une étonnante maturité, devient ce jour là, « Le Professeur ». Quelques tours plus tard, Alan Jones paye le prix de ses efforts. Avec des pneus en très mauvais état, il ne peut s’opposer à Nelson Piquet qui le dépasse sans difficulté au volant de sa Brabham BT 49C. En tête de course, la RE 30 a tenu le coup aussi longtemps pour la première fois depuis le Grand Prix de France. La nouvelle RE 34 permet à Prost de remporter une éclatante victoire, après avoir dominé la course de bout en bout. Pour la première fois, la RE 30 a enfin montré tout son potentiel aussi bien au niveau des performances que de la fiabilité. Le Grand Prix de Hollande 1981 restera à jamais le week-end du triomphe de la RE 30 et de Prost : pôle position, domination de la course et enfin la victoire tant attendue. Jamais la RE 30 dans son éphémère histoire ne refera pareille performance. Mais vu la performance de Zandvoort, Alain Prost commence à envisager sérieusement une deuxième victoire consécutive à Monza.
Les semaines précédant le Grand Prix d’Italie, qui doit se tenir sur le circuit de Monza, le dimanche 13 septembre 1981, ne sont pas de tout repos pour l’équipe Renault-Elf. Tous les châssis RE 30 sont reconfigurés comme la RE 34 d’Alain Prost, dont bien sûr, la RE 33 de René Arnoux ; sauf la voiture d’essais, la RE 31 et la RE 32, voiture de réserve, qui conservent encore un temps l’ancienne décoration et l’ancien aileron avant. Néanmoins, la RE 31 subit une série de tests qui donne une idée de la prochaine évolution de la RE 30 : un aileron arrière en fibre de carbone est installé sur la voiture. Les ailerons en carbone sont destinés à remplacer les ailerons en aluminium d’ici la fin de la saison. La RE 32 conserve donc son statut de voiture de réserve comme à Zandvoort.
Arrivé à Monza, Alain Prost alterne les essais entre sa voiture de course, la RE 34 et sa voiture de réserve, la RE 32. Quant à René Arnoux, au volant de sa RE 33, il décroche une nouvelle fois la pôle position ; tandis que Prost, confronté pour la première fois à des problèmes d’adhérence avec sa RE 34, ne peut réaliser que le troisième temps, Prost opte alors pour la RE 32. Avec cette dernière, Alain Prost prend la tête de la course dès le départ du Grand Prix d’Italie, à la première chicane. Mais une averse se déclare quelques tours plus tard et René Arnoux n’est pas aussi chanceux qu’Alain Prost. Il sort de la piste et abandonne au 13ème tour, suite à un accrochage avec la Tyrrell 011 d’Eddie Cheever.
Alain Prost n’est pas inquiété pour autant des infortunes de ses adversaires. La mythique RE 32 se comporte à merveille, si bien qu’après avoir dominé la course de bout en bout en laissant sur place tous ses adversaires, Prost, tel Jim Clark, s’envole vers sa troisième victoire de la saison et franchit pour la deuxième fois consécutive la ligne d’arrivée sous le drapeau à damiers.
Le Grand Prix d’Italie a bien été sans nul doute « le récital de la Renault Turbo » comme l’affirme les journalistes du magazine Grand Prix International.
La RE 30 vient de remporter sa deuxième victoire consécutive de la saison. Au mieux de sa forme, elle semble être partie pour dominer toute la fin de la saison. Mais il s’avéra par la suite qu’en ce dimanche 13 septembre 1981, elle venait de remporter sa troisième et dernière victoire. Après cette domination trop tardive, allait venir le temps plus sombre, entre nous soit dit, des derniers grands prix.
5 - Les derniers Grands Prix
Après ses deux coups d’éclat à Zandvoort et à Monza, la RE 30 pilotée par Alain Prost semble donnée pour favorite du Grand Prix du Canada. Mais les bons résultats de la RE 30 arrivent trop tard. Un titre de champion du monde pour Alain Prost n’est plus envisageable sans un miracle. Il faudrait pour cela que l’équipe Williams ainsi que l’équipe Brabham connaissent la même malchance qui s’était abattue sur l’équipe Renault-Elf au début de la saison. Mais encore faudrait-il également que Prost remporte les deux derniers grands prix de la saison. Dans cette optique, de nombreuses améliorations sont effectuées sur les RE 30. Le système d’injection est complètement transformé. La pompe mécanique est désormais assistée par un petit moteur fonctionnant avec un système électronique ; ce qui permet d’optimiser les dosages. On note également grâce à cela une légère baisse de la consommation ; ce qui est loin d’être négligeable en course. Mais ce nouveau système électronique risquerait d’empêcher les RE 30 de démarrer si jamais par malheur il tombait en panne. Gérard Larrousse ne peut se permettre de prendre ce risque. Ce sera finalement la RE 30B qui inaugurera ce nouveau système au cours de la saison 1982. Néanmoins le V6 Turbo présente un positionnement différent des injecteurs et de nouveaux conduits d’admission. Un autre changement important est effectué au niveau des pneumatiques. Les RE 30 sont en effet équipées de roues avants de 13 pouces et chaussées de gommes Michelin de type X en remplacement des gommes TRX nécessitant des pneumatiques de 14,5 pouces, installés en cours de saison 1980 sur les RE 20 pour résoudre les problèmes de frein. Alain Prost estime le gain de temps obtenu à plus d’une seconde au tour. Grâce à ces modifications techniques, la RE 30 gagne en efficacité en entrée de courbe. Durant les essais du Grand Prix du Canada, elle va subir une dernière évolution aérodynamique. Alors que la RE 33 de René Arnoux n’a, de l’extérieur, subi aucune modification depuis le grand prix d’Italie, la RE 34 d’Alain Prost est dotée de nouveaux ailerons en carbone. La saison 1982 se profile déjà à l’horizon. La RE 33 d’Arnoux, encore équipée d’ailerons en aluminium, va effectuer son dernier grand prix.
Mais sur le tracé sinueux de Montréal, pour la première fois depuis le Grand Prix de France, les RE 30 ne parviennent pas à dominer les séances d’essais. Alain Prost réussit quand même à effectuer le quatrième temps aux essais qualificatifs, tandis que René Arnoux est en quatrième ligne.
Le jour du Grand Prix du Canada, le 27 septembre 1981, une pluie torrentielle s’abat sur le circuit ; si bien qu’à quelques minutes du départ, la piste est largement détrempée. De larges flaques d’eau jonchent le sol. Le départ est impressionnant : les voitures s’élançant à toute allure sur la piste, entraînent la formation d’un épais brouillard d’eau ; tant et si bien que les pilotes sont aveuglés. Alan Jones, au volant de sa Williams FW 07C prend la tête, suivi de très près par Nelson Piquet à bord de sa Brabham BT 49C. On n’avait pas vu cela depuis le Grand Prix de Monaco ! Alain Prost, au volant de sa RE 34 n’est que 3ème tandis que l’infortuné René Arnoux est poussé par la Ferrari 126 CK de Gilles Villeneuve. La RE 33 sort de la piste et vient percuter le mur de pneus. La violence du choc fait que l’aileron avant se détache avec une partie du museau avant. Arnoux est hors course.
En tête du peloton, Jones qui s’efforce tant bien que mal de contenir les assauts de Piquet, fait glisser sa voiture et part en tête à queue. Dans la foulée, Prost au volant de sa RE 34 et Laffite au volant de sa Talbot Ligier JS 17, en profitent pour prendre la tête de la course et se disputer la victoire.
Mais Prost en tête, ne parvient pas à résister aux attaques de Laffite sous une pluie battante, et décide de lever le pied pour laisser passer la Ligier ; tandis que Watson et sa MP4 ne tardent pas à ne faire qu’une bouchée de la RE 34, en difficulté. Puis c’est au tour de Gilles Villeneuve, pourtant à bord d’une Ferrari 126 CK dont l’avant est très endommagé, de dépasser Prost. Ce dernier décide alors de rester sagement derrière pour ramener les quelques points de la quatrième place. Hélas, dans le sillage d’un attardé, Prost ne voit pas la Lotus 87 de Nigel Mansell qui reprend la piste après un tête à queue. La Renault percute alors la Lotus et c’est l’abandon pour Prost. En tête, Laffite l’emporte devant Watson et Villeneuve qui, fidèle à sa légende d’acrobate, termine la course 3ème avec une voiture dépourvue de jupes coulissantes, sans aileron avant et avec le museau avant arraché ! Dans ce déluge d’eau, le règne éphémère de la RE 30 semble s’achever en même temps que l’été.
La saison 1981 va prendre fin à l’occasion du second Grand Prix des États Unis, qui doit avoir lieu sur le circuit du Caesar’s Palace, le plus grand casino de Las Vegas. Tout comme Alan Jones, Alain Prost, quatrième au championnat du monde des pilotes, a perdu toute chance de remporter le titre après le fiasco de Montréal. Pour combler le tout, une grosse angine a tenu Prost alité durant quelques jours. Encore souffrant, il ne parvient pas à faire mieux que le quatrième temps, alors que sa RE 34 se comportait à merveille. Quant à Arnoux, il doit faire face à de nombreux problèmes : le samedi matin, il est victime d’une violente sortie de piste qui endommage très gravement sa voiture de course, la RE 33. Signalons également que la RE 31 et la RE 32 sont restées à Viry Châtillon pour effectuer des tests aérodynamiques en soufflerie en prévision de la saison 1982. Pour la RE 30, c’est le début de la fin...
À cette occasion, Arnoux se voit confier la nouvelle voiture de réserve qui n’est autre que le tout premier châssis RE 30 détruit le 11 juin et reconstruit récemment. Il est rebaptisé RE 30/33 du fait de sa configuration identique à la RE 33 de René Arnoux. La RE 30/33 d’Arnoux est également dotée d’ailerons en carbone comme la RE 34 de Prost. Mais rien y fait : la RE 30/33 n’est manifestement pas encore au point. Du coup, Arnoux ne peut réaliser que le 11ème temps.
Le dernier Grand Prix de la saison, à Las Vegas, le 2 octobre 1981, est plein de rebondissements. Alan Jones prend la tête de la course pour ne plus la quitter par la suite. Mais Carlos Reutemann, un des principaux prétendants au titre avec Nelson Piquet et Jacques Laffite, est trahi par la boîte de vitesse de sa Williams FW 07C. Quant à Alain Prost, au volant de sa RE 34, en quatrième position en début de course, parvient, après avoir pris la précaution d’aller changer au stand ses pneumatiques usagés, à prendre la deuxième place. Nelson Piquet remporte la troisième place et avec elle, le titre de champion du monde des pilotes, grâce aux nombreux points qu’il a récolté tout au long de la saison avec une voiture non réglementaire. On peut également faire la même remarque pour l’équipe Williams qui remporte le titre des constructeurs en toute illégalité. L’équipe Renault-Elf est donc de facto championne du monde des constructeurs et Alain Prost vice-champion du monde derrière Jacques Laffite, véritable champion du monde 1981.
Quant à la RE 30, fleuron de l’équipe Renault-Elf, elle permet à cette dernière de se hisser pour la première fois à la troisième place au championnat du monde des constructeurs. La RE 30B ne fera pas mieux en 1982. Il faudra attendre 1983 et la RE 40 pour voir détrôner la RE 30. Alain Prost doit, quant à lui, se contenter d’une médiocre cinquième place au championnat du monde des pilotes qui n’est aucunement révélatrice du talent dont il a fait preuve durant la saison 1981. L’équipe Renault-Elf va alors mettre tout en oeuvre durant l’intersaison 1981-1982 pour remporter le double titre de champion du monde tant mérité en 1981. Les jours sont désormais comptés pour la vieillissante RE 30.
6 - Derniers tours de piste à Kyalami
C’est en effet aux essais du Grand Prix d’Afrique du Sud, sur le circuit de Kyalami, le samedi 22 janvier 1982, à 14h40, que la RE 30 effectue son dernier baroud d’honneur. La RE 34 de Prost, victorieuse du Grand Prix de Hollande 1981, tire sa révérence après avoir effectué les six derniers tours de sa carrière éphémère. Dans l’indifférence générale, cette vieille RE 30, désormais dépourvue de son majestueux aileron à porte à faux avant en raison de la réapparition des jupes coulissantes, laisse la place à la toute nouvelle RE 30B, plus pataude et moins allurée. Pourtant, la RE 30 avait été essayé par de nombreux journalistes de la presse automobile le 26 novembre 1981 et elle était encore sensée, à cette date, reprendre du service telle qu’elle en 1982. Cela se révéla être un adieu suite à la nouvelle du changement très brutal de règlement, seulement deux semaines avant le début de la saison 1982. Mais l’équipe Renault-Elf était déjà fin prête. Déjà, la RE 30/33, ex RE 30, avait fini d’exister le 22 décembre 1981, transformée très vite en maquette de soufflerie RE 30B/0. La RE 30 subit donc le même sort que la RS 10 et la RE 20. En effet, aucun châssis RE 30 ne fut épargné par la transformation en RE 30B et même par l’annihilation pure et simple. À la fin du mois de janvier 1982, devenue inutile, comble de l’horreur, la RE 31 avait été mise en pièce détachées par Bernard Hanon et confiée à Jean Tinguely pour la réalisation de son abominable sculpture Pit Stop ! Quant à la mythique gagnante du Grand Prix de France et du Grand Prix d’Italie 1981, la RE 32, elle subit le même sort que les autres et fut transformée, le 13 janvier 1982, en RE 30B/5, voiture d’essais qui se trouve désormais à la réserve de l’usine Renault de Flins en région parisienne. La RE 34, mythique victorieuse du grand prix de Hollande 1981, fut transformée en RE 30B/4. Cette dernière finit sa carrière dans le mur de sécurité au Grand Prix de Monaco 1982, à trois tours de la fin, alors qu’elle allait permettre à Alain Prost de remporter sa première victoire en principauté. La RE 33, enfin, voiture de course de René Arnoux du Grand Prix d’Espagne jusqu’au Grand Prix du Canada 1981, aura été la RE 30 qui a eu la vie la plus longue, puisqu’elle ne sera transformée que le 24 juin 1982, en RE 30B/9, aujourd’hui à Flins aux côtés de la RE 30B/5.
Pour les uns cela n’aura été qu’une simple évolution, mais pour d’autres, au contraire, une triste fin pour une si belle et vaillante formule 1.
Quel gâchis ! Quand bien même les autres châssis RE 30 auraient été utiles à l’équipe Renault-Elf pour développer la RE 30B, il reste toujours que la RE 31 aurait pu rester la dernière RE 30 existante aujourd’hui, mais les gens de Renault ne l’ont pas voulu ainsi. Et pourtant la RE 22B avait été confié aux bons soins de la Régie, alors pourquoi n’en a-t-il pas été de même pour la RE 31 ? En fait l’équipe Renault-Elf était tellement occupée à préparer activement la saison 1982 pour se donner les moyens d’être championne du monde, qu’elle n’a pas pensé une seconde à l’histoire et il n’y a que des passionnés pour déplorer la perte de ces fabuleuses voitures qui ne sont pour les gens de Renault que des châssis, autant dire de vulgaires carcasses, des tas de ferraille qui ne servent qu’à gagner des courses et à être champion du monde pour faire de la bonne publicité et gagner ainsi davantage de parts de marché. Moralité, la voiture qui a donné à Alain Prost sa première victoire a cessé à jamais d’exister et le pire de l’Histoire est qu’elle a été oubliée !
Conclusion
Malgré son échec final dans la course au titre, la RE 30 aura finalement sauvé l’équipe Renault-Elf du désastre. Elle aura permis tout de même à Renault Sport de remporter la troisième place du championnat du monde des constructeurs et à Alain Prost, malgré une médiocre cinquième place, d’entrer dans l’Histoire en remportant sa première victoire. Elle restera toujours le météore étincelant de 1981.