Alors que la F1 fait son grand retour sur le circuit Paul Ricard au Castellet, il y a 20 ans, le circuit était mis en vente avant d'être racheté, un an plus tard, par Bernie Ecclestone.
L'histoire du circuit varois commence par son fondateur Paul Ricard. L'homme d'affaires, à la tête des Pastis Ricard, possédait une vaste parcelle près de la ville de Signes. Au départ, il y fait construire un aérodrome. C'était en 1962. En 1969, Paul Ricard décide de faire construire un circuit sur ce même plateau. François Chevalier, directeur du circuit naissant, explique les prémices de la piste qui va accueillir la F1 en 2018.
"Pourtant, en ce 1er décembre 1969 lorsque je viens prendre mes fonctions sur le plateau du Castellet, rien de ce qui permet de pratiquer la course automobile n’existe. Sauf à considérer que les sentiers de chèvres font d’excellents terrains de pilotage et que chênes et buissons ardents valent glissières de sécurité. Non, il n’existe en ces lieux rien d’autre que la farouche détermination d’un homme, Paul Ricard, et les compétences de son bras droit sur le projet, Jean-Pierre Paoli'', déclare-t-il dans une entrevue accordée à François Granet.
Le circuit commence à voir le jour dans les premiers jours du mois de janvier 1970. Le 19 avril de la même année, la piste naît pour l'accueil de la première manche du championnat d’Europe des Prototypes 2 litres. Le grand circuit de 5,8 kilomètres est achevé le mois suivant. Dix mois après le premier coup de pelle, il est inauguré. L'année suivante, la F1 pose ses valises dans le Var, après deux années courues à Clermon-Ferrand.
Pourtant, le circuit aurait pu accueillir la F1 une année plus tôt, bien avant son inauguration. Bernard Constan, alors Président de la FFSA, contacte la direction du circuit.
" 'Vos deux premières épreuves se sont bien passées. Albi devait organiser le Grand Prix de France de Formule 1 en septembre, mais ils ne seront pas prêts. Le voulez-vous ?'. Nous refusâmes : nous n’aurions pas plus été prêts que les Albigeois. En revanche, nous avions fait savoir à Bernard que le Grand Prix 71 nous intéressait. Notre candidature fut acceptée'', explique l'ancien directeur du circuit.
C'est alors que commence une course contre la montre. En effet, il restait beaucoup à faire sur le circuit et surtout, il fallait l'approbation du "Grand Prix Drivers Association''. Pour cela, il fallait, pour le circuit organiser une épreuve probatoire de niveau international. Le Grand Prix de la Méditerranée de Formule 2 est alors organisée. La piste est approuvée par le GPDA et la suite de l'histoire est connue.
De la mort de son fondateur à sa mise en vente
Le 7 novembre 1997, Paul Ricard meurt. Le circuit, qui n'accueille plus la F1 depuis 1990, reçoit encore le Grand Prix de France de Moto et le Bol d'Or. Quelques mois après la mort de son fondateur, le circuit situé près de Signes est en vente. Il faut dire que le circuit n'attire aucun des cinq enfants du fondateur de la Maison Ricard. Très vite, les médias suggèrent l'intérêt d'équipes de F1. Mais en mai 1998, Patrick Ricard, l'homme à la tête de Pernod Ricard, déclare que le circuit n'est plus à vendre.
"Le dossier est clos. Le circuit n'a pas été vendu et ne le sera pas. A la suite de la disparition de mon père, Paul Ricard (décédé le 7 novembre 1997), la famille devait payer les droits de la succession. La cession du circuit était l'un des moyens possibles pour mobiliser des capitaux. Cela ne s'est pas fait dans les temps. Nous avons pris d'autres mesures et la vente du circuit n'est plus nécessaire aujourd'hui'', expliquait-il à La Tribune.
Bernie Ecclestone, nouveau propriétaire du circuit
Il faut attendre mai 1999 pour que le circuit ne soit plus la propriété de la famille Ricard. Ainsi, Bernie Ecclestone rachète le circuit varois. Le patron de la Formula One Association reprend la piste pour un montant situé autour des 150 millions de francs (soit 23 millions d'euros).
La société Excelis, représenté par l'argentier de la F1 lui-même, devient le nouveau propriétaire de la F1. Aussi, le circuit conserve le nom de son fondateur selon un accord conclu entre les parties. Cet accord est valable pendant 30 ans, soit jusqu'en 2029.
"Le but de l'opération est de rendre à ce circuit tout son lustre et d'en faire bientôt l'un des tout meilleurs d'Europe'', déclarait Bernie Ecclestone au journal l'Equipe à l'époque. Sous la houlette de Philippe Gurdjian, il transforme le circuit pour le rendre moderne. L'asphalte prend la place des bacs à sable, le circuit se décompose en 167 combinaisons différentes, un hôtel de luxe voit le jour, l'aérodrome devient un aéroport. Les travaux de rénovation finissent en 2002 et le coût avoisine les 250 millions d'euros.
Ainsi, le circuit prend un nouveau nom : Circuit Paul Ricard High Tech Test Track.