Le verdict du CRB a été rendu ce vendredi dans l'affaire opposant le pilote australien Oscar Piastri avec les deux écuries Alpine et McLaren, et c'est McLaren qui était dans son bon droit.
Avant d'aller plus, petit rappel des faits : Oscar Piastri est membre de l'Alpine Academy, il est soutenu (et sa carrière financée) par l'écurie d'Enstone, il espérait et négociait son arrivée en F1 dès 2023 avec l'écurie au 'A fléché', pour finalement s'apercevoir qu'il nageait en plein milieu d'un panier de crabes.
S'il lui fallait quelques témoignages pour étayer ses doutes, il aurait pu demander les avis des ex-pensionnaires de l'Alpine Academy, Christian Lundgaard ou Zhou Guanyu, pour entendre quelques anecdotes croustillantes.
Le fiasco du dossier Piastri par Alpine
Déboutée par le CRB, Alpine doit sortir le chéquier !
Immédiatement après le verdict rendu, Alpine a communiqué en annonçant qu'ils prenaient note de la décision du CRB (Bureau de Reconnaissance des Contrats) et qu'ils ne feraient pas appel ! Mais à présent, il faut rembourser les frais juridiques et annexes, et c'est Alpine qui régale !
Comme le révèle le toujours bien informé site RacingNews365.com, c'est Alpine qui va devoir sortir le chéquier. En effet, le CRB a décidé que les frais de justice seraient à la charge d'Alpine, concernant toutes les parties impliquées, y compris McLaren et Piastri et les membres du conseil d'administration.
Ainsi, dans le détail, 266 000 € iront à McLaren, 140 000 € au camp Piastri et une somme supérieure à 125 000 € pour les honoraires des membres du conseil. On y ajoute 18 500 € de frais juridiques, ce qui fait qu'Alpine sera plus légère d'un peu plus de 600 000 €, en plus de ses propres frais juridiques.
La farce d'un contrat jamais signé
Après examens des deux dossiers déposés par Alpine et McLaren, les membres du CRB (composés de Ian Hunter, Prof. Klaus Peter Berger, Matthieu de Boisseson et Stefano Azzali), il apparait qu'Oscar Piastri n'avait rien signé avec Alpine pour la saison à venir.
En effet, Alpine s'est contentée d'amener comme preuve, une "feuille de conditions générales et modalités" datée de novembre 2021 qui faisait office de "contrat valide entre Oscar Piastri et Alpine pour un rôle de titulaire pour les saisons 2023 et 2024" selon les informations rapportées par RacingNews365.com.
Suite à ce document, un contrat devait être formalisé dans les 10 jours ouvrés suivant le 15 novembre 2021. Mais à la date butoir expirée, le manager du pilote (Mark Webber) s'est un peu agacé de n'avoir aucune nouvelles de la part d'Alpine, et déclarant auprès de la directrice des affaires juridiques (Bénédicte Mercer) qu'il ne comptait plus les fois où il avait fait patienter le camp Piastri en leur annonçant que ça ne devrait plus tarder.
La réponse de l'intéressée ne manquera pas d'interloquer Mark Webber, sa défense était qu'elle croulait sous le travail à cause du manque d'effectifs aux ressources juridiques de l'écurie. Après un silence radio en janvier 2022, Bénédicte Mercer revient vers Mark Webber en février pour lui annoncer qu'elle n'était pas plus avancée et au contraire toujours débordée mais que tout devrait rentrer dans l'ordre dès le début de la saison.
Quand début mars, la F1 se préparait à disputer le premier Grand Prix de la saison à Bahreïn, Oscar Piastri n'avait toujours pas de contrat signé, ni comme pilote de réserve, ni pour une promesse de titularisation pour 2023. La proposition a été envoyée le 4 mars au camp Piastri, pour qu'il soit finalisé la semaine suivante.
Nager en eaux troubles...
Le contrat du pilote de réserve a été déposé au CRB le 14 mars et celui-ci ne mentionnait rien au-delà du 31 décembre de l'année en cours. Rien n'était stipulé pour une titularisation en 2023. Piastri a reçu ce contrat par l'intermédiaire de ses avocats le 15 mars, du côté d'Alpine on assure qu'il s'agit d'une mesure d'urgence puisque la saison débute 4 jours plus tard et que sans contrat, l'Australien ne peut prétendre à la Super Licence.
Afin d'accélérer la procédure, le service juridique d'Alpine se sert du précédent document de novembre 2021 en y rajoutant la mention "Legal binding Heads of Terms" (l'équivalent de "Fait pour valoir ce que de droit"). Une version modifiée du document que ne possède pas le camp Piastri, évidemment ! En ayant cette pièce à examiner, le CRB a conclu "qu'ils ne pouvaient pas dire si Mme Mercer croyait sincèrement que ces conditions générales étaient juridiquement valables."
Finalement, le 19 mai, Alpine envoie un document au camp Piastri intitulé "Proposition Oscar Piastri 2023/2026" ! Non, il ne s'agissait pas d'un contrat à long terme, mais d'une "feuille de route" ! Cette dernière prévoyait un plan sur 4 ans, avec une saison chez Williams en 2023 et l'année 2024 en prolongation mais avec une clause de sortie (à activer avant le 31 juillet 2023) afin qu'il roule pour Alpine dès 2024. Sinon, il était assuré d'être titulaire à Enstone à partir de 2025 !
Une telle attente qu'Oscar Piastri ne pouvait accepter et Mark Webber a exploré la piste McLaren. Le pilote australien a signé un "Driving Agreement" (un précontrat) le 3 juin 2022 (la semaine entre le Grand Prix de Monaco et d'Azerbaïdjan) et le contrat fut signé le 4 juillet 2022 (le lendemain du Grand Prix de Grande-Bretagne) pour entrer en vigueur dès le 1er janvier 2023 et au lendemain de l'expiration du contrat actuel avec Alpine. Ce contrat avec McLaren est désormais valide et exécutoire, là où Piastri n'avait rien de signé entre ses mains au-delà de 2022 avec Alpine.