Le fan de F1, le prix de la passion

Au fil des années, être fan de F1 est devenu économiquement compliqué. Les prix pratiqués pour les billets, pour le merchandising ou encore pour regarder simplement une course à la télévision n’ont cessé de croitre. Mais quel coût cela représente-t-il vraiment ? Nous avons mené l’enquête.

LA TÉLÉVISION, POSTE DE DÉPENSE DIRECT DES FANS

En 2013, la F1 connaît un cataclysme télévisuel sur le sol français. TF1, diffuseur de la discipline depuis 1992 après un bref passage sur La Cinq, décide de la laisser à Canal Plus. Une nouvelle qui secoue les fans français de F1 qui ne pourront plus profiter de leur course le dimanche en clair. Pis, il faudra s’acquitter d’un abonnement pour voir une Red Bull, une Mercedes ou encore une Ferrari. Une chose que n’accepte pas le fan, développant alors au travers des forums ou des discussions sur les réseaux sociaux la popularité des streaming.
Aujourd’hui, pour regarder la F1, il faut payer 39,90€ par mois, tarif normal de Canal Plus. Parfois, la chaine à péage fait des offres aux alentours de 24,90€ sur six mois ou un an. Si on transpose cela sur une saison de F1 allant de mars à novembre, cela représente un coût de 359,10€.
Mais nous ne sommes pas le seul pays à avoir connu cette révolution. En Finlande par exemple, pays de Kimi Raïkkönen et Valtteri Bottas, la saison de F1 sur MTV3 est à 239,40€ ; en Italie, sur Sky, le montant s’élève à 358,80€, même si la RAI diffuse 10 Grands Prix en direct et le reste en différé, une situation que connaît aussi le Royaume-Uni ; les portugais payent 636€ pour voir la saison, loin des 78€ de la Roumanie. Cependant, de nombreux pays ont gardé une diffusion en clair et gratuite, comme l’Autriche ou encore la Suisse.
Surtout, dire que la F1 était gratuite avant relève un peu de l’hypocrisie puisque chaque foyer équipé d’une télévision paye la redevance, même si celle-ci est redistribuée aux médias publics. Aussi, cette somme était en 2012 presque trois fois moins importante (125€).
Regarder la F1 a un coût pour le fan mais aussi pour la chaîne détentrice des droits. Prenons l’exemple de Canal Plus. Le Grand Prix est diffusé en direct sans aucune coupure pub, chose que nous n’avions pas sur TF1 qui, pour pouvoir amasser des recettes, coupait la course de quatre coupures pubs de trois minutes environ, ce qui lui rapportait environ 210 000€ par coupure pub.
Aujourd’hui, la chaine cryptée paye 29 millions d’euros pour la F1, quelques millions de moins que TF1 qui payait entre 31 et 38 millions à la saison entre 2008 et 2012. Cette somme est bien loin de ce que la Une payait il y a une dizaine d’années (on estime à 10 millions d’euros la saison) ou encore La Cinq en 1991 (4,76 millions d’euros).
Certes, la F1 à regarder coûte chère mais elle permet à la chaine détentrice des droits de payer une partie de la redevance FOM.

ALLER SUR LES CIRCUITS, UN VOYAGE PLUS OU MOINS CHER

Car, si regarder la F1 a un coût, la voir en vrai en a un autre. Selon le dernier sondage GPDA, 25% des sondés ont assisté à un Grand Prix au cours de la dernière année. On comprend mieux la difficulté pour les circuits à remplir les tribunes. La raison peut provenir du prix mais aussi de la distance entre un Grand Prix et le pays du fan. Prenons l’exemple de la France, qui n’a plus de Grand Prix depuis 2008. Les Grands Prix les plus proches sont l’Espagne, Monaco, l’Angleterre, l’Allemagne, la Belgique et l’Italie. Outre le prix du billet sur lequel nous allons revenir après, le coût d’un voyage dans l’un de ses pays représente un budget, que ce soit en voyage lui-même ou en frais d’hébergement. Par exemple, pour l’Espagne, cela représente 406 euros pour le vol Pari-Barcelone et 4 nuits d’hôtel.
A cela, il faut ajouter le prix du billet. Pour se rendre sur le Grand Prix d’Espagne, première manche européenne, le prix le plus bas est à 22€ et ne donne l’accès qu’aux essais libres du vendredi. Voir la course uniquement coûterait entre 80 et 264 euros. Les packs « 3 jours » sont plus avantageux, allant de 90€ en tribune J à 396€ dans le Main Grandstand. Loin des prix pratiqués par Monaco, course « bling bling » du calendrier où assister à la course coûte entre 75€ sur le Rocher et 600€ sur la tribune B.
Aujourd’hui, des sites de ventes privées offrent des packs tout compris à des tarifs très abordables, comme le site numéro 1 en France VentePrivee.com qui proposait un pack 3 jours aux alentours de 300€.
Pourquoi les billets sont-ils si chers ? Pour deux raisons : la redevance à payer à la FOM (avoisinant en général les 20 millions d’euros pour les Grands Prix Européens) et les frais liés à l’organisation. En général, les circuits accusent un déficit une fois l’événement passé.

LES PRODUITS DÉRIVÉS, OBJETS IMPORTANTS POUR LE FAN

Autre dépense à prévoir sur les circuits ou même chez soi : le merchandising. Allant du porte-clefs à la voiture 1:18 en passant par le polo ou la chemise, le merchandising en F1 est devenu un véritable business. Voici un comparatif entre 2000 et aujourd’hui.

On le constate, la plupart des prix ont augmenté d’une manière significative. En 2000, acheter une casquette, un polo et une Ferrari miniature coûtait 115,71€ contre 159€ aujourd’hui. En plus de cela, on peut rajouter les applications pour suivre le live timing mais aussi d’autres données en temps réel dont le coût est de 26,99€ à l’année.

Tout mit bout à bout fait que cela représente un budget. On peut différencier les fans en quatre catégories :
- Le fan "voyou" qui ne paiera que son abonnement internet et regardera les Grands Prix sur un site de streaming ;
- Le fan de base ne paiera alors que son abonnement au diffuseur de la F1, soit environ 360€ ;
- Le fan intermédiaire paiera pour regarder la F1 à la télévision, aura l’application officielle de la F1, sera abonné à un magazine F1, achètera des objets merchandising et assistera au Grand Prix d’Espagne. Cela représente un budget de 1000€ environ (ce prix comprend le voyage de Paris à Barcelone et l’hôtel) ;
- Le « grand » fan paiera pour regarder la F1 à la télévision, aura l’application officielle de la F1, sera abonné à un magazine F1, achètera des objets merchandising et assistera au Grand Prix d’Espagne, d’Angleterre, de Belgique et d’Italie. Cela représente un budget de plus de 3000€ (ce prix comprend le voyage de Paris à la ville la plus proche du Grand Prix et l’hôtel)
La F1, un business ? Oui, pas que pour la FOM…