Courant décembre, nous apprenions par la voie d’une lettre d’intention, la volonté du Ministère de la jeunesse et du sport indonésien de financer à hauteur de 15 millions d’euros la saison 2016 de Rio Haryanto en cas de signature chez Manor. Une idée très intéressante d’autant que les performances du pilote, même si elles seront bien moindres, serviront de vitrine pour le pays et son économie. Cette tendance se généralise depuis quelques saisons.
En effet, des pilotes provenant de pays dits émergents courent sur les circuits aux quatre coins du monde. Le Mexique, représenté par Sergio Perez puis Esteban Gutierrez ; Pastor Maldonado, le vénézuélien connu pour ses hors-pistes ou encore Marcus Ericsson, représentant du milieu scandinave, autant de pilotes portant fièrement les couleurs d’un pays mais aussi profitant de la générosité de leurs gouvernements et/ou entreprises locales.
Le cas Pastor Maldonado en est la preuve. Financé par le gouvernement Chavez (ancien président du pays sud-américain décédé en 2013) via la compagnie pétrolière PDVSA et une dote de l’Etat, le vainqueur du Grand Prix d’Espagne 2012 apportait entre 35 et 40 millions d’euros par saison. Même si le pilote est connu pour ses sorties hors-piste, il n’en reste pas moins une belle vitrine pour son pays et la compagnie pétrolière nationale.
Une pratique qui n'est pas nouvelle
Cette pratique n’est pour autant pas nouvelle. Rappelons-nous d’un certain argentin quintuple Champion du Monde. Juan-Manuel Fangio a reçu un soutien financier du gouvernement de Juan Peron, lui permettant de rejoindre l’Europe et d’inscrire son nom à l’histoire de la F1. Ainsi, il représentait sur le Vieux Continent les couleurs de leur pays et servait aussi à l’intérêt du régime.
L’utilisation marketing d’un pilote s’avère très efficace de nos jours. Représentant d’un pays, sponsorisé par différentes entreprises nationales, il connaît alors un certain confort quant à sa carrière… avant que la FIA en décide autrement.
Au delà de la lettre d’intention du gouvernement indonésien, un détail pèche dans la magnifique conquête du baquet de Manor : la super licence. Instaurée cette saison, la nouvelle règle obligeant un pilote à avoir 40 points au cours des trois dernières saisons selon le barème suivant. Si on regarde le palmarès du pilote indonésien, il ne possède que la moitié des points requis. Même s’il a obtenu la super licence en 2012, celle-ci n’est aujourd'hui plus valide.
Controversée selon certains, juste selon d’autres observateurs, cette règle a été établie suite à l’arrivée en F1 de Max Verstappen, alors âgé de 17 ans. Mais entre les lignes, on peut comprendre qu’elle cherche également à écrémer l'effectif, en éliminant les pilotes payants au talent plus que discutable.
Si la F1 reste un outil de promotion industriel important avec plus de 450 millions de téléspectateurs, 21 courses sur cinq continents, les pilotes « vitrines » ne réussissent pas en F1. Pastor Maldonado est « out » du fait de la conjoncture économique de son pays. Sergio Perez, soutenu par Carlos Slim et ses sociétés, court toujours après sa première victoire et une place dans un top team… Les exemples sont nombreux. Et cette pratique n’est pas prête de s’arrêter en F1 avec l’arrivée de nouveaux pilotes provenant de pays émergents et aux richesses multiples.