A l'occasion de la publication mercredi dernier du livre "Lewis Hamilton, dans l'intimité du champion", qui revient sur la vie et la carrière du septuple champion du monde de Formule 1, nous sommes allés à la rencontre de son auteur, Gaël Angleviel, qui nous explique par quels cheminements et réflexions il est passé pour délivrer ce nouveau témoignage sur un des plus grands pilotes de la discipline reine du sport automobile.
Si pour vous, qui parcourez assidument et avec avidité les publications de FranceRacing.fr, le nom de Gaël Angleviel ne vous est pas inconnu, c'est parce qu'il est avant tout le rédacteur en chef de ce média animé par la passion des sports mécaniques. Mais en plus de cela, il est également auteur de livres. Après avoir publié "Max Verstappen, la rage de vaincre" chez City Éditions en 2024, c'est chez ce même éditeur que vient de paraître son dernier ouvrage : "Lewis Hamilton, dans l'intimité du champion", sur une autre légende de la Formule 1.
Lewis Hamilton, le portrait intime vu par Gaël Angleviel
Cette biographie ne se veut pas conventionnelle. Au lieu de se dérouler de manière classique et chronologique, elle s'attache au contraire à mettre en valeur la dimension humaine du champion du monde britannique, au-delà de tous ses succès. C'est pourquoi, nous avons voulu en savoir plus sur la genèse de cette ouvrage en soumettant quelques questions à son auteur.
Pourquoi écrire un livre sur Lewis Hamilton aujourd’hui ?
Quand City Éditions et Frédéric Veille m’ont demandé d’écrire une biographie sur Lewis Hamilton pour le sortir début 2025, je me suis fait la même réflexion. Je pensais qu’il fallait plutôt attendre une saison complète de courses disputées avec la Scuderia Ferrari. Mais au final, quand on y pense, ce transfert (celui qu’on annonce comme le plus important de ces dernières années) marque un autre tournant de la carrière de Lewis Hamilton.
Alors, c’était effectivement important de narrer tout le parcours de la carrière du champion jusqu’à la signature chez Ferrari (que l’on raconte bien évidemment dans le livre). Les fans de la première heure connaissent très bien la carrière de Lewis, et après les trois dernières saisons compliquées chez Mercedes, on a l’impression de faire une pause, le temps de reprendre son souffle et d’espérer des lendemains meilleurs avec Ferrari. Ce livre sert donc de transition pour le dernier chapitre de la carrière de Lewis.
En ouvrant le livre, on se rend compte qu’il y a peu de chapitres, ce qui peut paraître étonnant pour raconter la vie d’une telle personnalité ; comment l’ouvrage est-il construit ?
Les plus attentifs constateront que le nombre de chapitres est égal à ses titres mondiaux. Il y a effectivement peu de chapitres, mais ces derniers contiennent des sous-parties, plus ou moins nombreuses selon les thématiques abordées. Chaque chapitre explore une facette du pilote et/ou du personnage, donc on sait exactement quel est le sujet que l’on aborde. D’ailleurs, on pourrait totalement lire les chapitres dans l’ordre que l’on souhaite, il n’y a pas vraiment de continuité entre chaque.
Mais lorsqu’on m’a confié ce projet d’écriture, le plan du livre a été assez compliqué à établir. J’ai longtemps hésité pour savoir comment le construire, j’avais les thématiques en tête, mais je ne savais pas vraiment comme les répartir ou les construire. Au final, je trouve que je ne m’en suis pas trop mal sorti, d’autant que j’ai supprimé deux chapitres, qui à la réflexion étaient certainement en trop et peu raccords avec le reste du livre.
On a le sentiment que tu as voulu t’attacher plus à l’homme qu’au pilote, pour quelles raisons ?
Alors effectivement, c’était principalement la directive de l’éditeur. Des livres et biographies sur Lewis Hamilton après ses 7 titres mondiaux, il y en a déjà eu et en français. Donc, on ne voulait pas rééditer une énième biographie pour raconter saison après saison comment Lewis est aller décrocher ces 7 titres mondiaux. Bien sûr que c’est évoqué, mais sous une forme différente. Ici, toute la construction du livre repose d’abord sur l’homme plutôt que le pilote.
Mais comme l’un et l’autre sont indissociables, il est très difficile de s’en échapper. Tout le travail d’écriture consistait à décrire la carrière d’un pilote de F1, mais vu par le prisme des grands témoins du parcours de Lewis. C’est pourquoi il y a beaucoup de témoignages et de déclarations des personnes qui ont évolué à ses côtés tout au long de ces années.
© Scuderia Ferrari
Que représente Lewis Hamilton pour toi ?
J’ai découvert Lewis Hamilton en 2006 en GP2 Series, l’antichambre de la F1 que je suivais assidûment. En revanche, je ne vais pas mentir, il m’était totalement inconnu en 2005. Et je dis ça, car à l’époque les réseaux sociaux n’étaient pas aussi répandus et l’accès aux courses automobiles n’était pas aussi facile qu’aujourd’hui. En 2025, il est très simple de suivre les jeunes qui évoluent en karting et encore plus facile dès qu’ils accèdent à la monoplace, donc on peut déjà avoir une idée qui sera le pilote à suivre.
Alors à l’époque, quand on nous présente Lewis Hamilton, comme un très grand pilote à observer, la pépite à suivre de ces prochaines années, évidemment qu’on écoute les gens du milieu qui nous le disent. Et puis, évidemment que sa couleur de peau est un signal très fort, la diversité en monoplace n’était pas celle (hélas encore trop peu) d’aujourd’hui. J’ai vu la célèbre course en Turquie en GP2 Series, où il commet une erreur, repart dernier, et double un à un ses adversaires pour finir deuxième, du grand art de pilotage, une vraie définition de l’abnégation. Quand j’ai vu ça en piste, inconsciemment j’ai pensé à Ayrton Senna, sans savoir que Lewis était aussi un grand fan du Brésilien.
D’un point de vue sportif, comment juges-tu sa nouvelle association avec Ferrari ?
Je comprends le choix de carrière de Lewis de rejoindre la Scuderia Ferrari et je reste (naïvement ?) encore confiant que le mariage peut fonctionner dès 2026 (ou 2027 ?). Malheureusement, cette saison 2025 nous donne un goût amer d’un bis repetita de 2020, une Ferrari qui se noie, et qui étonnamment use de plus en plus d’une certaine forme de langue de bois de la part de Frédéric Vasseur. Lui qui pourtant, n’utilise habituellement pas ce genre de subterfuge.
Mais c’est aussi une saison de transition, toute la mise au point s’effectue en coulisses, dans le garage, c’est tout nouveau pour Lewis, pour Ferrari, donc ne soyons pas trop attentistes pour 2025. Et puis, Lewis a toujours eu une saison d’apprentissage chez McLaren ou Mercedes, avant d’être champion la saison suivante : rêvons…
Tu as écrit une biographie de Max Verstappen, maintenant une de Lewis Hamilton, comment pourrais-tu comparer les deux hommes et les deux pilotes ?
Les deux hommes ont un point commun : leur lien si fort, nécessaire et crucial avec leur père. Sans les paternels, nous n’aurions jamais connu ces grands champions. Même si ces derniers doivent beaucoup à leur père, leur parcours est quand même très différent. Jos Verstappen avait un peu de finances de sa carrière pilote qu’il a intégralement consacrée à son fils, jusqu’à épuisement total (avant même qu’il n’arrive en F1). Chez les Hamilton, pas d’argent, mais de la ressource, de l’envie, un socle familial très soudé ce qui a permis de faire face à tous les obstacles.
Et puis les Hamilton ont su s’entourer (notamment avec le papa de Jenson Button pour mettre au point les karts), donc les histoires de chacun regorgent d’anecdotes incroyables (décrites dans les livres, évidemment). Quant aux pilotes, le second s’est érigé en adversaire coriace du premier, tous deux ont offert une saison 2021 qui restera dans les mémoires pour longtemps, la comparaison s’arrête là car il est difficile de réellement les mettre sur un même pied d’égalité, ils ne sont pas tout à fait de la même génération.
(Photo by Mark Thompson/Getty Images)
D’un point de vue plus personnel, que t’apporte l’écriture et qu’essayes-tu de transmettre à travers tes ouvrages ?
L’écriture pour une passion qui m’anime au quotidien depuis 1993, c’est l’aboutissement de quelque chose. Plus qu’une passion, c’est devenu une partie de mon métier, donc cela prouve que chacun peut en extraire quelque chose de constructif et positif, même si elle est si chronophage comme la F1. Le jour où m’a proposé le premier livre, j’ai eu du mal à réaliser : quand tu écris un livre, c’est un objet puissant, ça traverse le temps, tu l’as fait, personne ne pourra te l’enlever. Ensuite, c’est un sacré défi, tu exposes ton nom de plume à beaucoup plus de lecteurs qu’un simple article posté en ligne, tu intègres aussi officiellement la famille des auteurs.
Et puis écrire un livre, outre respecter les directives du projet de l’éditeur, c’est écrire pour les lecteurs, pas pour soi. Aussi, j’ai eu beaucoup de mal avec le premier ouvrage, je n’étais jamais content du résultat final. Mais, je cherchais à ce qu’il me plaise, alors que je ne suis pas la cible. Bien sûr, on veut toujours peaufiner et perfectionner le texte, les paragraphes, les chapitres, c’est un travail sur soi-même assez compliqué à accepter. J’espère que la construction des chapitres et la façon dont je déroule l’histoire plaira au plus grand nombre, c’est ce que je cherche absolument à travailler le plus.
Pour finir, tu préférerais écrire une biographie de Lando Norris ou d’Oscar Piastri en fin de saison ?
Je me suis déjà posé la question ! Peu importe à vrai dire. Je prendrai plaisir à écrire une bio sur chacun des pilotes, du moment que je trouve un fil sur lequel tirer. Je pense qu’on peut écrire une bio d’un pilote, peu importe à quel moment de leur carrière se trouve-il. Mais le plus important c’est de se sentir à l’aise avec le plan d’écriture que l’on va aborder. Avec Lewis Hamilton c’était génial, parce qu’en plus de sa jeune carrière en karting, on pouvait évoquer ce parcours si complexe, ses débuts en monoplaces, sa grande carrière en F1 mais aussi tous ses accomplissements en dehors des paddocks, et ils sont nombreux.
Donc, comme on dit dans le métier, on avait du « biscuit ». Il y avait de nombreux sujets sur lesquels s’orienter. Avec des Oscar Piastri ou des Lando Norris, on se limiterait un peu à leur carrière en karting et leurs premiers exploits en F1, mais ça reste aussi intéressant, c’est simplement une bio différente. Mais il y a aussi une autre donnée-clé à prendre en compte : le projet validé par l’éditeur. On ne peut malheureusement pas écrire sur tous les pilotes. On sait par expérience que certains ouvrages ne se vendront pas ! La bio d’un Nico Hülkenberg serait très sympa à faire, mais elle se vendrait bien moins qu’un Lewis Hamilton ! Certains pilotes attirent plus facilement le jeune public comme un Charles Leclerc, Carlos Sainz, Lando Norris ou peut-être Oscar Piastri s’il devient champion 2025 ! On se tient prêt.
Lewis Hamilton, dans l'intimité du champion de Gaël Angleviel - City Editions - 19,00 euros - Déjà disponible, ici !