Les différentes décisions de la semaine passée risquent d'avoir un impact sur le système économique du sport automobile.
Le Coronavirus a bousculé l'ensemble du monde entier, y compris le monde du sport automobile. Annulation d'épreuves, report pour certaines, suspension de championnat pour d'autres, les différents acteurs ont décidé de ne pas lésiner sur les moyens pour qu'il n'y ait pas de contaminations possibles entre les personnes présentes sur un lieu donné.
Ce revirement de situation bouscule tout ce qui a pu être décidé la saison passée. Les calendriers sont revus pour permettre la tenue des championnats avec le minimum d'épreuves prévus dans les accords commerciaux, quitte à les rendre indigestes pour les acteurs de la discipline. Cependant, à l'heure actuelle, les décisions pourraient avoir des conséquences économiques sur ceux qui vivent du sport automobile.
L'effet boule de neige pour les acteurs du sport automobile
Ceux qui sont touchés par cette pandémie sont les disciplines elles-mêmes, les équipes, les circuits et les diffuseurs.
Un championnat qui subit
Les disciplines doivent faire face aux annulations. Pour la F1, qu'on prendra en exemple pour cet article, 83% des revenus proviennent à la fois des circuits, des diffuseurs et du sponsoring, soit 1,664 milliards de dollars sur les 2,022 milliards de dollars de chiffre d'affaires qu'a généré le pinacle de la monoplace. Rien que les Grands Prix de Chine et du Vietnam, la perte sèche pour la F1 est de 84,3 millions de dollars (sur les 500 millions de dollars environ qui sont donnés par les circuits chaque année).
Ecran noir pour les diffuseurs
Sans sport automobile, les diffuseurs ont du mal à vendre leur produit. Si certaines chaines ne dépendent pas que du sport automobile, comme Canal Plus en France, d'autres ne vivent que de ça. C'est le cas de la chaîne Sky Sports F1. Elle vit principalement de l'argent donné par les abonnements vendus mais aussi des publicités. Pour le diffuseur britannique, le report des premières courses de la saison de F1 pourrait avoir des effets négatifs sur ses finances. En France, la chaîne 100% sport L'Équipe a défini un programme pour faire face aux nombreuses annulations.
"Le sport est une matière qui se vit en direct, mais c'est aussi une matière où l'on peut se replonger. Nous avons des archives. Nous allons refaire vivre les plus belles heures du sport français pour les gens qui veulent se changer les esprits'', a déclaré Jérôme Saporito, directeur du pôle télé du groupe L'Équipe, à Puremedias.
Cette solution pourrait être envisagée par les chaines thématiques, en rediffusant des Grands Prix des années précédentes ou bien des documentaires. C'est ce qu'a choisi déjà Canal+ Sport en faisant un marathon ce dimanche en rediffusant tous les Grands Prix de F1 2019, bien que le groupe dispose d'un canal thématique dédié à la discipline.
Les circuits vidés
Les circuits font parties d'une spirale compliquée. Un circuit gagne de l'argent grâce aux ventes de billets d'un événement, mais aussi grâce aux sponsors qui acceptent d'apparaître pour ce dernier (un sponsor peut être différent d'une compétition à une autre). Grâce à cet argent, le circuit paye le détenteurs des droits d'une discipline pour que celle-ci se produise sur le circuit en question. En annulant une course, c'est tout un système économique qui s'effondre. Pire, sans revenus sur lequel il peut tirer quelques bénéfices, il ne pourra pas investir pour rester à la pointe de la technologie. L'an passé, 4 093 305 personnes s'étaient déplacées sur les circuits de F1.
Vers la perte de certaines équipes ?
Dernier maillon de la chaine : les équipes. Pour la F1, elles tirent une grande partie de leur budget du Prize Money que donne Liberty Media. L'an passé, 1 012 millions de dollars ont été donnés aux équipes. Pour certaines équipes, qui dépendent d'un constructeur ou d'un milliardaire, les effets seront peu visibles. Pour une équipe comme Williams, totalement indépendante et qui tire son budget des sponsors, cette situation pourrait mettre à mal ses performances en piste, en déclin depuis quelques saisons.
Le Coronavirus provoque dans le sport automobile un effet boule de neige qui aboutira, à terme, à des dommages collatéraux. Mais qui en pâtira le premier ?