Mohammed Ben Sulayem, actuel président de la FIA, touche à la fin de son mandat en fin d'année. Mais il cherche actuellement une solution pour faciliter sa réélection, quitte à changer les statuts de la fédération pour renforcer son pouvoir.

Le premier mandant de Mohammed Ben Sulayem à la tête de la FIA n'est pas un modèle de réussite, loin s'en faut ! Et actuellement, il évalue ses chances de pouvoir se faire réélire, dans une situation qu'il sait difficile face à ses contradicteurs.

Nous sommes d'ailleurs sur une dynamique d'une nouvelle idée populiste à chaque nouvelle semaine. Après le souhait de réintroduire le V10 en écartant les nouveaux V6 hybride simplifiés pour 2026, puis la suppression du budget plafonné pour les équipes qu'il disait lui-même "difficile à comprendre pour la FIA" alors que le règlement émane... de la FIA, voilà qu'à présent, il est prêt à renverser la table !

Ben Sulayem Premier veut prolonger son règne à la tête de la FIA

C'est BBC Sport qui révèle ce qui se trame en coulisses au sein de la FIA. Ben Sulayem propose de modifier les statuts de la fédération pour renforcer son pouvoir, cela inclue notamment la date limite de candidature à la présidence de décembre et donneraient plus de pouvoir au président en place.

Il pourrait ainsi empêcher un rival de se présenter et contrôler davantage la composition du Sénat de la FIA. Aucun opposant n’a souhaité commenter publiquement, car beaucoup sont liés par des accords de confidentialité. Cependant, un anonyme a déclaré : « La majorité des propositions renforcent le pouvoir central et limitent les contre-pouvoirs. » Un autre a jugé le texte « très habilement rédigé » et a ajouté : « Il semble vertueux, mais l’est probablement moins. »

Et ce n'est pas la première fois que Ben Sulayem est à la manœuvre pour obtenir plus de pouvoir, car en décembre dernier, il avait déjà évincé un comité indépendant de contre-pouvoir.

Ainsi, dans cette nouvelle directive sur un document dont s'est procuré la BBC, on y apprend l'existence d'une proposition plus que controversée qui impose que les candidats à la présidence aient un passé sans atteinte à leur intégrité professionnelle. Dans l'absolu, la proposition semble évidemment honorable, sinon d'un bon sens, mais c'est encore le pouvoir du président qui pose problème.

Car, le document explique que cette condition n’est pas encore présente dans les statuts actuels de la FIA. Elle existe déjà pour les comités du plafond budgétaire F1, d’audit et d’éthique. Donc, elle devrait s’appliquer par cohérence. Mais la liste des candidats à la présidence est vérifiée par le comité des nominations, sous contrôle du président. En cas de doute éthique, le dossier est transmis au comité d’éthique, également sous son influence depuis 2023.

Ainsi, cette mesure pourrait viser Carlos Sainz, légende du rallye, déjà intéressé par la présidence. Selon le code d’éthique, tout conflit d’intérêt réel ou potentiel doit être évité et déclaré. Sainz est le père du pilote F1 Carlos Sainz, ce qui pourrait être considéré comme un conflit d’intérêt.

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Si on peut contrôler qui se présente au poste de président, pourquoi ne pas étendre son pouvoir aux autres organes de la FIA. L'Empereur Palpatine est déjà jaloux des propositions évoquées par ce document, car Ben Sulayem pense aussi à modifier la nomination des membres du Sénat, organe partagé avec le président.

Le Sénat compte 16 membres. Douze représentent déjà le président, son équipe, et les deux conseils mondiaux. Actuellement, les quatre derniers membres sont « proposés » par le président puis « confirmés » par les 12 autres sénateurs. Ben Sulayem souhaite pouvoir « nommer » directement ces quatre derniers membres, sans validation par le Sénat.

Et il va justifier ce besoin de modification pour un souci de "flexibilité" afin de recruter des experts en cas d'urgence. Pourtant, l’article 18.4 permet déjà d’inviter des experts ponctuellement sans modifier les statuts. Un proche du dossier a qualifié cette idée de « gouvernance affaiblie » et s’est dit surpris par « tant d’audace ». Un autre résume : « C’est une manière pratique de pouvoir évincer qui dérange, quand ça l’arrange. »

Enfin, le délai de dépôt des candidatures à la présidence passerait de 21 à 49 jours avant l’élection. Officiellement, cela laisserait plus de temps au comité des nominations pour vérifier les candidatures. Mais les critiques estiment que cela donne aussi plus de temps au président pour chercher à disqualifier ses adversaires. Chaque candidat doit présenter une équipe complète : président du Sénat, vice-présidents, etc., sinon la candidature est rejetée.