Une affaire de racisme et d'homophobie au sein d'un sous-traitant de chez Aston Martin a refait surface alors que le petit monde de la F1 a très récemment connu ça via différents acteurs, de Nelson Piquet à Jüri Vips en passant par le comportement de certains fans en Autriche.
Et bien, c'est malheureusement sans surprise que l'on découvre que toutes les strates de la F1 connaissent leur lot de comportements abjectes de racisme et d'homophobie. Le dernier témoignage en date est celui d'Aidan Louw, un ex-employé d'un sous-traitant d'Aston Martin F1 qui fut victime d'insulte racistes et homophobes !
Victime de racisme et d'homophobie, il témoigne
C'est dans une interview accordée à Sky News qu'Aidan Louw, un ex-employé d'un sous-traitant d'Aston Martin F1 qui travaillait comme stratifieur (matériaux composite) a expliqué comment dès le premier jour il fut accueilli par ses collègues avec des surnoms racistes.
Aidan Louw (25 ans) est né en Afrique du Sud et est métisse, il a rejoint le sous-traitant en février dernier et était en charge de la fabrication de certaines pièces pour la voiture de Sebastian Vettel. Avant même qu'il puisse s'acclimater à son nouvel environnement de travail, quelqu'un l'avait averti : "Écoute, si tu as un problème avec notre façon de parler ici, c'est juste notre façon de parler." Le ton et l'ambiance était donné...
Puis Aidan Louw explique comment ces avertissements n'étaient pas anodins puisque rapidement les abus et insultes sont devenus son quotidien : "Ça a commencé par 'brownie', puis c'est passé de 'brownie' à 'darkie', on ne m'appelait pas Aidy... ou quelque chose comme ça. On m'appelait 'négr**' et 'brownie', c'est comme ça qu'on me désignait. Quand on me traite de n*****, c'est là que je fixe la limite, c'est là que je dis non."
Mais le calvaire d'Aidan Louw va encore s'aggraver puisqu'il a aussi subi de l'homophobie. "J'ai révélé à quelqu'un que j'avais un petit ami pendant mon adolescence et à partir de là, c'était la fin, tout a basculé en une fraction de seconde. Dès qu'ils ont découvert cette bribe d'information, ils essayaient de m'attaquer pour me briser en tant qu'homme, en tant qu'individu et en tant qu'humain."
Aston Martin a pris des mesures
Aston Martin F1 affirme que le contrat d'Aidan Louw a été résilié en raison de "mauvaises performances" et d'une "mauvaise gestion du temps de travail", sans lien avec la discrimination dont il a été victime. Aidan Louw reconnaît que ses performances et sa ponctualité ont souffert, mais il pense que cela était dû aux abus dont il a été victime.
Dans une déclaration à Sky News, Aston Martin Racing a affirmé : "AMR et ses sous-traitants appliquent une politique de tolérance zéro en ce qui concerne le racisme, l'homophobie et tous les types de discrimination. Nous traitons toutes les allégations de ce comportement inacceptable avec sérieux, notamment en menant des enquêtes approfondies sur ces plaintes et en sanctionnant toute personne qui ne respecte pas nos normes."
"Dans ce cas, le plaignant a été cru à juste titre, ses plaintes ont été immédiatement traitées et des sanctions appropriées ont été imposées conformément à notre politique de tolérance zéro. Nous sommes en discussion permanente avec lui". Sky News croit savoir que les personnes impliquées dans les abus racistes et homophobes ne travaillent plus chez le sous-traitant.
Ni victime, ni favorisé !
En prenant la parole Aidan Louw dénonce les abus dont il a été victime et veut sensibiliser sur une situation sous-jacente, presque jamais dénoncée jusqu'à présent, mais veut tempérer le message en évitant qu'il soit instrumentalisé et considéré comme devenant un quota d'intégration.
Il n'est pas question de ça, les origines ethniques et/ou orientation sexuelle ne définissent pas une personne, ni même son trait de caractère, et il y a encore trop d'individus limités intellectuellement qui commettent ces abus, ce racisme et cette homophobie trop souvent banalisés !
"Je ne veux pas être considéré comme une victime, ce n'est pas ce que je suis, mais le fait est que ces abus ne sont pas justes, ce n'est pas seulement moi qui suis la victime, c'est ma communauté, ma communauté est la victime. Nous ne demandons pas que l'on nous donne des opportunités, que l'on nous apporte tout sur un plateau juste à cause de notre origine ethnique ou de notre orientation sexuelle."
"Je ne demande pas cela, personne ne demande cela, nous demandons l'égalité des chances. Le fait est que je sais qu'il y a des enfants qui rêvent de faire ce métier comme moi... et au final si c'est un mensonge, alors quel est l'intérêt ? Quel est le but ? Peu importe les répercussions, publiquement pour moi, je suis prêt à accepter parce que ce message est plus grand que moi."
...encore un long chemin !
Le racisme banalisé est encore sous-jacent et quelques individus sont rattrapés par la patrouille. Ce fut le cas récemment par Nelson Piquet dans une interview datant de novembre 2021 où on l'entend traiter Lewis Hamilton de 'n****'. Alors que le Brésilien s'est fendu d'excuses et d'explications un peu bancales, son comportement a été dénoncé par les instances dirigeantes et toute la communauté de la F1, une enquête au Brésil a été ouverte et il pourrait se retrouver face à un tribunal.
Dans l'intervalle, Jüri Vips a aussi prononcé la même insulte raciste dans une partie en ligne et des sous-entendus homophobes. Perdant a demi-mot le soutien de Red Bull, mais restant néanmoins membre de la Red Bull Junior Team, son équipe Hitech GP en FIA F2 lui a même offert une seconde chance...
Quant à l'ex-argentier de la F1, Bernie Ecclestone, il est venu au secours de Nelson Piquet. Dernièrement, dans l'enceinte du circuit Red Bull Ring pour le Grand Prix d'Autriche, de nombreux témoignages sont venus corroborer des cas d'agression verbales, propos racistes, misogynies et homophobes, dont la F1 a promis de diligenter une enquête.