Dans le cadre du Grand Prix de France Historique, qui est un événement marquant de la saison du Circuit Paul Ricard et des passionnés de sport automobile, nous avons rencontré le directeur du circuit, Stéphane Clair, qui est revenu avec nous sur le programme de l’année et a tiré un premier bilan des derniers Grand Prix de France de F1 organisés sur le tracé Varois.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que Stéphane Clair est un homme occupé et passionné par son métier et ses missions de directeur du Circuit Paul Ricard. Il entame en 2023 sa douzième année de présence à ce poste et ne compte pas laisser la main d’aussitôt.
Son bilan parle de lui-même : il aura notamment été le directeur qui aura permis à la F1 de faire son retour sur la piste du Castellet. Mais même si la discipline reine du sport automobile n’a pas souhaité renouveler son bail de cinq ans, le Circuit Paul Ricard affiche un calendrier complet avec seulement 60 jours d’inactivité dans l’année.
« Même si le Grand Prix de F1 ne fait plus partie du calendrier cette saison, cela reste une année très remplie pour nous, en termes de compétitions ou d’événements privés. Il va y avoir de tout : des camions, de la moto, des monoplaces, des courses historiques, du vélo, de la course à pied… » nous détaille Stéphane Clair.
« L’idée est d’avoir plusieurs temps forts, comme en début de saison avec le Grand Prix de France Historique, le Fanatec GT World, la Sunday Ride Classic pour les fans de moto et le Grand Prix camion. Puis, en seconde partie d’année, on retrouve les 10 000 tours à la fin du mois d’août, le Bol d’Or, le GT4 FFSA, l’Ultimate Cup et le Rallycircuit pour terminer en beauté. » poursuit-il.
Un circuit en manque de F1 ?
Mais la F1 ne manque-t-elle pas au circuit pour parfaire son calendrier et attirer encore plus de monde ? Stéphane Clair admet bien volontiers que les derniers Grands Prix de France organisés au Paul Ricard ont donné un coup de projecteur intéressant au circuit, mais ce dernier vit très bien malgré ce manque.
« Pour le circuit, c’est un manque en terme d’image. Économiquement, cela nous touche moins. Notre calendrier est plein. Mais c’est surtout un manque important pour l’économie régionale. Le dernier Grand Prix a permis de réaliser plus de 140 millions d’euros de retombées. »
Justement, qu’est-ce qui a fait que Liberty Media et la F1 n’aient pas voulu poursuivre l’aventure du Grand Prix de France ? Le public était pourtant au rendez-vous et les quelques critiques la première année concernant l’accessibilité du circuit n’ont pas tenu face à la réactivité de l’organisation.
« On nous a reproché le fait que la France n’aime pas la F1. » nous explique Stéphane Clair. « C'est-à-dire, qu’au plus haut niveau de l’État, il manquait une volonté affichée de conserver ce Grand Prix. Effectivement, c’est très net : cette volonté n’était pas là. La représentation de l’État n’a pas été visible, nous n’avons pas senti de mobilisation autre que régionale. »
« Nous nous sommes battus localement. Il faut se rappeler que le retour de la F1 est parti d’une volonté locale. Tout est parti du Circuit Paul Ricard et des collectivités locales. Mais au niveau national, nous n’avons pas ressenti l’engouement nécessaire que peut avoir par exemple une Coupe du monde de football ou de rugby. Or l’audience de la F1 mérite autant d’attention que ces grandes compétitions. » affirme le Directeur.
Le constat est évident et Stéphane Clair ne cherchait pas à balayer sa responsabilité et celle du circuit dans l’échec du renouvellement du contrat avec la F1.
« Il y a eu un problème commercial évident. La F1 coûte cher aujourd’hui. Elle le vaut, parce qu’elle offre des retombées commerciales considérables. Mais en France, ça n’a pas suffit à déclencher ce que d’autres pays arrivent à faire, c'est-à-dire des investissements d’équipes de F1 locales, de constructeurs locaux, d’entreprises, qui viennent compléter une volonté publique. Nous avons eu du mal des deux côtés : public et privé. On ne peut s’en prendre qu’à nous même. Le circuit se met bien évidemment dans le lot de ceux qui n’ont pas réussi à conserver la F1 sur le territoire. »
Et pourtant, le circuit Paul Ricard a tout mis en œuvre pour satisfaire les exigences élevées de la F1, même pendant la difficile période du Covid : « Globalement, nous avons sûrement eu la plus forte affluence pour un Grand Prix de F1 sur le sol français. Tout s’est plutôt bien déroulé. Bien sûr, il a fallu apprendre et aussi traverser des crises comme celle du Covid. Il n’y a pas grand monde qui avait été exposé à cela. Nous avons été les premiers en 2021 à trouver des solutions et nous avons été le premier événement sportif en France à être organisé après la pandémie. » affirme encore Stéphane Clair.
Jean Alesi, nouveau Président et ambassadeur en lien avec la F1
Mais au fil de la conversation, on sent néanmoins une envie particulière de ne pas abandonner l’idée que la F1 puisse être un jour de retour sur le circuit Paul Ricard. L’arrivée de Jean Alesi à la Présidence du circuit, est-ce un signe ? Stéphane Clair ne l’affirme pas ouvertement mais son sourire en dit long : « Jean Alesi nous apporte sa connaissance et ses connexions dans le monde de la F1 puisque c’est un pilote d’hier mais un homme d’aujourd’hui dans la discipline donc, quand il s’agit d’imaginer ou de remettre en place certaines choses, c’est un ambassadeur très bien placé et très écouté, ce qui est très important pour nous. »
« C’est une personnalité du monde des sports mécaniques et le public a toujours plaisir à le voir, le croiser et lui parler. Il a également un regard extérieur qui permet de se poser de nouvelles questions et de réfléchir à de nouveaux projets que nous dévoilerons dans un avenir assez proche. »
En attendant, les fans français de F1 peuvent toujours venir s’abreuver de bons moments et admirer des monoplaces en se rendant au Grand Prix de France Historique qui a vocation à pérenniser sa présence sur la piste du Castellet dans les années à venir : « Il est indéniable que le Grand Prix de France Historique nous permet de garder un lien avec la F1. Premièrement, il offre la possibilité au public de vivre la F1 comme il l’aime, en étant au plus proche de l’action et des monoplaces. Ensuite, tout le monde nous demande quand la F1 va revenir sur le circuit. Ils ont tous cette idée en tête et cette envie de revivre ce grand événement. »
« Le Grand Prix de France Historique nous sert de maître étalon. C’est l’événement où le public passionné peut venir toucher les voitures, rencontrer les pilotes et les mécaniciens, vivre le sport mécanique comme nous l’aimons. Cette manifestation nous sert de modèle pour construire les autres et le fait qu’elle soit un véritable succès nous rassure sur l’amour des Français pour les sports mécaniques. » conclut Stéphane Clair.