Décidément, à chaque décision prise par l'écurie Alpine, il y a toujours d'anciens collaborateurs qui révèlent les coulisses de l'équipe, et forcément c'est peu reluisant.

Les étés ne sont pas de tout repos pour Alpine. En 2023, il y avait eu un grand ménage fait dans l'organigramme avec le limogeage d'Otmar Szafnauer à la tête de l'équipe, après la mise à l'écart de Laurent Rossi. A la suite de ces mouvements, Cyril Abiteboul, Marcin Budkowski et Alain Prost tiraient alors à boulets rouges sur leur ex-employeur !

En 2024, c'est Esteban Ocon qui décide d'aller voir si l'herbe n'est pas plus verte ailleurs en signant chez Haas F1 Team pour 2025, alors que Renault a acté la fin du travail de Viry-Châtillon pour 2026. Dans l'intervalle, Flavio Briatore est de retour à Enstone, alors que l'avenir de Bruno Famin à la tête de l'équipe s'assombrit.

Un ex-directeur juridique étrille Alpine

C'est donc Pierre Chauty, ex-directeur juridique qui décidé de déballer son expérience au sein de l'écurie Alpine, et il n'épargne pas les hommes qui étaient à la tête de la formation d'Enstone.

"Je suis profondément attristé et en colère par la décision récente d'Alpine de se séparer des moteurs Renault F1 pour se tourner vers Mercedes. En tant qu'ancien employé, ce résultat me touche particulièrement.

Cette situation est le résultat direct de la direction désastreuse de Luca de Meo, PDG du groupe Renault. L'incapacité de De Meo à reconnaître et à corriger les erreurs commises par Laurent Rossi pendant plus de deux ans et demi est inexcusable. Le manque de reconnaissance de De Meo de ses propres échecs et son mauvais jugement en nommant Rossi ont considérablement nui à Alpine et à l'ensemble du groupe Renault. De plus, De Meo n'a même pas eu le courage d'annoncer lui-même la fin de la production des moteurs F1, ce qui reflète sa lâcheté et son évitement de la responsabilité."

Voilà qui brosse déjà le portrait du président du groupe Renault. Mais il ne s'arrête pas en si bon chemin, tout le monde en prend pour son grade.

"En parlant de lâcheté, le mandat de Laurent Rossi en tant que PDG d'Alpine est un autre exemple de mauvaise gestion et d'un manque total d'humanité. Il a licencié de nombreux employés pour des raisons purement politiques, ciblant ceux qu'il jugeait trop proches de la direction précédente, sans même avoir la décence de leur parler en personne, laissant le sale boulot aux RH (et, évidemment, sans aucune considération pour les départements concernés).

Le mépris de Rossi pour les politiques de conformité interne et ses normes éthiques misérables ont encore aggravé la situation. Ses décisions ont conduit à une perte significative de talents et d'expérience, plongeant la marque et l'équipe F1 dans leur situation actuelle."

Il faut se souvenir de l'épisode début mai 2023, où Laurent Rossi avait cru bon jouer au pompier pyromane avec des phrases assassines au micro de CANAL+. Très loin d'une image rassembleuse alors qu'Alpine souffre déjà d'être un dragon à deux têtes avec Enstone et Viry-Châtillon où les employés des deux camps ne se côtoient guère pendant les week-ends, les Britanniques prenant leur repas de leur côté, les Français du leur.

"Alain Prost a publiquement critiqué Rossi pour son incompétence et son arrogance, soulignant comment sa gestion a perturbé les progrès de l'équipe. Les critiques d'Alain résonnent avec beaucoup d'entre nous qui avons été témoins des turbulences internes. J'apprécie ses efforts pour mettre en lumière ces problèmes, car il était la seule personne ayant suffisamment de légitimité et de notoriété pour attirer l'attention nécessaire (sans parler de la liberté légale pour le faire...).

Durant mes derniers mois chez Alpine, j'ai moi-même soulevé de nombreuses préoccupations éthiques et questionné la direction que nous prenions. J'ai même envisagé de m'adresser aux médias, mais à l'époque, personne ne semblait s'en soucier. Avec le recul, je regrette de ne pas avoir pris des mesures plus décisives, ce qui aurait pu attirer davantage l'attention sur la mauvaise gestion et peut-être prévenir certaines de ces erreurs, bien que je sois assez cynique pour croire que personne n'aurait vraiment pris la peine de s'en soucier et que le seul effet positif aurait été sur mon ego.

Mis à part les considérations personnelles, le partenariat d'Alpine avec Mercedes pourrait apporter des avantages techniques, mais les conséquences humaines sont désastreuses. La perte de personnel qualifié et expérimenté est un revers dont Alpine et potentiellement le groupe Renault ne se remettront pas, et l'impact sur les plus de 500 employés de Viry-Châtillon, y compris de nombreux sous-traitants qui seront licenciés presque immédiatement sans filet de sécurité, est déchirant."

Parfois, il est aussi bon que les personnes de l'intérieur prennent la parole et expliquent comment est gérée une écurie en interne. Des comportements en coulisses des hommes à la tête de l'équipe qui sont cachés et méconnus du grand public, mais qui méritent tout autant de faire la lumière sur cette situation.