Il n’y a pas une saison où le groupe Volkswagen AG ne sort pas dans les médias F1. Mais aujourd'hui, la donne semble différente.
Le départ de Bernie Ecclestone, le changement de propriétaire... voici des éléments qui font réfléchir Wolfgang Dürheimer, directeur de Bentley et de Bugatti ainsi que représentant du groupe VAG dans le sport automobile. Dans une interview accordée à Motorsport-Total, il s'exprime au sujet de la F1. "Toutes les cartes sont mélangées avec le départ de Bernie Ecclestone. C’est un nouveau départ, il faut le reconnaitre. Si tout cela se concrétise alors, bien entendu, nos décisions concernant la F1 pourront être réévaluées », déclare-t-il.
Une présence furtive
La dernière fois que nous avons vu un moteur du groupe Volkswagen en F1, c’était en 1993. Cette année-là, Lamborghini (acquis par le groupe plus tard) motorise Larousse. 2 ans auparavant, c’est Porsche équipe Arrows avec un V12 trop lourd, peu fiable et qui se sera par un échec total.
Pourtant, le nom de Porsche en F1 rappelle des souvenirs agréables. En 1983, un nouveau motoriste équipe Mc Laren: TAG Turbo. Sous ce nom se cacha l’association de TAG et Porsche (le premier finançant le projet, le deuxième fabricant le bloc). Sous ce nom, 25 victoires furent gagnées, 3 titres pilotes et 2 titres constructeurs glanés. Mais depuis 1991, plus rien, si ce n’est des allusions d’un retour du constructeur de Wolsburg.
Au coeur des rumeurs
En 1998, le président du groupe Volkswagen France déclare que le groupe sera en F1 en 1998. Le groupe veut acquérir l’équipe Tyrrell mourante. Mais finalement, c’est le duo Craig Pollock et BAT qui rachète l’équipe.
Fin 2005, un partenariat entre Red Bull et le groupe Volkswagen se fait sentir. L’Energy Drink, qui a acquis l’équipe Jaguar une année auparavant, est alors sponsor de la marque en DTM, sur le Dakar, en WTCC. Le motoriste ira jusqu’à une offre de rachat de l’équipe Red Bull, offre qui sera rejetée par la marque d’Energy Drink.
En 2009, Hans-Joachim Stuck, ancien pilote et représentant de Volkswagen Motorsport, lance au magazine Autosport : « quand vous êtes le plus important constructeur au monde, vous y pensez naturellement, mais pas avant 2012. » Cette déclaration arrive après le retrait de 3 motoristes (Toyota, Honda et BMW). Et jusqu’en 2012, de nombreuses rumeurs se font entendre, plus insistante les uns que les autres.
En 2010, un rapprochement entre le groupe Volkswagen et Williams se fait de plus en plus entendre. Le média allemand Bild parle même d’une ouverture du capital au groupe allemand à hauteur de 10 à 20% en 2013 (Toto Wolff venait tout juste d’acquérir 20% de l’équipe de Grove).
L'idée de Porsche en F1 avant le choix WEC
Cependant, Kriss Nissen, le responsable course de Volkswagen, est clair sur un point : l’arrivée en F1 ne se fera pas avec n’importe quelle marque. « Au sein du groupe, bien sûr, cela pourrait être Audi, cela pourrait être aussi Porsche ou Volkswagen. Je crois que cela ne conviendrait pas à Skoda, Seat et Bentley. »
Il faudra attendre fin 2010 pour que la marque Volkswagen refuse une arrivée en F1, laissant le champ libre à Audi ou Porsche. En interne, on discute discrètement avec des équipes, 3 plus précisément: Red Bull, McLaren et Williams. Matthias Mueller, le président de Porsche à l’époque, déclare : « Au Mans, nous avons la LMP1, il y a deux classes et deux marques – Audi et Porsche. Nous n’aimons pas aller l’un contre l’autre, ce n’est pas si drôle que cela. Donc, nous allons examiner s’il est possible et logique pour l’une des deux marques d’aller en LMP1 et l’autre en Formule 1 ».
Le projet Le Mans de Porsche est approuvé. « Il y avait seulement deux options: F1 ou LMP1. Mais Le Mans est notre deuxième maison. Ce qui aurait pu nous influencé, c’était si quelqu’un dans le groupe avait dit: « Oui, mais Audi est là et vous ne pouvez pas rivaliser avec Audi ». Si quelqu’un de la haute direction avait dit ce n’est pas possible, nous n’aurions eu aucune autre alternative à part la F1 » avouait Wolfgang Hatz, directeur de la recherche et du développement chez Porsche, au magazine Autosport. L’espoir de voir Porsche en F1 s’éteint.
Fin 2011, avec les nouvelles règles concernant la motorisation (V6 Turbo), le groupe laisse entrevoir une arrivée en 2018, date où le groupe souhaite être numéro un mondiale avant de déclarer que « le prestige d’une victoire en F1 n’a pas de réel impact sur l’automobile de Monsieur tout le monde. » Fin de citation !
La difficulté politique pour relancer une rumeur
Si le groupe Volkswagen n’est pas en F1, c’est en partie à cause de l’entente entre Ferdinand Piëch et Bernie Ecclestone. Ceci a même déclenché la devenue célèbre phrase : « je démissionnerai si Audi veut venir ». Mais la réalité est toute autre. Le président du directoire a été clair il y a quelques mois. « Nos marques dans le sport automobile sont autant de succès que jamais, que ce soit en DTM avec Audi ou Le Mans avec Audi et Porsche, ou dans le Championnat du Monde des Rallyes avec Volkswagen. Nous sentons que nous avons vraiment bonne position », déclarait-il à Bild.
Sauf qu'aujourd'hui, la donne a changé. Ferdinand Piëch et Bernie Ecclestone ne sont plus en place ; Audi n'est plus en endurance, préférant la Formule E ; Volkswagen n'est plus en WRC.
Est-ce une ultime rumeur ou un réel intérêt ? Le temps nous le dira...