Toujours habillé de son fameux bob, c'est un Valtteri Bottas détendu qui a répondu aux questions de la presse ce jeudi après-midi. Et il a de bonnes raisons de l'être.
Alors que la planète F1 tourne autour des rumeurs de transferts et du départ de Fernando Alonso pour Aston Martin, Valtteri Bottas est pour une fois à l'abri de toutes spéculations. Après des années de questionnement sur le renouvellement ou non de son contrat Mercedes, voici le Finlandais armé d'un accord courant sur plusieurs saisons.
Un contrat dont il a plus d'une fois vanté les mérites en opposition aux accords annuels de Mercedes, même s'il n'a réellement cherché un autre volant qu'en 2021 afin d'assurer ses arrières.
Un transfert anticipé par Bottas
"C'est agréable de ne pas avoir à penser à tout cela au moment de partir en vacances […]. Il y avait des options par le passé mais comme la situation est restée relativement stable [chez Mercedes], il n'y avait pas vraiment de contrainte à chercher un volant. L'année dernière, j'ai commencé assez tôt à regarder ailleurs, à entamer des démarches pour me stabiliser, ce qui était nécessaire."
Cependant, la situation de Daniel Ricciardo ne démontre t-elle pas les limites d'un contrat à long terme si les deux parties veulent se séparer avant le terme prévus sans réelle échappatoire ?
"Oui si les choses tournent mal, ce n'est pas idéal. Mais il y a aussi un plus grand engagement, quoiqu'il se passe et j'étais plus que content de pouvoir m'engager à long terme ici. Il y a des avantages et inconvénients car le marché des transferts est toujours en mouvement."
"Donc si vous avez un contrat d'un an, vous pouvez éventuellement trouver une bonne opportunité ailleurs à l'avenir. Mais à titre personnel je préfère m'engager à long terme et ne pas stresser à ce sujet au travail."
Zhou : « un bon élément pour l'équipe »
Un des pilotes disposant d'un contrat d'un an en 2022 est son équipier Zhou Guanyu. Si rien n'est gravé dans le marbre quant à sa titularisation pour 2023, Bottas encourage son équipe à lui renouveler sa confiance. Valtteri est en effet plutôt positif envers les performances du rookie, saluant notamment ses rapides progrès.
"Il a eu un peu de mal au début, surtout sur un tour. Mais déjà en course, avec plus de temps pour s'adapter, il était dans le rythme. Maintenant ses qualifications s'améliorent, elles restent son point faible mais il s'en sort de mieux en mieux. Il m'a devancé l'une ou l'autre fois comme à Baku, donc la vitesse est là, il gagne en confiance."
"Il maîtrise aussi davantage l'aspect technique, le réglage de la voiture, tout cela […]. C'est un bon élément pour l'équipe. Pour l'instant je ne vois aucune raison pour ne pas renouveler son contrat. J'encouragerais [l'équipe] à miser sur la stabilité. C'est sa première saison donc il peut élever son niveau pour la seconde et je pense qu'il pourrait stabiliser sa place en Formule 1 pour un moment."
Bottas leader d'Audi en 2026 ?
Quand on lui demande s'il envisage de rester jusqu'à l'horizon 2026, Valtteri répond par un « Pourquoi pas ? ». Outre son épanouissement dans l'équipe désormais bien relayé, il dit s'être trouvé un équilibre idéal entre son travail et sa vie hors-F1 et il se sent encore rapide pour continuer jusqu'à cette date.
Cette échéance n'a pas été citée par hasard par la presse : il s'agit de la prochaine refonte technique majeure... et l'arrivée de nouveaux constructeurs. Audi est en effet sur le point d'annoncer sa reprise de l'équipe Alfa Romeo, ce qui laisserait Bottas en premier pilote d'un projet d'envergure. Se voit-il enfiler ce nouveau costume ?
"Si je ne suis pas autorisé à porter un bob, alors non !" plaisante t-il. "Je n'ai pas vraiment réfléchi là-dessus. Je dirais pourquoi pas, cela amènerait l'équipe plus proche du haut de plateau. Nous verrons bien."
Un manque de personnel pour aller plus haut
Mais sans rachat d'un constructeur, est-ce que Alfa Romeo est en capacité de jouer les premiers rôles ?
"En prenant en compte l'usine et les personnes qui y travaillent, oui. Mais nous sommes encore un peu en dessous du plafond budgétaire, certaines équipes ont plus de personnel que nous, notamment côté production. Le dessin, le test en soufflerie et l'arrivée de nouvelles pièces, tout s'y fait plus rapidement. Mais au vu de notre soufflerie et nos infrastructures, il n'y a pas de raison de penser qu'on ne peut pas gagner."
Et l'équipe y travaille puisque la C42 dispose de nouveaux ailerons avant et arrière pour ce Grand Prix. La dernière grosse évolution est prévue elle autour du Grand Prix du Japon.
Moins d'essais pour Valtteri
Stefano Domenicali envisage de réduire les séances d'essais afin de rendre plus attractif les trois jours de Grand Prix. Une éventualité qui n'est pas pour déplaire à Bottas, qui serait même partisan du format sur deux jours.
"Ce n'est pas idéal pour les débutants, mais pour moi ce serait bien. Avec un format normal comme celui-ci, le vendredi est moins intéressant. Dans le format « sprint », il y a une séance d'essais puis on passe direct à l'action, ce que j'apprécie et préfère."
L'humain face à la machine
Bottas a récemment évoqué auprès de Motorsport.com sa satisfaction d'être plus impliqué dans le développement de la voiture chez Alfa Romeo, en opposition à Mercedes où l'informatique avait une place plus prépondérante. Nous avons donc demandé à Valtteri s'il avait l'impression d'être moins écouté par son ancienne équipe ou s'il s'agissait d'une pratique plus conforme pour un top team.
"Je pense que c'est ainsi que les équipes de pointe fonctionnent. Lewis avait le même ressenti que moi sur ce point, parfois il voulait aller dans une direction mais l'ingénieur lui répondait 'Non, l'ordinateur dit ça !' Mais évidemment ils ont une technologie dernier cri, des dispositifs de simulation qui permettent cela et le plus souvent, l'ordinateur disait vrai, même si pas tout le temps."
"On y travaille, nos simulateurs se développent bien à Hinwil [siège de l'usine Alfa Romeo]. Mais pour l'instant, l'impact humain, celui du pilote est prioritaire et j'apprécie beaucoup cela."