Bruno Michel : "beaucoup d'équipes voulaient rejoindre la FIA F3"

Bruno Michel, PDG de la FIA F2 et de la FIA F3, a accepté de répondre à nos questions au sujet du futur championnat FIA F3, la FIA F2 et le propriétaire des deux séries.

Comment s'est passé le shakedown de la FIA F3 à Magny-Cours (l'interview a été réalisée après le Shakedown, le 21 février, ndlr) ? Pas de soucis particuliers ?
Les équipes étaient présentes avec une voiture par équipe. Certaines équipes ont fait courir deux ou trois pilotes. Ils ont tous réalisé un bon nombre de tours. Les temps n'avaient pas d'importance pour un shakedown. Pas de souci technique, ce qui est une bonne chose pour une nouvelle monoplace. Il y a des feedbacks plutôt positifs de la part des pilotes.

Tout s'annonce bien pour la prochaine saison ?
J'espère que tout s'annonce bien. On aura confirmation de tout ça aux prochains essais au Castellet dans 15 jours.

Le GP3 est mort, vive la FIA F3 !

La FIA F3 remplace le GP3. Les meetings restent les mêmes, quelques changements d'équipes. Est-ce que cela va changer quelque chose dans le paysage de la monoplace, de la formule de promotion ?
Oui complètement. Dans la mesure que le GP3 n'était pas un championnat FIA. Les règlements techniques et sportifs du GP3 étaient réalisés par le promoteur. À partir du moment où le GP3 a fusionné avec la F3 devenant un championnat FIA, tout le pouvoir réglementaire revient à la FIA, ce qui change des choses en terme d'organisation. La FIA était déjà présente car elle était l'organisme qui contrôlait le GP3. Aujourd'hui, la FIA a en plus un pouvoir réglementaire. Les règlements techniques, sportifs, la monoplace, nous travaillons donc en collaboration complète avec la FIA.

Concernant les équipes, de nouvelles équipes arrivent avec HWA par exemple...
De nouvelles équipes par rapport à celles qui existaient en GP3. Il y a 5 équipes qui étaient en GP3 et qui seront en FIA F3. En plus de ces 5 équipes, il y a HWA effectivement, Carlin qui a été par le passé en GP3, Hitech, Prema et Charouz ce qui fera 10 équipes au total.

© FIA F3

Comment s'est passée la sélection des nouvelles équipes ?
C'est toujours quelque chose de compliqué. Nous avons eu beaucoup de demandes, beaucoup d'équipes voulaient nous rejoindre. Il y a toujours un certain nombre de critères qui sont pris, sportifs ou historique/sportifs. Et des critères de stabilité, financière entre autre. Ensuite, avec toutes ces informations, on prend des décisions sur les équipes qui feront partie de ce championnat. Évidemment, celles qui ne sont pas choisies peuvent être parfois frustrées.

Par exemple Motopark avait fait une déclaration à ce sujet. Est-ce que vous regrettez qu'une telle équipe, ou par exemple VAR, ne soient pas sur la grille de la FIA F3 ?
A partir du moment où le choix a été fait selon les critères, on ne va pas regretter ceux qui ne sont pas sur la grille. Évidemment, Motopark et VAR auraient été des équipes solides, mais les 10 équipes sélectionnées sont celles qui seront les plus solides et délivreront le meilleur championnat.

En route pour la FIA F2

Parlons de la FIA F2. L’année dernière, il y a eu pas mal de soucis avec la monoplace, notamment sur les départs. Des améliorations ont été apportées. En 2019, peut-on dire que la monoplace sera fiable et qu'il n'y aura plus de soucis de ce coté ?
Plusieurs choses, les problèmes de démarrage ne sont pas des soucis de fiabilité. On a connu des problèmes de fiabilité, on a travaillé dessus pendant tout l'hiver. Ça reste de la course auto, avoir 100% de fiabilité est très compliqué.

Concernant les soucis de démarrage, on a énormément travaillé pendant l'été. Après avoir fait les départs lancés pendant quelques Grands Prix, on est reparti avec un système fiable. On a continué à améliorer le système pendant l'hiver, pour encore minimiser le risque de calage des pilotes sur la grille. Il n'y a pas de système anti-calage sur les FIA F2, c'est quelque chose de trop coûteux à mettre en place pour la série. Le calage, c'est également une affaire de pilote. Certains pilotes prennent des risques et sont toujours à la limite du point de calage. C'est quelque chose que l'on ne peut pas empêcher de faire. Il ne faut pas toujours accuser la monoplace. Les pilotes veulent prendre le meilleur départ et ça peut entraîner un calage sur la grille.

© FIA F2

En parlez-vous lors des briefings avec les pilotes ?
Bien sûr, et on a donné aux équipes un certain nombre de procédures. Il y a des pilotes qui mettent l'accélérateur à fond sur les départs, d'autres essaient au contraire, d'être le plus précis possible.

Les pilotes, les équipes, tout le monde est au courant. Le seul système pour éviter les calages serait d'avoir un launch control. Mais évidemment, personne ne veut ça.

Ça augmenterait les coûts sur la monoplace ?
Non parce que les pilotes ne veulent pas d'un système où ils ne font pas de départ. Ils ont tous envie de gagner des places au départ, ce qui est complètement légitime.

Concernant le championnat FIA F2, avez-vous reçu d'autres candidatures d'équipes pour, à l'avenir, si une place se libère, entrer dans le championnat ?
J'ai reçu des candidatures pour cette année. Le problème n'est pas de savoir s'il y a des places qui se libèrent ou pas, car par le passé nous avons eu jusqu'à 13 équipes en GP2. Si j'estimais que le marché le permettait, je pourrais décider aujourd'hui de rajouter une ou deux équipes. On s'est posé la question il y a quelques mois quand nous avons reçu des candidatures pour cette saison. Nous avons décidé de rester sur un championnat à 10 équipes / 20 voitures, parce qu'il est très important qu'elles arrivent à avoir une santé financière qui tienne la route et s'il n'y a pas suffisamment de pilotes capables d'apporter le budget nécessaire, ça ne sert à rien de rajouter des équipes, sinon on affaiblit tout le monde.

Aujourd'hui, on reste sur un championnat à 20 monoplaces, on verra pour le futur, en fonction des situations économiques, si on souhaite rajouter une équipe ou pas.

C'est une idée envisageable dans le futur si les équipes sont stables financièrement.
Bien évidemment. Il y a des demandes pour rejoindre le championnat. On regarde ça avec attention année après année.

Avez-vous eu des demandes pour des « junior teams » comme il y a eu à l'époque avec la F3000 ?
Cette année, il y a un junior team, Charouz est devenu Sauber Junior Team. Il y a un lien fort entre Charouz et Sauber. En revanche, il n'y a pas de lien capitalistique, c'est-à-dire ce ne sont pas des équipes de F1 qui décident elles-mêmes de monter des équipes en FIA F2. Mais il y a un certains nombres d'équipes F1 qui ont des liens privilégiés avec des équipes de F2 et qui les utilisent pour mettre leurs jeunes pilotes, en les suivant de très près.

Peut-on dire que courir en FIA F2 et FIA F3 est moins coûteux que de courir, à l'époque, en GP2 et GP3. Toto Wolf disait qu'une saison GP3 tournait autour de 600 000 € pour un pilote et entre 1 million et 1,5 millions pour le GP2/F2. Peut-on penser que, du fait que les championnats deviennent des championnats FIA, les coûts sont réduits pour les pilotes ?
Non, on ne peut pas dire que le fait que la FIA soit dans le système entraîne une baisse des coûts. D'abord parce que la FIA est très exigeante en terme de sécurité. Par exemple, la F3 de cette année a une coque renforcée de façon importante pour pouvoir protéger les pilotes en cas de crash. On a rajouté le halo, avec les contraintes que ça exige. Ce sont donc des coûts supplémentaires, parfaitement acceptables par tout le monde. L'arrivée de la FIA n'a pas tendance à diminuer les prix. En revanche, nous travaillons de façon permanente sur des plans de réductions des coûts. On en a mis un en place cette année sur la F2 où on limite le nombre de personnel pour l'équipe (12 en 2018, 11 cette année), en modifiant un certains nombres de choses pour qu'ils puissent bosser à 11 au lieu de 12, en particulier le fait qu'ils ne régleront plus leur boite de vitesses. Un certain nombre de choses a été mis en place pour réduire les coûts.

Peut-on dire que la F2 est moins cher que le GP2, je dirais que non. La voiture est plus complexe. Les coûts sont à peu près équivalents à ceux qui existaient en GP2. En faisant différentes mesures, on a absorbé les coûts supplémentaires liés à l'augmentation de la sécurité.

Combien coûte en conception une FIA F3 et une FIA F2 ?
Je ne peux pas vous donner, c'est confidentiel. En revanche, ce sont des monoplaces très complexes, il y a de plus en plus d'électronique embarquée dans la monoplace. Si on regarde ce qu'est aujourd'hui la F2 par rapport à ce qu'était la GP2 il y a 10 ans, c'est une monoplace incroyablement plus avancée technologiquement.

Pareil pour la FIA F3 par rapport à la GP3 de l'année dernière ?
Oui pareil.

Liberty Media à la tête de la FIA F2 et de la FIA F3

La FIA F3 et FIA F2 sont gérées par Liberty Media…
Liberty Media est actionnaire de la société qui est le promoteur de la FIA F2 et la FIA F3.

Quelle est leur vision de ces formules de promotion ?
Il faudrait leur poser la question. Ce que j'en vois, c'est qu'il s'agit de formules assez stratégiques pour eux. Justement l'idée de faire cette échelle certifiée était quelque chose qui tenait à cœur à la FIA et à Liberty Media également. C'est d'avoir la F1, la F2 et la F3 sur un même week-end de course. Et de permettre par ce biais, aux pilotes, de comprendre comment ça fonctionne et arriver jusqu'en F1.

Pour eux, c'est quelque chose d'important, d'autant plus que la F2 et la F3 apportent, dans un week-end de course, un attrait supplémentaire car les courses sont vraiment très belles. Et que sur un week-end de 3 jours, c'est bien d'avoir des courses de support de ce niveau. Surtout avec des jeunes pilotes qui deviendront plus tard des stars de la F1.

Comme on a pu le voir cette année avec Norris, Albon et Russell.
Oui, c'est assez exceptionnel, car les 3 premiers pilotes de la FIA F2 sont passés en F1. C'est quelque chose que l'on n’a jamais eu de mémoire en GP2.

En 2009, di Grassi, Hulkenberg et Petrov sont passés en F1.
Ils étaient les 3 premiers effectivement. Mais voyez, c'est assez rare. On est parfaitement heureux. Il faut dire également que le niveau en F2 l'année dernière était particulièrement remarquable.

Avez-vous envisagé d'être promoteur de la F3R ?
Non pas du tout. On envisage d'être promoteur des championnats qui courent avec la F1. On ne veut pas se disperser, il y a d'autres qui sont capables, en F4 ou en formule régionale. Ce n'est pas notre stratégie. Notre stratégie est bien de se concentrer sur les dernières étapes avant la F1, sur les week-ends de F1.

Mickael Guilmeau

Fan de F1 depuis de nombreuses années, ayant officié sur différents médias dont ToileF1, gérant F1Feeds sur Facebook.

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