Au cours de ces cinq dernières années faites de titres disputés et de courses à rebondissements, les fans de Formule E ont pu suivre les joies et les peines de noms désormais ancrés dans l'histoire de la discipline.
Les champions passés, Nelson Piquet Jr, Sébastien Buemi, Lucas di Grassi et Jean-Eric Vergne, ont laissé leur empreinte dans cette catégorie atypique. Mais d'autres pilotes, parfois détenteurs d'un riche palmarès en sport automobile, ont également participé plus furtivement au développement de la Formule E. Retour sur ces noms insolites étant passés par le championnat électrique.
Parmi les premiers pilotes ayant participé au championnat de Formule E, un nom sort du lot. Celui de Bruno Senna, neveu d'Ayrton. Si le brésilien a dû grandir avec la pression engendrée par son lien avec le légendaire triple champion du monde de Formule 1, il a cependant réussi à tracer sa route d'une catégorie à l'autre, pour finalement atteindre la catégorie reine à son tour.
Malheureusement, avoir un nom connu ne suffit pas pour écrire l'histoire. Bruno n'aura en effet couru que 46 Grand Prix dans des écuries moyennes avant de changer d'environnement. Zoom sur les deux saisons d'un Senna en Formule E.
Bruno Senna, sa carrière, son palmarès
Né en 1983, Bruno baigne dès son plus jeune âge dans l'univers de la course. La notoriété de son oncle fait de lui son modèle. C'est à l'âge de 11 ans qu'il voit son icone perdre la vie dans les circonstances dramatiques que l'on connait. La mère de Bruno, qui est également la soeur d'Ayrton, décide alors d'interdire à son fils de continuer le sport automobile.
Ce n'est qu'à ses 20 ans que le brésilien revient derrière un volant. L'ancien coéquipier du triple champion du monde et proche de la famille Senna, Gerhard Berger, incite le jeune Bruno à tenter sa chance lors des deux dernières manches du championnat de Formule BMW. Il court ensuite en Formule Renault 2.0 et en Formule 3 britannique, sans résultats probants.
C'est en 2006 qu'il décroche ses premières victoires, lui permettant d'obtenir la 3ème place du championnat et d'accéder aux GP2 Series l'année suivante. Avec seulement trois victoires en deux saisons, Senna se retrouve sans volant de monoplace pour 2009. Il se rabat sur les Le Mans Series où il monte deux fois sur le podium à bord de son Oreca.
Il décroche finalement un baquet en Formule 1 grâce à l'arrivée de la nouvelle écurie HRT en 2010. Le manque de compétitivité de sa monoplace ne lui permet que de se qualifier en fond de grille, et de ne grimper dans le classement qu'au rythme des abandons de ses concurrents. A l'instar de Franck Montagny chez Super Aguri, Senna est remplacé par le japonais Sakon Yamamoto en Grande-Bretagne, mais conserve sa place de titulaire pour le reste de l'année.
En 2011, Senna devient pilote d'essais chez Renault avec l'espoir d'accéder un jour au poste de titulaire. Son rêve se réalise au Grand Prix de Belgique où il remplace Nick Heidfeld dont les résultats face à Vitaly Petrov sont jugés décevants. Il célèbre cette annonce par une belle septième place en qualifications, mais est responsable d'un accrochage au départ le reléguant à la 13ème place à l'arrivée.
C'est à Monza qu'il décroche ses premiers points en Formule 1, les deux seuls de l'année. La suite de la saison se complique en effet, à mesure que le manque de développement de la voiture se fait sentir. Les deux voitures, capables de monter sur le podium en Australie et en Malaisie, stagnent au delà de la 15ème place lors des dernières courses.
Les difficultés de l'équipe poussent celle-ci à renouveler son duo de pilotes, et Senna perd sa place au profit de Romain Grosjean, désormais champion de GP2, et de Kimi Raikkonen, l'ancien champion du monde fraîchement sorti de sa retraite. Il rebondit chez Williams, qui lui propose alors une voiture capable de viser plus régulièrement le top 10.
En plus de marquer des points en Malaisie, en Chine, à Monaco, à Valence, en Hongrie, en Italie, en Inde, à Abu Dhabi et aux Etats-Unis, Senna réalise le meilleur tour du Grand Prix de Belgique. Ces bons résultats font de lui un pilote plus régulier que son coéquipier Pastor Maldonado, qui termine cependant devant lui au classement grâce à sa victoire historique à Barcelone.
Pour l'anecdote, Senna avait non seulement vécu une course difficile en s'accrochant avec Michael Schumacher pendant que son coéquipier remportait la course, mais il avait également vu sa voiture brûler dans un incendie sans gravité qui avait ravagé malgré tout une bonne partie du garage Williams.
Malgré sa belle régularité, Bruno est remplacé l'année suivante par le pilote essayeur de l'équipe, un certain Valtteri Bottas. Il s'engagera alors dans la catégorie GTE Pro du WEC, puis en Formule E en parallèle de son programme d'endurance.
Deux saisons pour atteindre le podium
Choisi par Mahindra pour disputer la saison 1, Bruno Senna débute son aventure électrique par un abandon à Pékin. Il n'aura même pas eu le temps de profiter du premier FanBoost de l'histoire de la Formule E. Le brésilien ne sera pas plus chanceux à Putrajaya, deuxième manche de la saison, puis qu'il abandonnera également mais sera malgré tout classé 14ème.
En parallèle de ses mésaventures, son coéquipier Karun Chandhok réalise de belles performances en terminant 5ème et 6ème des deux premières courses. Le brésilien remet cependant la balle au centre après les E-Prix de Punta del Este et Buenos Aires, où il se retrouve à égalité avec son coéquipier qui a à son tour abandonné à deux reprises.
Senna retrouve le chemin des points à Long Beach où il termine à la 5ème place. Il abandonne à Monaco, puis termine trois fois hors du top 15. C'est lors du tout dernier E-Prix de la saison à Londres qu'il signera son meilleur résultat de la saison en finissant 4ème. Pour ce faire, il résistera même aux assauts désespérés de Sébastien Buemi, qui a alors besoin de doubler pour être sacré champion.
Le neveu d'Ayrton est reconduit par l'équipe indienne pour la saison 2. Il est cette fois-ci associé à Nick Heidfeld, transfuge de chez Venturi et déjà auteur d'un podium l'année passée. Et l'allemand récidive dès le premier E-Prix de la saison en prenant la 3ème place. Senna termine cette première course à la 13ème place.
Il entre ensuite dans les points à Putrajaya, puis à Buenos Aires, Mexico, Long Beach et Paris. Il monte enfin sur son premier podium à Londres, où il décroche la 2ème place. Il s'agit du meilleur résultat de Mahindra en Formule E, qui compte désormais trois podiums dans la discipline. Lors de la deuxième course du weekend, Senna termine sa saison avec une 6ème place à l'arrivée et la 11ème place au classement des pilotes.
Malgré son podium et son total de points supérieur à celui de la saison 1, Senna n'est pas renouvelé pour une troisième année chez Mahindra. Il faut dire que Heidfeld le devance de 3 points au classement des pilotes, alors qu'il avait déclaré forfait à Punta del Este suite à une petite intervention chirurgicale sur sa main gauche.
Depuis l'arrêt de son programme Formule E, Senna se concentre sur l'endurance. En 2018 et 2019, il dispute les 24h du Mans aux côtés d'André Lotterer et Neel Jani, les deux pilotes choisis par Porsche pour leur arrivée dans le championnat électrique. Il y obtient deux 4ème places au volant de la Rebellion R13 du Rebellion Racing. Il prolonge avec l'équipe pour 2020, et a récemment remporté les 6h du circuit des Amériques.