Antonio Felix Da Costa a fait preuve d'une domination sans partage à Berlin, s'offrant la pole, la victoire, le meilleur tour en course et la tête de la course du départ à l'arrivée. Un grand chelem, donc, cependant terni par une façon plus que discutable d'activer son Attack Mode.
Des dépassements au départ, pas plus
Sur la grille de départ, peu de changements par rapport à la fin de la séance de qualifications de cet après-midi. Seuls James Calado, pénalisé et donc dernier sur la grille, et Oliver Rowland, qui s'élance des stands, viennent changer le visage de la grille de départ.
A l'extinction des feux, Da Costa conserve la tête de la course devant Vergne qui vient protéger son coéquipier. Lotterer est 3ème à l'issue du premier tour, devant Buemi, De Vries, et un Sam Bird déjà 6ème. Dans le premier tour, Vergne commet une petite erreur, ce qui le met immédiatement sous la pression de la Porsche de son ancien coéquipier.
A l'arrière, d'Ambrosio récupère la 6ème place à Bird, qui devance désormais Massa, Evans et Lynn. La direction de course annonce un stop-and-go de 10 secondes pour Oliver Rowland, puis une pénalité de temps de 5 secondes. Calado écope lui aussi de 10 secondes de pénalité sur son temps de course. Ces décisions interviennent suite aux différents problèmes techniques rencontrés par les deux pilotes.
Situé à la 22ème place, Sérgio Sette Câmara est placé sous investigation pour avoir mal positionné sa voiture sur la grille de départ. Les commissaires ont le temps d'étudier la question, puisque la piste ne propose que peu d'action jusqu'à présent. La bataille a principalement lieu à distance, chaque pilote tentant de mettre la pression sur la voiture devant lui.
Premier incident et Safety Car
Après 10 minutes de course, Da Costa mène donc, suivi de près par Vergne. Lotterer ne parvient pas à suivre le rythme et crée un petit bouchon, retardant Buemi et De Vries. Cela pourrait permettre au champion français d'aller activer son Attack Mode sereinement, sans crainte de perdre des positions.
Robin Frijns est le premier à animer la course, bien malgré lui. Le néerlandais est emmené dans le mur à la sortie du virage 2 par Maximilian Günther, et perd son aileron avant. Le pilote Virgin tente de rejoindre son stand à petite allure, puisqu'une protection de roue menace de se détacher de la voiture, mais sa suspension avant-droite est cassée. C'est l'abandon et l'intervention de la Safety Car.
Sette Câmara et Müller profitent de cet incident pour activer leur premier Attack Mode. S'ils ne profiteront pas du supplément de puissance, ils auront au moins utilisé l'un de leurs deux boosts obligatoires de la course.
Lorsque la course reprend ses droits à 26 minutes de l'arrivée, Da Costa emmène toujours Vergne, Lotterer, De Vries, Buemi, d'Ambrosio, Bird, Evans, Massa et Lynn. L'intervention de la Safety Car ayant duré 5 minutes, ce sont 5kWh qui sont retirés des batteries des voitures. Cette obligation de gérer son énergie n'empêche pas Bird de reprendre le meilleur sur d'Ambrosio.
Buemi est le premier homme de tête à activer son Attack Mode. Le suisse perd une position sur Bird, désormais 5ème. Cela soulage De Vries qui active son boost à son tour. Le néerlandais se retrouve sous la pression de Bird, qui semble déterminé à revenir dans la course au titre. Même sans surplus de puissance, Bird arrive à mettre la pression à De Vries qui ne parvient pas à recréer un écart.
Un Attack Mode aléatoire ?
Un tour plus tard, Lotterer plonge dans l'Attack Zone à son tour, mais l'allemand rate le premier capteur de détection et son boost n'est pas activé. De Vries en profite pour mettre une pression immédiate sur son adversaire, et finit par trouver l'ouverture. En tête, les deux DS Techeetah plongent dans l'Attack Zone.
Da Costa manque complètement la première ligne de détection, mais son boost est activé malgré tout. Cela devrait agacer Lotterer, puisque l'allemand n'a pas pu activer son Attack Mode malgré une trajectoire bien plus proche de la ligne que celle de Da Costa. La direction de course devrait rapidement se pencher sur cette anomalie flagrante.
Avec encore 19 minutes au compteur, Da Costa est toujours en tête devant Vergne, De Vries, Lotterer, Bird, Buemi, Evans, Massa, d'Ambrosio et Lynn. Les positions semblent figées, sauf pour les pilotes qui activent leur Attack Mode. C'est le cas de Lotterer qui active enfin son Attack Mode et qui profite de son boost pour reprendre la 3ème place à De Vries, qui commet une petite faute au virage 1.
Le drapeau jaune est de sortie à 15 minutes de l'arrivée. Felipe Massa et sa Venturi sont dans le mur de protection. Le brésilien a manqué son freinage au virage 6, et doit abandonner. La direction de course demande au pilote s'il peut faire une marche arrière pour mettre sa voiture en sécurité, mais le train avant est trop abîmé pour bouger. La course est alors placée sous régime de Full Course Yellow.
Deux interruptions, deux poids, deux mesures ?
C'est un coup dur pour Vergne qui venait d'activer son Attack Mode, misant sur une sortie de la Safety Car pour dépasser son coéquipier à la relance. L'intervention aura été de courte durée, car les voitures reprennent un rythme soutenu. Da Costa profite des mésaventures de son coéquipier pour aller chercher son second Attack Mode. Enfin presque...
Le portugais récidive en effet, en activant son boost sans même avoir touché la première ligne de détection. La situation est vraiment perturbante, presque grotesque, puisqu'elle rappelle intuitivement la tentative manquée de Lotterer en début de course. Il faut dire que l'allemand avait tout de même placé la moitié de son train avant sur la première ligne de détection.
La comparaison avec la trajectoire de Da Costa ne laisse aucune place au doute : le portugais a totalement manqué la ligne lors de son premier Attack Mode, et a à peine effleuré celle-ci lors de son deuxième boost. Il est difficile de concevoir qu'un pilote ayant placé la moitié de sa voiture sur la ligne puisse se voir refuser l'activation de son Attack Mode, quand un pilote ne touchant même pas la ligne y accède par deux fois.
Toujours est-il que la course continue. Vergne semble tout à coup en difficulté, et perd une position face à Bird dans la longue ligne droite de départ. Il est immédiatement mis sous pression par Lotterer qui bénéficie de l'Attack Mode, et qui finit par passer. Da Costa, Bird et Lotterer forment donc le podium provisoire à 4 minutes de l'arrivée.
De l'or au noir chez Techeetah
De Vries tente sa chance à son tour sur le champion français. S'il n'évite pas le contact au premier virage, le pilote Mercedes prend le meilleur sur son adversaire. Vandoorne est le suivant. Vergne semble à l'agonie. Cela rappelle d'autres images de surchauffe de batteries, qui impliquent régulièrement des baisses de rythme, voire des abandons. D'Ambrosio, qui a assisté aux différents dépassements effectués sur la Techeetah, plonge à son tour au premier virage et vient s'appuyer sur la voiture noire et or.
A l'arrière, Mitch Evans est envoyé en tête à queue par Maximilian Günther. Le kiwi repart en 18ème place. C'est une aubaine pour Da Costa, déjà leader du classement des pilotes, qui voit son plus proche adversaire abandonner ses espoirs de points aujourd'hui. Le portugais va accroître son avance au championnat à l'issue de ce premier E-Prix de Berlin.
Dans l'ultime boucle, Lotterer trouve l'ouverture sur la Virgin de Bird et s'empare de la 2ème place. Da Costa franchit la ligne en vainqueur incontesté, devant Lotterer, Bird, De Vries, d'Ambrosio, Vandoorne, Buemi, Günther, Di Grassi et Sims. A l'arrière, Vergne chute brutalement hors du top 10 pour ne terminer qu'à la 18ème place. Il semble que le français se soit, à l'image de Mitch Evans, retrouvé en tête à queue dans l'un des derniers virages de la course.
Si l'on pourrait logiquement s'attendre à plusieurs pénalités post-course, il faut noter que la direction de course n'a à l'heure actuelle ouvert aucune enquête concernant les différents incidents impliquant Günther, ou encore les activations plus qu'hasardeuses de l'Attack Mode par Da Costa.
La deuxième épreuve disputée à Berlin aura lieu dès demain, une nouvelle fois sur le tracé inversé du circuit de Berlin-Tempelhof. Espérons à minima que des explications soient apportées d'ici-là sur les différentes décisions, ou absences de décisions, de la part des commissaires sportifs.