Dès 2011 et son étude sur la création d'un championnat de voitures 100% électriques, la FIA a nourri de grandes ambitions sur ce qui devînt la Formule E, le premier championnat éco-responsable à avoir lieu dans le centre des grandes villes du monde. Avec cette nouvelle discipline, Jean Todt, le président de la Fédération Internationale de l'Automobile, et les organisateurs souhaitaient offrir une nouvelle image à l'automobile électrique, en démontant les clichés de la voiture ni assez puissante ni assez endurante, et pas uniquement auprès des amateurs de sports mécaniques.
En lançant le championnat de Formule E en 2014, l'objectif était d'amener la course automobile chez les spectateurs, parfois étrangers au monde du sport automobile, en organisant des ePrix au coeur des grandes capitales du monde. Il fallait réconcilier le grand public avec le sport, mais aussi faire la promotion de la voiture propre, en démontrant que la technologie électrique pouvait offrir une belle démonstration de puissance et d'efficacité, le tout au service du citoyen lambda qui profiterait un jour de tout cela sur sa voiture de série. Car la Formule E a avant tout pour objectif de servir de vitrine technologique, avec un plan d'action étalé sur plusieurs années au terme desquelles la technologie électrique serait suffisamment développée pour enfin pouvoir se démocratiser.
Ainsi, la Formule E prévoit de développer la technologie et le marché de l'électrique par paliers, en faisant progression son règlement technique saison après saison. S'il était initialement prévu que la puissance des moteurs soit revue à la hausse à partir de la saison prochaine, passant de 200kW à 250kW, la FIA a finalement revu le règlement technique afin de proposer un développement plus progressif. Les batteries, fournies par Williams Advanced Engineering, ne fourniront donc leurs 50kW supplémentaires qu'à l'horizon 2018 à travers deux améliorations successives de 20kW à la saison 4 et de 30kW à la saison 5. Les écuries engagées pourront également continuer à développer leur propre moteur électrique, onduleur, boîte de vitesses, et système de refroidissement.
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Mais le règlement ne stagnera pas pour autant. En effet, si la puissance délivrée par le moteur restera inchangée, un gros travail sera effectué sur la récupération d'énergie qui passera à 150kW, contre 100kW actuellement, permettant aux pilotes de mieux recharger leurs batteries et de parcourir une plus grande distance avant de changer de voiture. Cette nouveauté technique fait écho à celles apportées cette saison, lorsque les équipes ont pu commencer à développer elles-mêmes leurs propres blocs propulseurs. Alors que toutes les voitures étaient à peu près identiques lors de la première saison, la saison 2 a vu fleurir bon nombres de choix techniques différents au niveau de la gestion des batteries. Les équipes Andretti, Venturi et Mahindra utilisent par exemple une batterie unique, contrairement à Renault e.Dams, ABT ou DS Virgin qui ont fait le choix d'intégrer deux batteries plus petites dans leurs voitures.
L'objectif, à terme, est de faire disparaître la seconde voiture dans laquelle les pilotes sautent lors de leur arrêt au stand en permettant aux blocs propulseurs de rallier l'arrivée d'une traite. Un objectif que la FIA veut atteindre à l'horizon 2018, pour l'ouverture de la saison 5 du championnat, et qui promet un développement rapide de la technologie embarquée dans les voitures de série.
C'est également dans cette optique que la Formule E accueillera dans les années à venir - dès 2017 en théorie - la nouvelle Roborace, une voiture autonome capable de se piloter elle-même. Toujours 100% électrique, cette nouvelle voiture devrait prendre part à des "shows" - le terme de "courses" insinuant la présence d'un pilote dans la voiture - en soutien des ePrix de Formule E, où dix équipes aligneront deux voitures. Chaque voiture étant identique, avec interdiction d'y apporter des modifications, c'est sur le logiciel que les équipes devront faire la différence, en proposant de meilleurs algorithmes que leurs rivaux. Une nouvelle discipline d'avenir qui pourra faire progresser encore un peu plus la technologie électrique, à l'heure où de grandes compagnies comme Audi, Renault, Peugeot, Bosch ou encore Google et Apple travaillent sur des projets de voitures autonomes.