Début d’une nouvelle série aujourd’hui, après s’être intéressé aux différentes saisons des teams du championnat de Formule E nous allons désormais étudier plus en détails celles des pilotes. Nous commençons donc aujourd’hui avec un patronyme bien connu des initiés des sports mécaniques, j’ai nommé Nicolas Prost. Le pilote e-dams Renault, dont son père Alain est le fondateur n’en est pas à son coup d’essai en sport automobile. En effet, il fait ses débuts en Formule Campus, un championnat regroupant les jeunes pilotes non professionnels. Il faut dire qu’il a fait des études d’économies et qu’il ne pensait pas devenir pilote comme son père. Pilotant le soir et les week-ends tout en étant banquier à Genève le reste du temps, Nicolas finit cette premières expérience à la 10e place du championnat. Cependant, la même année il fait une apparition dans le championnat de France de Grand Tourisme et marque les esprits en finissant à une solide 4e place, ratant de peu le podium. Ce n’est qu’en 2005 qu’il reprend sérieusement le volant en participant à des courses de Formule Renault 2.0 et Formule Renault 3.5, ces diverses expériences lui permettent de se faire connaitre et de gagner en confiance pour concourir dans sa première grosse catégorie de sa carrière : La Formule 3. On est alors en 2006 et Nicolas remporte le titre de « meilleur rookie de la saison » plaçant sa monoplace à la 4e position du championnat des pilotes. En 2007 il monte même d’une place au championnat avec 7 podiums en 14 courses pour 12 arrivées dans les points. Une année plus tard, en Formule 3000, rien n’arrête son ascension, il signe 1 victoires, 6 podium et devient champion pour la 1ere fois de sa carrière.
En marge de sa carrière en monoplace il participe de nombreuse fois aux 24h du Mans, d’abord en 2007 en GT1 puis à partir de 2009 en LMP1, son meilleur résultat à ce jour reste une 4e place obtenue deux fois : en 2012 et 2014 aux côtés d’un autre pilote de formule E : Nick Heidfeld.
Nicolas Prost rejoint donc en 2014 Sebastian Buemi, son concurrent presque direct en Endurance, avec qui il va faire équipe chez e-dams Renault. Lors des tests d’avant saison, la monoplace se comporte bien et Buemi signe le meilleur temps, devançant au passage des ex-pilotes de Formule 1 comme Jaime Alguersuari et Nick Heidfeld. Prost quant à lui ne finit pas aussi bien que son coéquipier sans toutefois occuper des places dramatiques puisqu’il signe la 7e position en jour 2, la 6e en jour 3.
Le premier e-prix de la saison est le théâtre du premier fait marquant de la saison de Nicolas Prost : Auteur de la pole position, le français gère la course d’une main de maitre, il fait la course en tête bien que suivit de près par Nick Heidfeld, on s’attend alors à voir les deux hommes monter sur le podium mais il n’en est rien… à deux virages de l’arrivée, l’allemand tente le tout pour le tout et essaie de dépasser le français qui tente de lui fermer la porte : Les deux hommes se percutent, Prost abandonne tout comme Heidfeld, projeté contre un mur de protection et dont la monoplace retombe à l’envers sur l’asphalte. C’est Lucas Di Grassi qui profite de la situation, plein d’opportunisme, le brésilien devient le premier vainqueur d’un e-prix de l’histoire.
Vidéo de l'accident spectaculaire entre Nicolas Prost et Nick Heidfeld
Pour le deuxième e-prix en Malaisie, Prost signe encore une fois la pole, cependant encore une fois il n’arrivera pas à tenir le rang jusqu’à la fin... Il finit à une 4e place, juste derrière son coéquipier Sebastian Buemi qui décroche le premier podium de la saison pour e-dams Renault.
Buemi confirme lors de l’e-prix de Punta Del Este, il monte sur la plus haute marche du podium alors que Prost ne marque que 6 points. Des points certes précieux pour l’équipe mais qui, sur un plan comptable et purement personnel, ne font pas les affaires du français. Il sait ainsi qu’il doit réagir.
Ce qui fait parfaitement à Buenos Aires où il signe une deuxième place mais surtout à Miami où, pour la première fois de la saison il remporte un e-prix. C’est au tour de son coéquipier Sebastian Buemi de douter puisqu’il ne marque que 3 petits points (les 3 de sa pole position à Buenos Aires) au court de ces deux évènements. Une chose est sûre : A mi-championnat e-dams compte 31 point d’avance sur son dauphin de l’époque Audi Abt et se place comme un sérieux prétendant à la victoire finale.
Le deuxième e-prix américain n’est pas aussi réussi que le premier pour le français qui se voit contraint d’occuper la modeste 14e place mais qui se consolera avec les deux points du meilleur tour en course.
A Monaco, il tire son épingle du jeu, évitant l’énorme accrochage de début de course, il parvient à rallier l’arrivée, bien loin de son coéquipier qui fait le premier doublé pole position – victoire en course, mais en marquant 8 précieux points. Ça sera là son dernier coup de chance. La fin de la saison est plus que compliquée pour le français. Il ne marque qu’un point à Berlin, 4 en Russie, 6 à la première course de Londres puis à nouveau un petit point lors de la seconde course de Londres… Peut-être savait-il le titre hors de portée et a-t-il décidé de lever le pied ?
Quoi qu’il en soit il finit premier français au classement des pilotes avec la 6e place et 88 points, 56 points derrières Nelson Piquet Jr., le premier champion du monde de Formule E. Il a également permis d’inscrire des points importants dans l’optique du championnat du monde des constructeurs et le titre de champion remporté par e-dams Renault n’aurait pas été si facile sans lui.
Prost a le potentiel pour faire mieux, que ce soit en Formule E où ailleurs il l’a déjà démontré et représente avec Jean-Eric Vergne nos meilleures chances de voir à nouveau un français remporter une discipline « monoplace » de sport automobile avec pourquoi pas en point d'orgue une victoire lors du prochain ePrix de Paris? Ça serait une première pour un français de s'imposer en France dans une discipline majeure et monoplace depuis le GP de Formule 1 de Magny-Cours 1993 avec la victoire d'un certain... Alain Prost, ça ne s'invente pas.