Les Américains de l'IMSA SportsCar Championship ont cette curieuse habitude de débuter la saison avec les deux courses les plus prestigieuses du calendrier. Un mois et demi après la 63e édition des 24 Heures de Daytona, remportée par la 963 n°7 du Porsche Penske Motorsport, place ce samedi aux 12 Heures de Sebring, dont l'aura est peut-être encore plus grande.
Le premier Français à s'être s'imposé sur le tracé floridien fut Jean Behra, en 1954, sur une Maserati 540 partagée avec Juan Manuel Fangio. Lui ont depuis succédé Gérard Larrousse (1971), Bob Wollek (1985), Yannick Dalmas (1997), Laurent Aïello (2001), Romain Dumas (2008), Emmanuel Collard (2008), Nicolas Lapierre (2011, 2018), Loïc Duval (2011, 2021), Olivier Panis (2011), Benoît Tréluyer (2013), Sébastien Bourdais (2015 et 2021) et Tristan Vautier (2021).
De notre correspondant sur place, Didier Laurent
Quelles sont les chances françaises aux 12 Heures de Sebring ?
A-t-on une chance de voir ce contingent passer à quatorze ce samedi ? Dans la catégorie-reine, on dénombre quatre ressortissants tricolores, dont trois sur une Porsche 963. Kévin Estre et Mathieu Jaminet font cause commune sur la n°6 officielle alignée par le Porsche Penske Motorsport, alors que Tristan Vautier est inscrit sur la n°5 couvée par l'écurie privée Proton Competition.
Quant à Romain Grosjean, il tentera de redonner des couleurs à Lamborghini Squadra Corse et la SC63, qui brille par son absence en WEC et qui a été la première voiture à abandonner aux 24 Heures de Daytona, fin janvier. De toute évidence, les chances de victoire ne sont pas les mêmes pour tous…
Jaminet toujours en confiance
« Nous avons mené à bien plusieurs séances d'essais ici à Sebring, et ça s'est plutôt bien passé, avoue Mathieu Jaminet, qui reste sur une troisième place aux 24 Heures de Daytona en compagnie de Matt Campbell et Kévin Estre. Mais jusque-là, tant en 2023 qu'en 2024, nous n'y avons pas encore rencontré le succès espéré. »
Et ce notamment en raison du fait que la Porsche 963 n'est guère à son aise sur les bosses, principales caractéristiques de ce circuit tracé sur un ancien aéroport militaire floridien et qui propose un revêtement constitué d'un enchevêtrement mêlant asphalte et plaques de goudron. D'où son slogan : Respect the bumps.
L'épreuve fera donc office de juge de paix pour Porsche, qui a justement utilisé un Evo Joker durant l'intersaison pour revoir la suspension avant de sa monture, dans le but de la rendre performante sur tous types de circuits.
« Contrôler la dynamique et la hauteur de caisse n'y est pas une mission aisée, explique Jaminet. Ce qui est assez unique, ce sont ces bosses en pleine ligne droite, ce qui n'arrive nulle part ailleurs. Mais quand tu roules haut, tu perds en charge aéro. C'est donc un cercle vicieux. Et puis il y a l'amortissement à gérer, et qui est en partie assuré par les pneumatiques... »
Michelin à la rescousse
De cette capacité à trouver les réglages optimaux dépendent en vérité les chances françaises cette semaine. Et pour les aider dans leur quête, ils compteront sur Michelin. Le Sebring International Raceway n'a plus aucun secret pour le géant clermontois, qui a même été introduit au Hall of Fame en 2010.
« L'un des rôles majeurs du pneu demeure l'amortissement, explique Pierre Alvès, responsable des programmes Endurance chez Michelin. Raison pour laquelle la pression préconisée n'est pas très élevée (1,7 bar en 2024 en GTP. Ndlr), pour aider les autos à moins subir les bosses. Mais si le pneu souffre en surface, le revêtement ne fatigue pas la carcasse. »
« Et ce même si d'un point de vue mécanique il n'y a pas mieux que les bosses de Sebring pour mettre une voiture à rude épreuve. L'autre facteur à prendre en considération, c'est le fait qu'il y a deux types de revêtement différents : béton et asphalte. Et en fonction de l'intensité du soleil, les températures de piste peuvent différent de 10 à 12°C, ce qui a bien évidemment un impact sur la dégradation et le grip. »
Michelin qui, en tant que manufacturier pneumatique unique et partenaire majeur de l'IMSA SportsCar Championship, n'équipe pas uniquement les treize autos de la catégorie GTP, mais bien les 56 attendues sur la grille.
Bourdais veut sa revanche
En LMP2, Sébastien Bourdais aura soif de revanche après avoir perdu sa victoire aux 24 Heures de Daytona sur tapis vert suite à une décision très sévère de la part des instances dirigeantes lors des vérifications techniques d'après-course. Inscrit sur l'Oreca 07 n°8 du Tower Motorsports, le Sarthois aura cependant fort à faire, notamment face à Tom Dillmann, qui porte toujours les couleurs de la formation Inter Europol Competition avec laquelle il a décroché le titre l'an passé.
Enfin, notons en GTD la présence de la Française Lilou Wadoux sur la Ferrari 296 GT3 n°21 d'AF Corse et de Valentin Hasse-Clot sur l'Aston Martin Vantage n°19 du Van der Steur Racing. Autant de pilotes – en dehors de Romain Grosjean – qui se retrouveront en juin au départ des 24 Heures du Mans (14-15 juin).
- #63: Lamborghini, Romain Grosjean, Andrea Caldarelli
- #6: Porsche Penske Motorsports, Porsche 963, GTP: Mathieu Jaminet, Matt Campbell, Kevin Estre, Scott McLaughlin
- #6: Porsche Penske Motorsports, Porsche 963, GTP: Mathieu Jaminet, Matt Campbell, Kevin Estre, pit stop, dirty
- #63: Lamborghini Iron Lynx, Lamborghini SC63, GTP: Romain Grosjean
- #6: Porsche Penske Motorsports, Porsche 963, GTP: Mathieu Jaminet, Matt Campbell, Kevin Estre, Scott McLaughlin