Le pilote Mercedes compte déjà 2 succès aux 24 Heures de Spa et compte bien décrocher ce week-end un premier succès sur la Norschleife. Circuit qu'il a découvert sur le siège passer d'une voiture de location aux côtés de son père, Jean-Marc Gounon.
24 Heures du Nürburgring
Tu as des souvenirs particuliers de tes débuts sur la Nordschleife ?
Mes premiers tours c'était en passager avec mon père quand il roulait en Le Mans Series, en 2006 je dirai, il avait loué une voiture et c'était déjà impressionnant. Mes premiers tours de roue ici au volant d'une voiture de course, c'était en 2017 lors d'un test avec Mercedes-AMG. Là tu comprends... Je n'avais jamais roulé dans une catégorie où cela roulait vite et là c'était très vite ! Lors de mon premier tour je me suis dis que ça allait être compliqué d'aller vite ici et ensuite cela vient.
Les 24 Heures du Nürburgring, c'est tout de même la version hard-rock du sport auto ?
Totalement et avec la météo prévue ce week-end, cela sera réellement le "Green Hell". Quand tu es en aquaplaning entre 2 rails, sans dégagements, dans le brouillard et de nuit... C'est une course de folie, il faudra déjà terminer, c'est pour moi la course la plus dure à gagner. Certes je vise un jour Le Mans qui est une course de très haut niveau, à Spa, 25 voitures sont capables de jouer la gagne mais ici c'est autre chose. Chaque course de 24 Heures a ses spécificités. A Daytona, il faut protéger la voiture et rester au contact sans jamais trop pousser, c'est plus une course d'attente. A Spa c'est à fond tout le temps, ici il n'y a pas de safety-car, une fois que tu as pris 30" c'est très dur de les récupérer.
Mercedes court derrière un succès depuis 2016...
Mercedes a connu aussi une longue période sans succès à Spa entre 2013 et 2022. Mercedes-AMG court après un nouveau succès depuis plusieurs années et c'est passé près lors des dernières éditions... Il nous a toujours manqué le petit plus ces dernières années pour l'emporter.
Seulement 5 français ont remporté les 24 Heures du Nürburgring, prêt à devenir le sixième ?
Ah oui seulement 5 ! Cela ne va pas être facile de battre Porsche cette année mais si ça l'était, on ne viendrait pas ! C'est un circuit difficile à décrire tout de même, ce n'est pas comme sur simulateur où on peut toujours faire reset ! Chaque tour prend 8 minutes avec des conditions souvent changeantes, plus de 100 voitures qui passent, c'est un peu comme du rallye ! Une fois j'étais en slick dans la descente de Fuchsröhe, sous le déluge, un peu plus loin à Adenauer Forst il faisait grand soleil. Il faut être très fort sur le choix des pneus. Parfois la nuit tu mets des pneus "drying wet" efficaces sous une faible pluie, il se met à pleuvoir très fort et d'un coup tu te prends 30" par le concurrent en full pluie et tu ne peux pas boxer face à lui, et il faut faire ton relais comme cela. Il faut parfois accepter que tu es en train de perdre et ne pas trop pousser... J'ai gagné Daytona en GT, je l'ai emporté 2 fois à Spa, j'aimerai vraiment gagner celle-ci !
Dans votre équipage, qui fera la Superpole et le départ ?
Cela devrait être Maro Engel normalement, il est celui qui a le plus d'expérience ici. C'est "Monsieur Nürburgring" chez Mercedes AMG, c'est toujours un plaisir de rouler avec lui. Avec Fabian Schiller on se connaît depuis longtemps et Adam Christodoulou, qui l'a emporté ici en 2016 avec Maro, vient nous épauler.
Quand une piste se dégrade autant, on cherche à avoir une voiture "confortable" lors des réglages ?
Ici on ne peut pas rouler à la hauteur de caisse que l'on veut, il y a aussi des angles imposés sur l'aileron. Les équipes sont assez limitées dans les réglages mais on joue beaucoup sur l'amortissement, dans l'absolu on va toujours sur la limite. L'an dernier lors d'un test ici avec Maro, nous étions séparés de seulement 40 millièmes. Nous sommes à un niveau de compétitivité très élevé en GT, d'ailleurs on a vu que de nombreux pilotes GT ont été pris en Hypercar. Il faut être à 100% du début à la fin ! Il faut un peu manager le risque sur ce circuit mais tu ne peux pas non plus le faire beaucoup... C'est un circuit que l'on aime et que l'on déteste à la fois. Si tu tapes tu peux te faire très mal, quand tout va bien, tu prends des risques et tu as l'impression de voler sur le circuit ! On se sent vivant ici !
On a eu la chnace de te voir rouler avec Alpine en Hypercar lors des 2 dernières manches du WEC. Comment cela c'est passé ?
C'était vraiment un rêve de pouvoir piloter en course une Hypercar, catégorie reine au Mans. Je remercie Bruno Famin et et Philippe Sinault. A Imola, je n'étais pas préparé du tout donc cela sautait un peu aux yeux de passer d'une GT à une Hypercar. A Spa, je me suis senti beaucoup mieux.
Les réservistes roulent parfois lors de la journée test des 24 Heures du Mans, ce sera le cas ?
Je ne pense pas, c'est la première saison de la voiture, les titulaires ont besoin de maximiser leur roulage. Je roule depuis 8 ans en GT3, c'est une catégorie que je connais très bien. En Hypercar, l'exigence est très élevée avec des débriefings très longs, impliquant de nombreuses personens et avec beaucoup de thèmes à aborder. A Spa et à Imola, je ne quittais pas le circuit avant une heure tardive...