Acteur de cette ère nouvelle dans laquelle l'Endurance s'apprête à rentrer à l'occasion des 24 Heures de Daytona, le Français de 28 ans va défendre pour la première fois les couleurs de Porsche dans la catégorie reine de sa discipline de cœur. Confessions...
Les 24 Heures de Daytona sont là, l'Endurance entre dans un nouvel Âge d'Or, la catégorie reine en IMSA est à nouveau baptisée GTP, les prototypes LMDh sont hybrides et attirent les constructeurs comme les équipes clientes. Mathieu Jaminet se livre sur son nouveau défi avec Porsche.
Jaminet avec les couleurs Porsche en GTP
Vous allez débuter, ce week-end, dans la catégorie numéro 1 de l'Endurance. Est-ce que vous en rêviez ?
C'est peu de le dire. Après celui de vivre de ma passion, c'était l'objectif que je m'étais fixé quand je me suis lancé en Porsche Carrera Cup France en 2015. La monoplace était bien trop onéreuse pour moi, alors de toutes façons je ne regrette pas mon choix. En Endurance, Porsche est le seul constructeur à proposer une vraie filière.
Comment avez-vous réagi quand Porsche vous a confirmé sur le programme GTP en IMSA ?
Les sentiments ont été multiples. C’est vrai que j'ai atteint un objectif que je m'étais fixé. Mais d'un autre côté le plus dur commence, d’autant que je découvre quelque chose de totalement nouveau. Mais défendre les couleurs de Porsche dans la catégorie reine de l'Endurance, c'est totalement dingue. Surtout en ce moment. Et ça, c'est une question de chance.
Les couleurs de Porsche, mais aussi de Penske...
Penske, ça me parle, car je suis un gros fan de NASCAR. C'est la plus grande écurie d'exploitation de la planète, tout simplement. Ils ont tout gagné... Mais ce n'est pas une garantie de succès pour autant et surtout deux fois plus de pression à gérer.
Vous disputerez cette année l'IMSA et non le WEC et les 24 Heures du Mans. Cela vous satisfait-il ?
Ce qui m'embête, c'est de ne pas disputer les 24 Heures du Mans. Mais sinon, je suis un amoureux de la course à l'américaine. Peut-être plus encore depuis que j'ai été titré l'an passé en IMSA en GTD Pro. Ils ont une autre vision de la course et un grand sens du spectacle. Et ce sans parler des tracés visités par le championnat.
En tant que pilote GT, avez-vous eu du mal à vous acclimater à la Porsche 963 ?
La puissance, les freins en carbone ou le brake-by-wire (freinage sans liaison mécanique, géré par l’électronique, Ndlr), c'est nouveau pour moi. Toutefois, cela ne m'a pas posé de souci. J'ai tout de suite pris du plaisir au volant et ça s'est ressenti sur les chronos.
Les essais sont une chose, la course en est une autre. Comment vous sentez-vous avant vos débuts en compétition au volant de la Porsche 963 ?
J'ai hâte, mais je suis plutôt relax. À vrai dire, je suis surtout curieux de voir comment ça va se passer. Il est toujours dur de tirer des conclusions des essais, et celui qui est le plus rapide sur un tour n'est pas forcément celui qui sera le plus véloce en course. Comment les voitures se suivent ? Comment pourrons-nous nous bagarrer ? Les inconnues sont encore nombreuses.
Avec tous les constructeurs du GTP regroupés en quelques dixièmes, les qualifications laissent augurer d'une belle bataille…
La plateforme LMDh semble plutôt bien fonctionner si on s'en tient aux chronos observés jusque-là. Le concept règlementaire - qui consiste à imposer aux voitures à être dans une fenêtre de performance de puissance et d'aéro très restreinte - semble judicieux, mais il faudra voir ce qu'il en sera en course.
Michelin a apporté une nouvelle gamme de pneus à Daytona. Comment la jugez-vous ?
Contrairement à ce qui était jusque-là le cas en WEC, l'IMSA n'a jamais autorisé les cabines de chauffe. La mise en température des pneus a donc toujours été un exercice pour nous, pilotes en IMSA. Il faut être attentif car on peut vite perdre beaucoup de temps. Mais dans ce domaine la gamme 2023 a indéniablement franchi un palier.
L'exercice n'est toujours pas facile, mais en jouant notamment avec le contrôle de traction ça se passe plutôt bien. Après, jusque-là nous avons toujours roulé avec des températures relativement élevées et il sera intéressant de voir ce qu'il en sera la nuit, avec les pneus tendres basse température (qui représentent neuf trains sur 21, utilisables entre 19h00 et 8h00, Ndlr).
Depuis l’année dernière vous devez respecter un certain niveau de pression. Quelle est la raison de cette réglementation ?
Effectivement, nous n’avons pas le droit de descendre en-dessous de 2,1 bars. Forcément, ce n'est pas l'idéal en termes de performance, principalement ici à Daytona. Mais il s'agit d'une décision prise pour des questions de sécurité car les voitures sont lourdes (1030 kg, Ndlr) tout en étant très rapides en ligne droite (+ 320 km/h, Ndlr). La donne sera différente sur les autres circuits que nous fréquenterons au fil de la saison.
Propos recueillis par Didier Laurent depuis Daytona !