Ce samedi, à Petit Le Mans, le pilote officiel Porsche va tenter de devenir le premier Français depuis Simon Pagenaud (en 2010) à gagner un titre au général dans un championnat d'Endurance majeur aux Etats-Unis.
La mission s'annonce difficile mais pas impossible, plus encore sur une course qui réserve toujours son lot de surprises. Mathieu Jaminet s’est confié à nous, à quelques jours du départ.
De notre correspondant sur place : Didier Laurent
IMSA, Petite Le Mans : Jaminet candidat au titre
D’une manière générale, comment jugez-vous cette saison 2024 ?
Il suffit de se remémorer la situation qui était la nôtre aux 24 Heures de Daytona 2023 pour comprendre à quel point nous avons progressé. Ils peuvent être fiers à Stuttgart, car aucune des courses de la saison 2024 de l'IMSA ne s'est terminée sans une 963 sur le podium. Preuve que la fiabilité précaire qui nous a handicapés la saison passée est désormais de l'histoire ancienne.
Je pense que personne ne s'attendait à ce que nous soyons aussi dominants cette année. Il suffira au Porsche Penske Motorsport de prendre le départ samedi pour décrocher le titre Constructeurs, et celui des pilotes se jouera entre nous et la voiture-sœur (la #7, celle de Dane Cameron, Felipe Nasr et Matt Campbell, Ndlr).
Et comment expliquez-vous ce regain de performances ?
Nous avons énormément progressé côté set-up, et ce grâce à une meilleure fiabilité. Sur le papier, nous n'avons pas forcément la meilleure voiture, mais sur le plan opérationnel, nous avons franchi un palier énorme. Nous avons beaucoup progressé sur l’exploitation de la voiture, et nous maximisons notre potentiel à chaque course, même quand nous ne pouvons jouer la gagne. Il faut un tirer un grand coup de chapeau à l'équipe pour cela.
En 2023, la Porsche dégradait grandement ses pneumatiques. Comment cela a-t-il résolu ?
Là aussi, c’est une question de set-up. Nous avons énormément progressé sur ce plan et parvenons aujourd’hui à effectuer des doubles relais sans le moindre souci. Nous réussissons à très bien exploiter les Michelin à gomme Soft sur les circuits en ville, ce que nous n'arrivions pas à faire l'an dernier.
Les pneus Michelin n'ont jamais été un problème, ce qui est plutôt bon signe. Certaines courses sprint (2h40. Ndlr) ont même été gagnées par des voitures ayant fait le pari de disputer l'intégralité de l'épreuve avec le même train de pneus. Sous la pluie, à Indianapolis, il fallait serrer les fesses, mais ça s'est bien passé.
Et sur le plan personnel, quel bilan tirez-vous ?
Nick (Tandy. Ndlr) et moi avons effectué une bonne saison. Nous avons gagné à deux reprises, à Laguna Seca et Road America. Et honnêtement, nous aurions pu en gagner davantage. Nous n'avons pas à rougir de nos performances par rapport à la voiture sœur. En qualifications, ils ne nous ont devancé qu'à deux reprises. Mais aujourd'hui, ils sont clairement en ballotage favorable.
Qu'est-ce qui a fait la différence selon vous ? Les consignes d'équipe ?
Oui. Il nous a assez rapidement été demandé de les aider dans leur quête de titre face à Cadillac. Au final, ce sont ces points qui vont peut-être faire la différence entre nous et eux.
Votre troisième place à Indianapolis avait accru grandement vos chances de jouer le titre Pilotes. Mais une disqualification pour non-conformité d'un élément technique a totalement changé la donne...
Il ne s'agit que de paperasse alors c'est assez frustrant. Ce qui est rageant, c'est que c'est la deuxième saison de rang durant laquelle une disqualification hypothèque nos chances de titre (disqualification à Watkins Glen en 2023. Ndlr). Nous avons un peu la sensation que le sort s'acharne. Nous avons pris un coup sur le casque...
Que faudrait-il pour renverser la vapeur ?
Tout peut arriver, comme nous l'avons vu à Indy, où la n°7 a connu des soucis. Globalement, il nous faudrait gagner et qu'ils terminent quelque chose comme septièmes ou au-delà. Ce n'est pas quelque chose que nous leur souhaitons et surtout, ce n'est pas dans l'intérêt de l'équipe, qui ne mérite pas cela. Après, si la moindre opportunité se présente, il faudra la saisir.
Quelles sont les spécificités d'une course comme Petit Le Mans, sur un circuit aussi atypique que le Michelin Raceway de Road Atlanta ?
L'an passé, nous nous sommes fait mettre dehors en pleine ligne droite. 54 voitures sur une piste de 4,088 km, le trafic est dense, et plus que partout ailleurs, tout peut arriver. Mais le tracé est très plaisant pour nous, pilotes, même s’il est très exigeant.
Que vous inspire le fait que l'arrivée de la nouvelle gamme de pneumatiques Michelin Hypercar / GTP a été repoussée à 2026 ?
Je trouve que c'est plutôt une bonne chose d'avoir un peu de stabilité. Ça ne fait que deux ans (les concurrents répondant au règlement LMDh. Ndlr) que nous roulons avec, et il y a pas mal de concurrents, à l'instar de Lamborghini, qui viennent d'arriver. Je pense que c'est bien de leur permettre de développer leur auto et de rattraper leur retard sans avoir à découvrir une nouvelle gamme de pneumatiques susceptible d'entraîner des changements de set-up.