Pierre Dieudonné a remporté l'édition 1981 des 24 Heures de Spa. Aujourd'hui, et depuis 14 ans, il officie chez WRT au post de directeur sportif et est l'une des chevilles ouvrières des succès de l'équipe belge !
24 Heures de Spa
On imagine que c'est avec une certaine émotion que vous avez emprunté l'ancien circuit lors de la parade mercredi ?
C'était une excellente idée de la part de l'organisation, revenir dans la descente de Masta et dans le virage de Stavelot, c'était chouette de faire découvrir ça aux pilotes actuels. J'ai eu en plus le privilège de le faire dans une superbe voiture, la BMW avec laquelle Dieter Quester et Toine Hezemans se sont imposés en 1973. En tout cas les spectateurs ont vivement manifesté leur enthousiasme lors de notre passage !
En tant que directeur sportif, vous analysez le règlement avant la course, cela représente combien de temps de travail ?
C'est un travail permanent, les règlements étant de plus en plus complexe. Il faut être en mesure de passer les bonnes informations aux différentes personnes, les pilotes mais aussi les mécaniciens et les ingénieurs. J'ai pris pour habitude de faire des résumés du règlement et ensuite de mettre des rappels de procédure. Par exemple, avant les qualifications, je fournis sur une feuille un rappel des choses les plus importantes. Et il y a bien entendu des différences dans le règlement entre ce qu'on retrouve ici et au Mans. Ils doivent pouvoir immédiatement se référer à un rappel simple du règlement en vigueur.
Allez-vous oser nous dire parmi vos pilotes quels sont les cancres au niveau de l'écoute des consignes...
En règle générale, il y a plus de mauvais élèves que de bons élèves. Certains ont une approche très professionnelle mais ils sont souvent assez puérils. C'est parfois un peu compliqué de les mettre sur les bons rails. De plus nous avons un mélange de pilotes professionnels et de pilotes plus amateurs. Il faut adapter son discours, on ne peut pas opposer à un amateur la même autorité et la même rigueur qu'à un professionnel qui est payé pour rouler.
Vous étiez journaliste en plus d'être pilote, est-ce cela qui vous a donné envie d'être dans la direction d'une équipe ?
Petit, je rêvais d'être pilote. Le parcours de ma vie m'a amené à faire des études et de faire un peu de journalisme auto durant mon temps libre et d'entrer dans le milieu de la course. Cela m'a permis d'accéder à mon rêve de devenir pilote, et vu que je me débrouillais bien j'ai commencé à essayer des voitures. L'écriture me plaît et j'y retournerai probablement quand je quitterai mon rôle actif dans le sport automobile. Je suis chez WRT depuis 14 ans, j'ai accumulé des archives et beaucoup de souvenirs...
Vous allez fêter dignement l'an prochain vos 15 ans au sein de WRT ?
Chaque année se fête ! Je ne m'attendais pas à ce que cela dure aussi longtemps, quand je suis arrivé, l'équipe était naissante et on ne pouvait pas présager de son évolution. J'arrive à un âge où normalement on lève le pied... Mais grâce à l'enthousiasme et à la passion communicative de Vincent Vosse je n'ai pas eu envie d'arrêter, on vit des choses extraordinaires et je suis surtout ravi de travailler avec des jeunes ! Cela permet de rester dans le coup et c'est très motivant pour moi. Après ma carrière de pilote, j'ai eu un long bail au service d'Oreca et je suis émerveillé que cela puisse continuer aujourd'hui avec WRT tout en prenant soin d'adapter mon rôle aux réalités.
10 ans sans succès ici pour WRT, c'est long...
Je n'aime pas parler de chance mais il faut de la réussite. On en a un peu manqué avec quelques coups durs ces dernières années, notamment le carambolage de l'an dernier. Oui, on aimerait bien récolter les fruits de nos efforts, cela ne fait aucun doute.
Vous avez des souvenirs net de votre succès en 1981 avec Mazda ?
Bien entendu ! J'avais déjà remporté quelques succès internationaux mais celui-ci a marqué un cap. C'était la plus grande course de voitures de tourisme au monde, c'était une grande satisfaction et cela m'a permis de devenir véritablement un professionnel. Je pilotais depuis 1970, et jusqu'à ce succès, j'ai connu des périodes de vache maigre, des volants trouvés à gauche à droite, parfois dans des conditions moyennes. Ce succès m'a ouvert les portes... Mon coéquipier Tom Walkinshaw m'a accueilli pleinement dans son équipe et m'a donné un statut professionnel.
Tom Walkinshaw était un sacré bonhomme, et comme vous il ne semblait pas vouloir se contenter du pilotage...
Tout à fait, et je pense qu'être un ancien pilote apporte une certaine vision, une certaine connaissance du milieu pour diriger une équipe. Je pense que cela aide aussi à choisir les bonnes personnes pour constituer une équipe.