A l'occasion de la diffusion du documentaire "Romain Grosjean : Road Trip", sur la nouvelle carrière en IndyCar de l'ex-pilote de F1, nous nous sommes entretenus avec Antoine Arlot qui nous explique la genèse de ce reportage.
Diffusé ce dimanche 24 octobre à 19h00 sur CANAL+DÉCALÉ et réalisé par Antoine Arlot, ce documentaire d'une quarantaine de minutes retrace les premiers pas de Romain Grosjean dans le paddock de l'IndyCar Series et l'accompagne tout au long de sa saison 2021.
Romain Grosjean, adopté par les fans américains
C'était une évidence de faire ce documentaire sur la première saison de Romain en IndyCar ?
L'idée est venue de Thomas Sénécal (directeur adjoint de la rédaction des sports de Canal+), et c'était logique de faire ça après le précédent documentaire consacré à son terrible accident. En quelque sorte c'est la deuxième partie, on l'a suivi toute sa saison 2021 dans sa nouvelle vie de pilote, et on voit que c'est un autre homme, sa carrière de pilote ne s'est pas arrêtée et il vit désormais des moments assez incroyables.
Quelles ont été les premières impressions de Romain Grosjean dans le paddock ?
Les premiers mots de Romain, qu'il dit dans le documentaire et c'est assez frappant, c'est qu'il se demandait comment aller se passer ses premiers tours de roues. Et dans le cas où ça ne se déroulait pas comme il le voulait, il pouvait abandonner et rentrer chez lui. C'était assez tranché comme avis, ce sont des mots qu'il m'a dits et qui m'ont marqué.
Il fait une première bonne qualif à Barber, ça l'a aidé dans la suite de son apprentissage en IndyCar ?
Oui, clairement, je pense que c'est un déclencheur ! Dès la fin des qualifications, son ingénieur Olivier Boisson sait qu'on va parler d'eux et qu'ils ont réussi à faire quelque chose de bien pour leur première séance de qualifications et qu'ils se sont fait remarquer. Il est arrivé dans le paddock avec beaucoup d'incertitudes, et finalement il s'est rassuré et c'était la meilleure façon de débuter sa saison.
Il a marqué les esprits ce jour-là, mais lui aussi a compris quelque chose. Ensuite, sa première course s'est bien déroulée et il termine dans le Top 10, un premier bon résultat. Ce jour-là, toute la pression qu'il avait s'est envolée, il le dit dans le documentaire qu'au moment du départ, il a un peu pleuré d'émotions. Et à partir de là, il savait qu'il avait fait le bon choix.
Sa première pole à Indianapolis et son premier podium, ça signifiait déjà que sa saison était réussie ?
Oui, car pour lui c'est son meilleur souvenir de la saison, c'est sa pole position à Indianapolis. C'est seulement son troisième meeting de course, avec une équipe qui n'avait plus décrochée une pole position depuis 2018.
La pole position c'est quelque chose qui lui avait échappé dans sa carrière en F1, c'était donc un moment très fort, toute l'équipe est derrière lui pour le pousser, beaucoup de pilotes du paddock sont venus le féliciter, c'est quelque chose que l'on voit moins en F1. C'est le moment le plus fort de sa saison, c'est lui qui le dit, il réussit à le faire dès sa troisième course. Et c'est plus fort que tous ses autres podiums, c'est vraiment une consécration.
Il a relevé deux défis en 2021, s'acclimater à rouler en IndyCar et faire son premier ovale, comment s'est-il convaincu ?
Romain a toujours eu un mental très fort, mais on avait du mal à le percevoir pendant ses dernières années en F1, forcément. La voiture n'était pas évidente à piloter, les bons résultats n'étaient plus là, c'était compliqué de percevoir cela. Son image a un peu souffert en F1, mais l'IndyCar lui a donné un nouvel élan.
Sa participation pour son premier ovale, c'était devenu une évidence alors qu'il recevait pleins de messages des pilotes du paddock, et c'est Marion qui le raconte dans le documentaire. Tous les pilotes l'ont sollicité de venir faire les ovales, et il a fini par demander à Dale Coyne de rouler à Gateway ! Et c'est là qu'on voit que Romain s'est bien intégré à la discipline, à ce moment-là il ne pensait plus à l'accident, les craintes s'étaient dissipées, sinon, il ne l'aurait jamais fait.
On voit une popularité incroyable pour Romain aux USA, il est parvenu à être le pilote qu'il voulait être ?
C'est incroyable de voir sa popularité aux USA, les fans l'ont accepté au début en tant que phénix, celui qui avait survécu comme un héros à ce terrible accident. Ensuite, au fil de sa saison, sa popularité s'est renforcée grâce à ses résultats. C'est lui qui est allé conquérir le cœur des fans de l'IndyCar Series.
Mais cette popularité, ça lui donne des forces également. Et dans le documentaire, il le dit que cette nouvelle proximité avec les fans, c'est quelque chose qu'il aime et la discipline permet cela aussi, plus que la F1, c'est certain.
Dans le bilan de saison, ses bonnes performances en IndyCar rachètent-elles ses années difficiles en F1 ?
C'est comme une nouvelle vie pour lui, mais d'ailleurs il le résume bien dans le documentaire, son accident à Bahreïn c'est du positif finalement. Il est plus heureux aujourd'hui, c'est assez clair, moins d'un an après son accident, il continue sa carrière de pilote, même en dehors de la sphère F1 ce qui est très compliqué, car on quitte un peu l'élite. Mais il a découvert qu'une carrière sportive existe après la F1 et d'ailleurs il n'exprime pas l'envie d'y revenir.
La suite se passera chez Andretti, n'y a-t-il pas une nouvelle pression ?
L'apprentissage est désormais terminé avec sa petite équipe Dale Coyne Racing et il a signé chez Andretti Autosport, l'une des plus prestigieuses écuries en IndyCar Series, il y a aura donc de nouveaux défis. Il va y avoir l'enjeu sportif, c'est d'être un prétendant au titre, c'est certain, il participera à toutes les courses de la saison. Sera-t-il déjà un candidat au titre l'an prochain, on le verra, mais il disposera d'une des meilleures structures pour le faire, ce qui ne lui était pas tellement arrivé en F1.
L'autre enjeu sera dans la continuité de ses bonnes performances vues cette saison. Son intégration a été presque facile ou aidée par l'équipe, car Dale Coyne Racing c'est une petite structure, mais ils ont vraiment ouvert toutes les portes, il n'y avait pas beaucoup de sollicitations avec les attachés de presse, c'était facile de travailler avec eux.
Même si la structure Andretti est plus grande et qu'il sera plus sollicité, je ne pense pas que Romain se mettre une si grande pression. Il n'a plus envie de se mettre une telle pression, cette année, ça s'est bien passé en étant détendu, donc il va continuer ainsi. Et puis, l'an prochain, toute la famille va s'installer aux USA, donc ce sera encore plus simple d'aborder sa saison, il y aura moins de contraintes, moins de soucis.