La "Formule 1 américaine" va voir débuter Romain Grosjean à l’occasion de la première manche organisée ce 18 avril au Barber Motorsports Park. Dans une discipline qui a déjà vibré aux exploits des Français (Sébastien Bourdais et Simon Pagenaud en tête) on peut rêver à un troisième tricolore aux avant-postes.
La reconversion de Romain Grosjean peut-elle être ponctuée de succès dès le départ ? Faut-il au contraire s’attendre à un apprentissage long ? Voici notre réflexion commune avec Geoffroy Barre, rédacteur en chef d'Endurance Magazine.
Romain Grosjean, nouveau départ en IndyCar
Pour la saison 2021 d’Indycar, la discipline accueille trois débutants à temps plein : Scott McLaughlin (Team Penske), Jimmie Johnson (Chip Ganassi Racing) et Romain Grosjean (Dale Coyne Racing w/Rick Ware Racing).
Chacun sera à la recherche d’un nouveau défi : Scott McLaughlin veut élargir son champ d’action et voir plus loin que le Supercars. Jimmie Johnson, 45 ans, commence peut-être à être lassé par 18 saisons en NASCAR (et 7 titres). Quant à Romain Grosjean, sa situation est particulière.
À 34 ans, il compte 179 Grands Prix de Formule 1 disputés entre 2009 et 2020. De ce passage dans la discipline marquée par 10 podiums, on retient aussi et malheureusement l’effroyable sortie de piste à Bahreïn à la fin de la saison 2020. En percutant le rail du circuit de Sakhir peu après le départ, il mettait fin à sa carrière dans la discipline reine de la monoplace…
Mais après 28 secondes d’un suspense terrible après que sa voiture se soit encastrée dans le rail, il sortait, vivant. Commençait alors une nouvelle vie. Une renaissance ? C’est bien ce que vient chercher le français outre-Atlantique. Dans une discipline qu’il avoue peu connaître, il veut se réinventer. Comme il a pu le faire au travers d’un court passage en endurance en 2010, avant de revenir vers la F1.
La première saison, l’occasion de briller
Comment s’est déroulée la toute première saison de Simon Pagenaud en IndyCar ? Avant de remporter la 103e édition des 500 Miles d'Indianapolis en 2019, le natif de Montmorillon a débuté en 2012 au sein de l’équipe Sam Schmidt Motorsports.
Ses résultats ? Impressionnants ! 6e lors de sa première course à Saint-Pétersbourg, 5e en Alabama et même 2e à Long Beach, son entrée dans la discipline a été remarquée. Dans la saison, il allait ensuite réaliser trois podiums à Détroit, Mid-Ohio et Baltimore. Au final, 5e au classement général, il était alors reconnu meilleur Rookie.
Quatre fois champion en ChampCar (de 2004 à 2007), Sébastien Bourdais a basculé en 2008 et 2009 en Formule 1 et en Endurance. Lorsqu’il est revenu à plein temps aux États-Unis, le ChampCar avait alors été absorbé par l’IndyCar. Ses véritables débuts dans la discipline (si l’on met de côté les 500 Miles d’Indianapolis en 2005) remontent donc à la saison 2011.
Il roulait alors pour Dale Coyne Racing, comme Romain Grosjean ! Sa saison fut anonyme. Sur les 10 courses disputées (sur les circuits routiers) il cumule 188 points mais termine à la 23e place du classement général. Il obtint un meilleur tour en course mais ne se hissa jamais sur le podium. Il est tout de même parvenu à cumuler à quatre reprises une 6e place. Cette saison-là, le titre de Rookie de l’année revenait à James Hinchcliffe (12e).
Un autre français récent vainqueur des 12 Heures de Sebring (2021), Tristan Vautier, avait réalisé en 2013 une première saison compliquée en se hissant à la 20e place, sans jamais rentrer dans le top 10.
Mais au-delà de nos français (à qui on aime comparer Romain Grosjean) comment se classent généralement les nouveaux venus dans la discipline ? Lors de la saison 2020, Rinus Veekay a terminé au 14e rang, sa meilleure position étant une troisième place.
En 2019, Felix Rosenqvist terminait sixième de la saison, réalisant dès sa première course une 4e place en ayant mené. En 2018, Robert Wickens était 11e (avec quatre podiums), mieux que Ed Jones, 14e en 2017 avec un seul podium.
Gagner dès la première saison dans une nouvelle discipline comme l’IndyCar, mission impossible ? Non ! En 2016, Alexander Rossi alors rookie avait remporté la manche mythique des 500 Miles d’Indianapolis… Comme Helio Castroneves en 2001. Mais Romain Grosjean ne vas pas se frotter au Brickyard. Pas encore.
Alors, qu’attendre ? Viser la victoire semble impossible dès 2021. Un podium ? Avec une confiance qui va progressivement se reconstruire, une rage de retrouver le haut de la grille et de réelles qualités techniques (souvent ignorées de ceux qui ont la critique facile), Romain Grosjean pourrait nous apporter de belles surprises. On mise sur un podium, au minimum, avant une montée en puissance en 2022.
Rédigé par Geoffroy Barre (Endurance Magazine)